Une recherche apporte des éléments de preuve sur le cercle vicieux qui se développe quand un individu obèse mange trop pour compenser la réduction du plaisir tiré de la nourriture.
Selon une étude d’Eric Stice et ses collègues, publiée dans le Journal of Neuroscience [1], les individus obèses ont moins de récepteurs du plaisir, et se suralimentent pour compenser.
Stice a apporté des preuves que cette suralimentation pouvait affaiblir plus encore la réponse des récepteurs du plaisir (“le réseau de récompense hypo-fonctionnant”), ce qui réduit davantage les récompenses tirées de la suralimentation.
La consommation de nourriture est associée à la libération de dopamine. Le degré de plaisir tiré de l’acte de manger est corrélé avec la quantité de dopamine libérée. Des éléments de preuve ont montré que les individus obèses avaient moins de récepteurs de dopamine dans le cerveau, comparés aux individus minces, cela suggère que les individus obèses mangent plus pour compenser ce déficit de récompense.
Les personnes avec moins de récepteurs de dopamine ont besoin de prendre plus de “substance récompense”, telles que des aliments ou des drogues, pour obtenir le même effet que d’autres ont avec une quantité moindre.
“Bien que des découvertes récentes aient suggéré que les individus obèses puissent vivre moins de plaisir quand ils mangent, et de ce fait manger plus pour compenser, cette étude montre que la suralimentation en soi amoindrit plus encore les circuits du plaisir” dit Stice. “La réponse affaiblie des circuits de récompense augmente le risque d’une future prise de poids d’une façon évolutive. Ceci pourrait expliquer pourquoi l’obésité montre typiquement un cours chronique et résiste aux traitements.”
En utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IMRf), l’équipe de scientifiques a mesuré la portée par laquelle une certaine région du cerveau (le striatum dorsal) était activée en réponse à la consommation individuelle d’une boisson au gout de milkshake au chocolat (contre une solution sans gout). Les chercheurs ont suivi les changements de l’indice de masse corporelle des participants sur six mois.
Les résultats indiquent que les participants qui ont pris du poids affichaient une activation significativement moindre en réponse à la consommation du milkshake, pendant le suivi sur six mois, comparés aux scans du début et aux femmes qui n’avaient pas pris de poids.
“C’est une nouvelle contribution à la recherche parce que, à notre connaissance, c’est la première à utiliser l’IRMf pour étudier les changements de la réponse du striatum à la consommation de nourriture en tant de fonction dans les changements de poids” dit le chercheur. “Ces résultats seront importants quand il s’agira de développer des programmes afin de prévenir et traiter l’obésité.”
Références :
[1] Weight Gain Is Associated with Reduced Striatal Response to Palatable Food. Journal of Neuroscience, Sep 2010 ; 30 : 13105 – 13109