Des chercheurs de l’Université de Tel Aviv ont découvert que les triathlètes ressentaient moins la douleur que le reste des mortels !
Les triathlètes participent à des sports d’endurance épuisants : natation, cyclisme et course à pieds sur des longues distances sans repos. Pendant l’entrainement et en compétition, ils poussent régulièrement leurs corps au-delà de limites que la plupart d’entre nous ne pourrions pas endurer. Mais alors qu’il n’y a aucun doute que les triathlètes sont résistants, on en sait très peu sur ce qui leur donne ces exceptionnelles capacités.
Des chercheurs ont découvert une possible explication. Le Professeur Ruth Defrin et ses collègues ont découvert que les triathlètes ressentaient moins la douleur que les sportifs occasionnels. Ils ont publié l’objet de leurs recherches dans le journal Pain [1]
“Dans le cadre de notre étude, des triathlètes ont évalué la douleur plus faiblement en intensité, ils l’ont tolérée plus longtemps et l’inhibaient mieux que des individus dans un groupe de contrôle” explique la chercheuse. “Nous pensons que des facteurs à la fois physiologiques et psychologiques sont à la base de ces différences, et qu’ils permettent d’expliquer pourquoi les triathlètes sont capables de performer à un niveau si élevé”.
L’esprit sur la matière
Dix-neuf triathlètes et 17 non athlètes ont participé à l’étude de l’Université. Les triathlètes étaient des sportifs qui s’entrainaient et faisaient des compétitions de triathlon depuis au moins deux ans – y compris pour certains d’entre eux l’Ironman, qui consiste en 3,86 km de natation, 180,25 km de vélo et 42,2 km de course à pieds. Les non-athlètes étaient des personnes qui faisaient du jogging, de la natation ou de l’endurance mais pas de compétitions.
Tous les participants sont passés par une batterie de tests psychophysiques sur la douleur, comprenant l’application d’appareils dégageant de la chaleur sur un bras et l’immersion de l’autre bas dans un bain d’eau glacé. Ils ont aussi complété des questionnaires sur leurs attitudes face à la douleur.
Dans les tests, les triathlètes identifiaient la douleur aussi bien que les non-athlètes, mais ils la percevaient comme moins intense et ils étaient capables de résister plus longtemps. Les chercheurs expliquent que la détection de la douleur est une expérience sensorielle relativement simple, tandis que le fait d’évaluer la douleur et d’être en mesure de l’endurer implique une attitude, de la motivation et de l’expérience. Les triathlètes rapportent avoir moins peur de la douleur et moins s’en inquiéter, ce qui pourrait expliquer leur plus forte tolérance, expliquent les chercheurs.
Les triathlètes ont aussi montré une meilleur aptitude à inhiber la douleur que les non-athlètes, telle que mesurée par la modulation de la douleur conditionnée, le degré auquel le corps atténue une douleur en réaction à une autre. Les chercheurs disent que la psychologie peut aussi être un facteur clé. Les triathlètes qui ont moins peur de la douleur tendent à afficher une meilleure régulation de la douleur. Des études préalables ont aussi trouvé que la manipulation psychologique peut modifier la perception de la douleur.
L’oeuf ou la poule ?
Une autre explication pour les évaluations plus faibles de la douleur chez les triathlètes, pour leur tolérance plus importante de la douleur et pour leur meilleure régulation est qu’ils ont appris à leurs corps à répondre efficacement aux stimuli douloureux grâce à leur entrainement intense. Les chercheurs déclarent que leur recherche, ainsi que d’autres déjà existantes, suggèrent que la psychologie et la physiologie ensembles permettent aux triathlètes de faire ce qu’ils font.
“Il est très difficile de séparer la physiologie de la psychologie” dit le Professeur Defrin. “Mais en général, l’expérience est la somme de ces facteurs”.
Les chercheurs vont faire d’autres recherches pour déterminer si les triathlètes font ce sport parce qu’ils ressentent moins de douleur ou s’ils ressentent moins de douleur parce qu’ils font ce sport. S’il s’avère qu’un entrainement intense aide en fait à diminuer et à réguler la douleur, cela pourrait être utilisé pour traiter des personnes souffrant de douleur chronique. Comme les triathlètes, les patients avec des douleurs chroniques souffrent quotidiennement, mais leur douleur est hors de leur contrôle et a l’effet opposé, ce qui affaiblit leur inhibition de la douleur au lieu de la renforcer.
Références :
[1] Enhanced pain modulation among triathletes : A possible explanation for their exceptional capabilities. PAIN, Vol. 154, Issue 11, Pages 2317-2323.