Les individus avec une large circonférence du tour de taille apparaissent avoir un risque de décéder toutes causes plus grand sur une période de 9 années, selon un compte-rendu publié dans les Archives of Internal Medicine [1], un des journaux du JAMA/Archives.
Le fait d’avoir une large circonférence de la taille avait déjà été associé à des inflammations, à une résistance à l’insuline, au diabète de type 2, à des niveaux de cholestérol anormaux et à des maladies cardiovasculaires. Ceci pourrait venir de ce qu’un large tour de taille est fortement corrélé aux volumes de tissus adipeux présents dans les viscères, entourant les organes de l’abdomen, dont on pense qu’ils sont plus dangereux que la graisse sous la peau.
Le Dr Eric J. Jacobs et ses collègues de l’American Cancer Society ont examiné l’association entre la circonférence de la taille et le risque de décès chez 48 500 hommes et 56 343 femmes âgés de 50 ans et plus (l’âge médian étant de 69 ans pour les hommes et de 67 ans pour les femmes). Tous avaient participé à l’étude Cancer Prevention Study II Nutrition, dans laquelle ils avaient complété un questionnaire démographique, et sur leurs facteurs médicaux et comportementaux en 1992 ou 1993, et avaient fourni des informations sur leur poids et tour de taille en 1997. Les décès et leurs causes ont été suivis via l’Index National des Décès (National Death Index) jusqu’au 31 décembre 2006 ; un total de 9315 hommes et 5332 femmes sont décédés durant cette période.
Après avoir ajusté l’indice de masse corporelle (IMC) et d’autres facteurs de risque, les tours de taille les plus larges (120 centimètres ou plus chez les hommes, et 110 centimètres et plus pour les femmes) étaient associés à un risque de décès deux fois plus grand pendant la période de l’étude.
Un plus gros ventre était associé à un risque plus élevé de décès dans toutes les catégories d’IMC, y compris ceux avec un poids normal, en surpoids et obèses ; cependant, chez les femmes, l’association était plus forte pour celles de poids normal.
“La cause de l’association la plus forte entre la circonférence de la taille et la mortalité chez les femmes avec un IMC faible dans notre étude n’est pas claire” écrivent les auteurs. “Des analyses plus détaillées sur la relation entre la circonférence de la ceinture et le tissu adipeux viscéral, ou des mesures de la résistance à l’insuline dans les différentes catégories de l’IMC, pourraient identifier les raisons biologiques de ces différences potentielles dans la force de l’association entre la circonférence du ventre et la mortalité.”
Les résultats pourraient influencer le développement de futures directives contre l’obésité, suggèrent les auteurs. “Les recommandations actuellement disponibles reposent sur des éléments de preuves datant des années 1990” notent-ils. “Ces directives recommandent que la circonférence de la taille soit utilisée pour identifier les risques accrus de maladie chez les personnes en surpoids ou obèses.
Ces recommandations du NIH conseillent de perdre du poids pour tous les patients avec un IMC de 30 ou plus, mais elles ne recommandent pas de perdre du poids aux patients obèses “abdominalement”, au niveau de l’abdomen (d’un tour de taille de 88 centimètres ou plus pour les femmes, ou de 102 cm et plus pour les hommes), qui ont un IMC normal ou en surpoids, sauf s’ils ont déjà vécu deux facteurs de risque cardiovasculaires ou plus.”
Références :
[1] Jacobs et al. Waist Circumference and All-Cause Mortality in a Large US Cohort. Archives of Internal Medicine, 2010 ; 170 (15) : 1293