Est-ce que le fait de travailler assis ou d’être assis devant la télévision annule certains des bénéfices d’un entrainement régulier ?
De nouveaux détails sont apparus en provenance d’une étude sur des marathoniens et le temps passé assis. L’étude [1] avait montré que les participants au marathon et semi-marathon d’Austin aux États-Unis s’entrainaient respectivement environ 65 et 50 kilomètres par semaine pour leur courses. Ce qui en fait évidemment l’une des catégories d’adultes les plus actifs. Mais l’étude a aussi montré qu’ils restaient beaucoup assis : parfois près de 12 heures par jour.
Certains chercheurs avaient même commencé à utiliser le terme plutôt paradoxal de “sédentaires actifs” pour les décrire. “Étant donné la composition démographique des coureurs de marathon, nous n’avons pas été très surpris du temps important qu’ils passaient assis” explique le co-auteur de l’étude, le Dr Geoffrey Whitfield. “Car ce sont souvent des professionnels qui travaillent dans un bureau.”
Bien entendu, il est tout de même préférable d’être un sédentaire actif plutôt qu’un sédentaire tout court, mais ce n’est pas l’idéal. D’autres études ont montré [2] que le temps passé assis était un indicateur indépendant pour le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires ainsi que pour la plupart des autres “maladies consécutives au style de vie”. En d’autres termes, le fait d’être trop assis peut annuler certains des bénéfices de l’exercice physique.
L’étude d’Austin a analysé les habitudes en semaine et le week-end de 79 marathoniens et 139 semi-marathoniens. Ils étaient âgés en moyenne de 35 ans, et étaient constitués d’un peu plus des deux-tiers par des femmes. À en juger d’après leur indice de masse corporelle moyen, qui est autour de 23, il s’agissait d’un groupe mince et svelte.
Les coureurs ont répondu à un questionnaire sur leur temps passé assis deux semaines avant le marathon. Dans ce questionnaire, ils ont estimé qu’ils finiraient le marathon en 4h30 environ, ou le semi-marathon en 2h15. Ils ont aussi donné des renseignements sur leurs activités sédentaires, comme leur travail assis, le temps passé devant la télévision, le temps passé à parler, lire, etc.
Les activités principales ont affiché de grandes différences entre les heures travaillées et non travaillées. Pendant la semaine, les coureurs dormaient sept heures par nuit, et rapportaient un temps passé assis de 11,4 heures. Quand ils ne travaillaient pas, ils dormaient une heure de plus, et passaient environ 8h30 assis.
Il n’y avait pas de lien entre le temps d’entrainement et le temps passé assis. C’est-à-dire que les marathoniens qui s’entrainaient plus ne restaient pas plus, ni moins, assis que ceux qui s’entrainaient moins. “Nos résultats montrent que les comportements sédentaires ne déplacent pas l’intensité des activités de modérées à vigoureuses, disent les auteurs. “Les deux coexistent à des niveaux élevés dans cet échantillon.”
Les auteurs pensent que même si leur article a étudié le temps passé assis chez les athlètes d’endurance parmi les plus actifs, il reste à déterminer s’il existe véritablement une quantité d’exercice d’endurance hebdomadaire qui annulerait les effets négatifs du temps passé assis.
“Étant donné l’état de la science à ce jour, nous ne pouvons pas dire aux marathoniens de moins s’assoir, surtout après un dur entrainement” explique Whitfield. “Certaines recherches récentes [3] montrent que les associations entre un comportement sédentaire et plusieurs des facteurs de risques cardiovasculaires disparaissent après avoir pris en compte l’activité physique totale”.
Références :
[1] Sedentary and active : self-reported sitting time among marathon and half-marathon participants. Whitfield G, Pettee Gabriel KK, Kohl HW 3rd . J Phys Act Health. 2014 Jan ;11(1):165-72. doi : 10.1123/jpah.2011-0420. 2013.
[2] Sitting time and mortality from all causes, cardiovascular disease, and cancer. Katzmarzyk PT, Church TS, Craig CL, Bouchard C . Med Sci Sports Exerc. 2009 May ;41(5):998-1005. doi : 10.1249/MSS.0b013e3181930355.
[3] Reconsidering the sedentary behaviour paradigm. Maher C, Olds T, Mire E, Katzmarzyk PT. PLoS One. 2014 Jan 15 ;9(1):e86403. doi : 10.1371/journal.pone.0086403. eCollection 2014.