Une étude suggère que les performances sont à leur apogée entre 20 et 30 ans, puis déclinent irréversiblement. Geoffroy Berthelot et Stephane Len, tous deux chercheurs à l’IRMES (Institut de Recherche bioMédicale et d’Epidemiologie du Sport à l’INSEP, Paris), ont publié leurs résultats dans le journal Age [1] qui décrit l’évolution des performances chez les athlètes d’élite et les maitres aux échecs. Cet article est en phase avec les approches épidémiologiques développées en laboratoire, et suggère que les changements des performances individuelles sont reliés à des lois physiologiques qui structurent le monde vivant.
Les paramètres physiologiques qui caractérisent les aptitudes humaines (mobilité, reproduction ou la capacité à réaliser des tâches) évoluent à travers le cycle de la vie. Les aptitudes physiques et intellectuelles suivent le même mode, commençant au moment de la conception : la performance de chaque individu est limitée à la naissance, puis augmente jusqu’à son apogée avant de décliner jusqu’à la mort.
Munis de ces résultats, les deux chercheurs ont modélisé les carrières de plus de 2000 athlètes (à partir d’un panel de 25 disciplines olympiques) et de maitres aux échecs. Ils ont démontré une simple relation entre les changements des performances et l’âge des individus.
Les résultats de cette étude valident un modèle précédemment publié par Moore : l’évolution des performances d’un individu pendant sa vie suit une courbe de croissance exponentielle jusqu’à un maximum, avant de décliner irréversiblement, puis vient ensuite une autre courbe exponentielle négative. Ce pic est atteint à l’âge de 26,1 ans pour les disciplines étudiées : athlétiques (26 ans), natation (21 ans) et échecs (31,4 ans).
Pour chaque ensemble de données, la courbe d’évolution est représentative dans un rayon de 91,7% de la variance au niveau individuel et de 98,5% de la variance en termes d’événements sportifs. En outre, ces cycles sont observables dans d’autres paramètres physiologiques comme le développement de la fonction pulmonaire ou les aptitudes cognitives, mais aussi au niveau des cellules, organismes et populations, reflétant les propriétés fractales d’une telle loi.
Cette étude suggère que les changements techniques, la consommation d’énergie et le développement influencent fortement la performance des individus. Celles-ci ont significativement augmenté durant le siècle dernier comparées aux valeurs de nos jours. De façon ultime, la modélisation des changements de la performance avec l’âge peut être élargie à tous les individus et conduit à une estimation de l’espérance de vie.
D’autres recherches préciseront ces modèles descriptifs, et les appliqueront à d’autres domaines de l’activité humaine (scientifique, économique, écologique…), et testeront leur fiabilité, ce qui pourrait aider à évaluer les relations entre l’homme et son environnement.
Références :
[1] Berthelot G, Len S et al (2011). Exponential growth combined with exponential decline explains lifetime performance evolution in individual and human species. Age.