Une découverte remet en question ce qui était considéré comme la démarche “typique” des coureurs pieds-nus.

Un article publié par des chercheurs de l’Université George Washington a montré que les types de foulée de course à pieds varient selon les individus qui courent pieds-nus au Kenya, cela dû à la vitesse et à d’autres facteurs tels que leurs habitudes de course à pieds et à la dureté du sol. Ces résultats vont à l’encontre de la croyance selon laquelle les personnes courant pieds-nus préfèrent un seul style de course à pieds.

L’étude de Kevin Hatala et de ses collègues, publiée dans le journal Public Library of Science [1], contredit l’idée reçue selon laquelle ceux qui courent habituellement pieds-nus frappent d’abord le sol avec l’avant de leurs pieds afin d’éviter les trop fortes forces d’impact typiquement associées au choc sur le talon. Cette idée s’est largement répandue et a été reprise par les journaux sportifs de course à pieds, et a permis d’alimenter un mouvement de coureurs pieds-nus devenu populaire chez les coureurs amateurs. Cependant, les recherches antérieures qui soutenaient cette hypothèse se limitaient à un seul type de population d’individus vivant pieds-nus.

Les chercheurs ont étudié les Daasanach, une population moderne de coureurs pieds-nus du Nord-Ouest du Kenya, pour soutenir leur théorie. Les données ont été collectées à partir de 38 adultes pendant qu’ils courraient sur une piste munis d’un tampon plantaire capteur de pression placé à mi-chemin. Les sujets ont couru à des vitesses de longue distance ou de sprint. Les données collectées confirmaient la théorie selon laquelle la frappe avec l’avant du pied sur le sol réduit la magnitude d’impact des forces sur les pieds, mais la majorité des sujets de Daasanach faisaient le choix, au lieu de cela, de frapper l’arrière du pied à des vitesses d’endurance.

“Les gens de Daasanach ont grandi sans chaussures et continuent à passer la plupart de leur vie pieds-nus” dit M. Hatala. “Nous avons été surpris de voir que la majorité des gens de Daasanach courent en atterrissant d’abord sur leur talon, et que peu atterrissent sur leur pied antérieur. Cela entre en contradiction avec l’hypothèse selon laquelle ce qui caractérise le coureur pieds-nus est qu’il frappe en premier le sol avec l’avant de son pied.

Certains individus de Daasanach ont modifié leur démarche pour frapper le sol avec l’avant du pied en premier quand ils courent plus rapidement, mais cette démarche n’était pas leur manière habituelle de courir à d’autres vitesses.

L’analyse des démarches de course à pieds chez les Daasanach n’est que la seconde étude de ce genre, et ses résultats diffèrent fortement des autres études précédentes qui ont suggéré que, quand ils courent à des vitesses d’endurance, les coureurs pieds-nus tendent habituellement à atterrir sur l’avant de leur pied plutôt que sur leurs talons.

Étant donné que les êtres humains ont été pieds-nus pendant des millions d’années pendant lesquelles nos pieds ont évolué jusqu’à leur forme actuelle, cette étude a aussi des implications concernant les hypothèses sur les démarches de course à pieds qui auraient été utilisées par nos ancêtres.

Hatala déclare que les résultats de son étude suggèrent que la vitesse de la course à pieds, à côté d’autres facteurs comme la fermeté de la surface de course, pourraient avoir influencé de la même façon la variation de la démarche de la course à pieds des premiers hommes, plutôt qu’une seule démarche préférée en toutes circonstances.

“Le défi sera d’identifier les facteurs les plus importants qui influencent la façon dont les coureurs pieds-nus courent, et le style le plus sain pour les coureurs de nos jours” conclut Richmond, co-auteur de l’étude.

Références :

[1] Variation in Foot Strike Patterns during Running among Habitually Barefoot Populations. Kevin G. Hatala, Heather L. Dingwall, Roshna E. Wunderlich, Brian G. Richmond. PLoS ONE, 2013.

A lire également