Les enfants ont non seulement des muscles qui sont résistants à la fatigue, mais qui récupèrent aussi très rapidement après un exercice à intensité élevée, et même plus rapidement que des athlètes adultes bien entrainés. C’est ce qu’a trouvé une étude publiée dans le journal Frontiers in Physiology [1], qui a comparé l’énergie dépensée et les taux de récupération chez des jeunes garçons, des adultes non entrainés et des athlètes d’endurance. L’objectif de cette recherche était d’aider à développer le potentiel athlétique des enfants tout comme d’améliorer notre compréhension de la façon dont nos corps changent depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, y compris comment ces processus contribuent au risque de maladies comme le diabète.
“En faisant de nombreuses tâches physiques, les enfants pourraient se fatiguer plus vite que les adultes parce qu’ils ont une capacité cardiovasculaire plus limitée, qu’ils tendent à adopter des types de mouvements moins efficaces et qu’ils ont besoin de faire plus de pas pour couvrir une distance donnée. Notre recherche montre que les enfants ont dépassé certaines de ces limites par le développement de muscles résistant à la fatigue et la capacité à récupérer très rapidement d’un exercice de forte intensité, expliquent les chercheurs.
Des recherches passées avaient montré que les enfants ne se fatiguaient pas aussi vite que des adultes non entrainés pendant des tâches physiques. Les chercheurs suggèrent que les profiles énergétiques des enfants pourraient être comparables à ceux d’athlètes d’endurance, mais il n’y avait pas de preuves pour le démontrer jusqu’à ce jour. Ils ont demandé à trois groupes différents, des garçons de 8 à 12 ans et des adultes de deux niveaux de condition physique différents, de faire du vélo. Les garçons et les adultes non entrainés ne faisaient pas régulièrement d’activité physique vigoureuse. Le dernier groupe au contraire, composé d’athlètes d’endurance entrainés, étaient des compétiteurs de niveau national qui faisaient des courses longue distance ou du vélo.
Chaque groupe a été évalué sur les différents moyens de production d’énergie par le corps. Le premier, aérobie, utilise l’oxygène du sang. Le second, anaérobie, n’utilise pas l’oxygène et produit des acidoses et du lactate (souvent connu sous le terme incorrect d’”acide lactique”), qui peut être cause de fatigue musculaire. Le rythme cardiaque des participants, leurs niveaux d’oxygène et les taux de retrait du lactate ont été évalués après les épreuves de vélo pour voir à quelle vitesse ils récupéraient.
Dans tous les tests, les enfants faisaient mieux que les adultes non entrainés.
“Nous avons trouvé que les enfants utilisent plus leur métabolisme aérobique et étaient de ce fait moins fatigués pendant les activités physiques de forte intensité,” disent les chercheurs. “Ils récupèrent aussi très vite, même plus vite que des adultes bien entrainés qui sont des athlètes d’endurance, comme démontré par leur récupération plus rapide du rythme cardiaque et leur capacité à éliminer le lactate du sang. Ceci pourrait expliquer pourquoi les enfants semblent avoir la capacité de jouer, jouer et jouer encore plus longtemps après que les adultes soient fatigués.
Les scientifiques expliquent la signification de leurs autres découvertes. “De nombreux parents demandent quel est le meilleur moyen de développer le potentiel athlétique de leur enfant. Notre étude montre que l’endurance musculaire est souvent très bonne chez les enfants, ainsi il pourrait être plus efficace de se focaliser sur d’autres domaines de la condition physique comme la technique sportive, la vitesse du sprint ou la force musculaire. Ceci pourrait aider à optimiser l’entrainement physique chez les enfants, pour qu’ainsi ils y arrivent mieux et s’éclatent plus dans leurs sports.”
“Avec l’augmentation des maladies associées à l’inactivité physique, il est utile de comprendre les changements physiologiques associés à la croissance qui pourraient contribuer au risque de maladie. Notre recherche indique que la condition physique aérobique, au moins au niveau musculaire, diminue de façon importante quand les enfants passent à l’âge adulte, ce qui correspond peu ou prou à l’époque où des maladies comme le diabète apparaissent.
“Il serait intéressant, dans le cadre de recherches futures, de déterminer si les changements musculaires que nous avons observés sont directement associés au risque de maladie. Au moins nos résultats pourraient motiver les praticiens afin qu’ils maintiennent la forme musculaire en même temps que les enfants grandissent, il semble que le fait d’être un enfant soit plutôt sain pour nous.”
Références :
[1] Anthony Birat, Pierre Bourdier, Enzo Piponnier, Anthony J. Blazevich, Hugo Maciejewski, Pascale Duché, Sébastien Ratel. Metabolic and Fatigue Profiles Are Comparable Between Prepubertal Children and Well-Trained Adult Endurance Athletes. Frontiers in Physiology, 2018.