Dans la première étude à démontrer une association clairement positive entre la forme physique des adolescents et les performances cognitives adultes [1], Nancy Pedersen, de l’Université de Californie du Sud et ses collègues de Suède, ont découvert qu’une meilleure santé cardiovasculaire chez les garçons adolescents était corrélée avec des scores plus élevés dans tout un ensemble de tests d’intelligence, et avec une éducation et des revenus plus élevés plus tard dans la vie.
“Pendant le début de l’adolescence et l’âge adulte, le système nerveux central affiche une plasticité considérable” dit Pedersen, chercheuse et professeure de psychologie. “Pourtant, les effets de l’exercice sur la cognition demeurent faiblement compris.”
Pedersen et Maria Aberg de l’Université de Gothenburg et leur équipe de recherche, ont étudié les données provenant de 1,2 million d’hommes suédois nés entre 1950 et 1976 qui avaient fait leur service militaire à l’âge de 18 ans.
Dans chaque mesure du fonctionnement cognitif qu’ils ont analysée, depuis l’aptitude verbale à la performance logique, en passant par la perception géométrique et les capacités mécaniques, la moyenne des scores des tests augmentait en fonction de la forme physique.
Cependant, les chercheurs ont découvert que les scores sur l’intelligence n’augmentaient pas avec la force musculaire.
“Les associations positives avec les scores d’intelligence se limitaient à la forme cardiovasculaire, et non pas à la force musculaire” explique Pedersen. “Ce qui supporte la notion que l’exercice d’endurance et aérobic améliore la cognition via le système circulatoire qui influence la plasticité du cerveau.”
Les résultats de l’étude, publiés dans le PNAS, montrent aussi l’importance d’être en bonne santé entre 15 et 18 ans quand le cerveau évolue encore.
Les garçons qui ont amélioré leur santé cardiovasculaire entre 15 et 18 ans avaient des scores d’une plus grande intelligence que ceux qui étaient moins en forme à la même période. Sur le long terme, les garçons qui étaient les plus en forme physiquement à l’âge de 18 ans étaient plus susceptibles d’aller à l’université que leur homologues moins en forme.
“Une causalité directe ne peut pas être établie. Cependant, le fait que nous ayons démontré des associations entre la cognition et la forme physique et cardiovasculaire, mais pas la force … et la prédiction longitudinale de la forme cardiovasculaire sur la réussite scolaire par la suite, parlent en faveur d’un effet cardiovasculaire sur le fonctionnement cérébral” dit Pedersen.
Dans leur échantillon, les chercheurs ont regardé 260 000 paires de vrais parents, 3000 ensembles de jumeaux et plus de 1400 ensembles de vrais jumeaux. Le fait d’avoir des parents sous la main a permis à l’équipe de recherche d’évaluer si les résultats pouvaient refléter des environnements familiaux ou des influences génétiques partagés.
Même parmi les paires de vrais jumeaux, le lien entre la santé cardiovasculaire et l’intelligence restait forts selon l’étude. Ainsi, les résultats ne sont pas le reflet d’influences génétiques sur la santé cardiovasculaire et l’intelligence. Plutôt, les résultats sur les jumeaux sont une confirmation de la probabilité qu’il y a bien une relation de cause à effet, explique Pedersen.
“Les résultats apportent une preuve scientifique pour les politiques d’éducation visant à maintenir ou à améliorer l’éducation physique durant le cursus scolaire” dit Pedersen. “L’exercice physique devrait être un instrument important des initiatives de santé publique afin d’optimiser la performance cognitive, et pour prévenir des maladies au niveau de la société.”
Références :
[1] Cardiovascular fitness is associated with cognition in young adulthood. Biological Sciences – Neuroscience. PNAS. 2009 106:20906-20911