Les adultes les plus âgés qui ont été testés pendant la période de la journée qui est optimale pour eux (le matin) sont non seulement meilleurs sur des tâches cognitives, mais ils activent également les mêmes réseaux cérébraux qui sont responsables de l’attention et qui éliminent la distraction que les jeunes adultes.
Une étude publiée dans le journal Psychology and Aging [1] apporte des éléments de preuve solides qu’il existe des différences notables dans le fonctionnement du cerveau selon les différentes heures de la journée chez les adultes les plus âgés.
« L’heure de la journée a vraiment de l’importance quand on fait passer des tests aux personnes âgées. Ce groupe d’âge est plus concentré et plus en mesure d’ignorer les éléments de distraction le matin que l’après-midi » explique l’auteur de l’étude, le Dr John Anderson du département de psychologie de l’Université de Toronto.
« L’amélioration de leur performance cognitive dans la matinée est corrélée à une plus grande activation des aires cérébrales du contrôle de l’attention, le cortex préfrontal rostral et pariétal supérieur, tout comme chez les adultes plus jeunes ».
L’utilité et l’application de ces résultats pour les adultes les plus âgés peuvent se retrouver dans leurs activités quotidiennes. Car en effet, les adultes de cette tranche d’âge devraient essayer de programmer les tâches qui exigent des capacités intellectuelles plutôt le matin. Par exemple, tout ce qui concerne des calculs (calcul des impôts, retraite, factures, etc.) ou lorsqu’il faut passer des tests (permis de conduire), rencontrer le médecin voire apprendre une nouvelle recette de cuisine.
Dans leur étude, 16 jeunes adultes (âgés de 19 à 30 ans) et 16 adultes plus âgés (de 60 à 82 ans) ont participé à une série de tests de mémoire l’après-midi entre 13h et 17h. Les tests consistaient à étudier et à se souvenir de séries d’images et d’associations de mots flashés sur un écran d’ordinateur. Des mots non pertinents associés à certaines images et des images non pertinentes étaient aussi affichés sur l’écran comme élément de distraction. Pendant le test, les cerveaux des participants étaient scannés par IRM, ce qui permettait aux chercheurs de détecter avec une grande précision quelles aires du cerveau étaient activées. Les adultes les plus vieux étaient 10 % plus susceptibles de porter attention aux informations parasites que les adultes plus jeunes qui étaient capables de mieux se concentrer et de bloquer cette information.
Les données de l’IRM ont confirmé que les adultes les plus âgés affichaient beaucoup moins d’implication des aires cérébrales du contrôle de l’attention par rapport aux jeunes adultes. En effet, les adultes âgés qui ont été testés dans l’après-midi étaient « au ralenti » – ils affichaient des activations du mode par défaut (un ensemble d’aires du cerveau qui est activé principalement quand une personne est au repos ou ne pense à rien de particulier) ce qui indique que peut-être ils avaient les plus grandes difficultés à se concentrer. Quand un individu est totalement concentré, les activations de l’état au repos sont supprimées.
Quand les 18 adultes âgés ont été testés le matin (entre 8h30 et 10h30), ils réussissaient beaucoup mieux, d’après les mesures comportementales du contrôle inhibiteur. Ils étaient moins attentifs aux éléments de distraction que leurs semblables testés pendant les « heures creuses » de la journée, réduisant la différence de performance avec les adultes plus jeunes. Surtout, les adultes les plus vieux qui ont été testés en matinée activaient les mêmes aires cérébrales que les jeunes et réussissaient à ignorer l’information parasite. Cela montre que la période pendant laquelle les plus vieux sont testés est importante à la fois pour leur performance, mais aussi pour l’activité cérébrale activée.
« Notre recherche est cohérente avec d’autres comptes rendus scientifiques précédents qui ont montré qu’à certaines heures de la journée, les modèles d’excitation circadiens correspondent, et les adultes plus âgés sont capables de résister à la distraction ». explique le Dr Lynn Hasher.
Les résultats de cette étude sonnent comme un avertissement pour ceux qui étudient le fonctionnement intellectuel des plus âgés. « Étant donné que les adultes les plus âgés tendent à être plutôt du matin, le fait d’ignorer l’heure du jour quand on leur fait passer des tests, sur certaines tâches cognitives, pourrait produire une image imprécise des différences de fonctionnement cérébral selon les âges » concluent les chercheurs.
Références :
[1] John A. E. Anderson, Karen L. Campbell, Tarek Amer, Cheryl L. Grady, Lynn Hasher. Timing Is Everything : Age Differences in the Cognitive Control Network Are Modulated by Time of Day. Psychology and Aging, 2014.