Les activités statiques comme la musculation semblent être plus bénéfiques.

Alors qu’on sait que l’activité physique est importante pour la santé du cœur, aucune recherche ni recommandation n’avait fait la différence entre les bénéfices des différents types d’activité physique. Or, une étude présentée lors de la conférence de l’American College of Cardiology à Lima en 2018 a montré que tandis que toute activité physique est bénéfique, les activités statiques, comme la musculation, étaient plus solidement associées à une réduction des risques de maladies cardiovasculaires que des activités dynamiques telles que la marche ou le cyclisme.

“La musculation comme les activités d’endurance sont bonnes pour le cœur, même en petites quantités, au niveau de la population,” explique le Dr Maia P. Smith, épidémiologiste statistiques à l’Université de Grenade. “Les cliniciens devraient conseiller à leurs patients de faire de l’exercice quel qu’il soit – les deux types d’activité sont bénéfiques. Cependant, l’activité statique semble être plus bénéfique que la dynamique, et les patients qui faisaient les deux s’en tiraient beaucoup mieux que ceux qui augmentaient seulement l’un ou l’autre type d’activité.”

Les chercheurs ont analysé les facteurs de risque cardiovasculaires, comme la tension artérielle, le surpoids, le diabète et le cholestérol, comme fonction de l’activité dynamique et/ou statique rapportée qu’ils faisaient (de la musculation ou du cyclisme/marche) chez 4 086 adultes américains. Les chercheurs ont ajusté leurs données pour l’âge, l’ethnie, le sexe et le tabagisme et les ont classés par âge : de 21 à 44 ans ou plus de 45 ans.

Au total, 36 % des jeunes et 25 % des adultes plus âgés pratiquaient une activité statique, et 28 % des jeunes et 21 % des plus vieux faisaient une activité dynamique. Les chercheurs ont trouvé que le fait de faire l’une ou l’autre de ces activités était associé à une réduction de 30 % à 70 % des taux de facteurs de risque de maladie cardiovasculaire, mais ces associations étaient plus fortes pour l’activité statique et chez les jeunes.

“L’un des points essentiels à retenir est que les activités statiques comme dynamiques étaient aussi populaires chez les jeunes que chez les plus vieux, ce qui permet aux médecins de plus facilement conseiller à leur patients plus âgés de faire de l’activité physique,” disent les chercheurs

Les poids sont bons pour le cœur

Une heure par semaine suffit pour réduire le risque de crise cardiaque ou d’attaque de 40 % à 70 %. Le fait de passer plus d’une heure à la salle de musculation n’apporte cependant pas de bénéfices supplémentaires d’après les chercheurs de l’Université de l’Iowa [1]. “Nombreux sont ceux qui croient qu’il faut passer des heures à soulever des poids, alors que deux séries de développé-couché peuvent être efficaces,” expliquent les chercheurs.

Les résultats ont montré que les bénéfices d’un entrainement de musculation sont indépendants de ceux de la course à pieds, de la marche ou des autres activités d’endurance. En d’autres termes, vous n’avez pas besoin de respecter les recommandations concernant l’activité physique d’endurance pour réduire vos risques, l’entrainement de musculation seul suffit.

Les chercheurs ont analysé les données de presque 13 000 adultes provenant d’une étude intitulée Aerobics Center Longitudinal Study. Ils ont mesuré trois résultats sur la santé : les événements cardiovasculaires tels que crises cardiaques et attaques n’ayant pas causé de décès, tous les événements cardiovasculaires y compris le décès et tous les types de décès. Les chercheurs déclarent que l’exercice de musculation réduisait le risque pour les trois.

“Ces résultats sont encourageants, mais est-ce que les gens vont incorporer des entrainements de musculation dans leur emploi du temps et leur style de vie ? Vont-il le faire et s’y tenir ? C’est la question à cent balles !” disent-ils.

Les freins

Les chercheurs ont reconnu que contrairement à l’activité d’endurance, les exercices de musculation ne sont pas aussi faciles à incorporer dans notre vie quotidienne. Ils ajoutent que les gens peuvent bouger davantage en marchant ou en faisant du vélo pour aller au bureau ou prendre les escaliers, mais il y a peu d’activités associées au port de charges et de poids. Et tandis qu’on peut avoir un tapis de course ou un vélo stationnaire à la maison, nous avons moins facilement accès à tout un ensemble de machines de musculation.

Pour toutes ces raisons, les auteurs de l’étude reconnaissent qu’un abonnement dans une salle peut être bénéfique. Non seulement elles offrent plus d’options pour faire différents exercices de musculation, mais des études précédentes ont trouvé que les personnes qui paient un abonnement en salle font plus d’exercice (théorie de l’engagement). Mais bien que cette étude se soit focalisé sur l’utilisation de poids libres et de machines, les auteurs disent que les gens profiteront aussi d’autres formes d’exercices de musculation ou de toute activité qui renforcent les muscles.

“Le fait de porter tout poids qui augmente la résistance sur les muscles est bénéfique,” dit Lee. “Mes muscles ne font pas la différence si je creuse dans le jardin, si je porte de lourds sacs de courses ou si je porte un haltère.”

Les autres bénéfices de la musculation

La plupart de la recherche sur la musculation s’est concentrée sur la santé des os, sur le fonctionnement physique et la qualité de la vie chez les personnes âgées. Quand il s’agit de réduire le risque de maladie cardiovasculaire, la plupart des gens pense à courir ou à faire d’autres activités d’endurance. Mais les chercheurs disent que le fait de soulever des poids, de faire des séries, est aussi bon pour le cœur, et qu’il y a d’autres bénéfices.

En utilisant le même ensemble de données scientifiques, les chercheurs ont analysé les relations entre la musculation et le diabète tout comme l’hypercholestérolémie, ou le cholestérol trop élevé. Les deux études, publiées dans les Mayo Clinic Proceedings [2] [3], ont trouvé que les entrainements de musculation diminuaient ces deux risques.

Moins d’une heure d’entrainement de musculation par semaine (comparé à pas d’entrainement du tout) était associé à une baisse de 29 % du risque de développer un syndrome métabolique, qui augmente le risque de maladie de cœur, d’attaque et de diabète. Le risque d’hypercholestérolémie était plus faible de 32 %. Les résultats des deux études étaient indépendants des exercices d’endurance.

“Le muscle est la centrale énergétique pour brûler des calories. Le fait de construire du muscle aide à faire bouger les articulations et les os, mais il y a aussi d’autres bénéfices métaboliques. Je ne pense pas qu’on l’ait bien compris,” dit l’auteur de la recherche. “Si vous construisez du muscle, même si vous n’être pas très actif du point de vue de l’endurance, vous brûlez plus d’énergie parce que vous avez plus de muscle. Ceci aide aussi à prévenir l’obésité et apporte des bénéfices à long terme à la santé.”

Références :

[1] Yanghui Liu, Duck-chul Lee, Yehua Li, Weicheng Zhu, Riquan Zhang, Xuemei Sui, Carl J. Lavie, Steven N. Blair. Associations of Resistance Exercise with Cardiovascular Disease Morbidity and Mortality. Medicine & Science in Sports & Exercise, 2018 ; 1.

[2] Association of Resistance Exercise With the Incidence of Hypercholesterolemia in Men, 2018, Volume 93, Issue 4, Pages 419–428.

[3] Association of Resistance Exercise, Independent of and Combined With Aerobic Exercise, With the Incidence of Metabolic Syndrome, 2017, Volume 92, Issue 8, Pages 1214–1222.

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