On pensait que les personnes qui sont en “forme de pomme”, c’est-à-dire avec plus de graisse concentrée autour de leur abdomen, couraient plus de risque pour des conditions comme les maladies cardiovasculaires et le diabète que celles qui sont en “forme de poire”, i.e. les personnes qui stockent plus de graisse au niveau des fesses, des hanches et des cuisses..
Mais une recherche publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism [1] apporte des éléments de preuve selon lesquels les bénéfices protecteurs d’un corps en forme de poire pourraient bien être plus un mythe que la réalité.
L’étude a découvert que la graisse stockée dans la région des fesses, aussi connue comme étant le tissu adipeux fessier, secrète des niveaux anormaux de chémérine et d’omentine-1, des protéines qui peuvent conduire à une inflammation et à un état prédiabétique connu comme étant la résistance à l’insuline, chez les individus avec un syndrome métabolique précoce.
Le syndrome métabolique fait référence à un groupe de facteurs de risque qui surviennent ensembles, doublant le risque de maladie cardiovasculaire et augmentant le risque de diabète d’un facteur cinq. Les facteurs de risque comprennent un large tour de taille, des faibles niveaux de lipoprotéines de haute densité (HDL) ou “bon cholestérol”, une tension artérielle élevée tout comme un taux élevé de sucre dans le sang à jeun (résistance à l’insuline) et des niveaux de triglycérides élevés.
“La graisse dans l’abdomen a longtemps été considérée comme étant la plus mauvaise pour la santé, et on pensait que la graisse du fessier protégeait contre le diabète, les maladies de cœur et du syndrome métabolique” dit Ishwarlal Jialal, l’auteur principal de l’étude. “Mais notre recherche permet de réfuter le mythe selon lequel la graisse des fessiers est ’innocente’. Elle suggère aussi que les niveaux anormaux de protéines pourraient être un indicateur avancé servant à identifier les personnes à risque de développer un syndrome métabolique”.
L’équipe de recherche a donc trouvé que chez les individus avec un syndrome métabolique précoce, la graisse des fesses secrétait des niveaux élevés de chémérine et des faibles niveaux d’omentine-1, des protéines qui sont corrélées avec d’autres facteurs connus pour augmenter le risque de maladie cardiovasculaire et le diabète. Des niveaux élevés de chémérine, par exemple, étaient corrélés avec une forte tension artérielle, des niveaux élevés de protéine C-réactive (signe d’inflammation) et de triglycérides, une résistance à l’insuline et des faibles niveaux de cholestérol HDL. Des niveaux faibles d’omentine-1 avec des niveaux importants de triglycérides et de sucre dans le sang et peu de cholestérol HDL.
“Des niveaux élevés de chémérine sont corrélés avec quatre des cinq caractéristiques du syndrome métabolique et pourraient être un biomarqueur prometteur pour le syndrome métabolique” dit Jialal. “Comme c’est aussi un indicateur d’inflammation et de résistance à l’insuline, il pourrait aussi émerger comme partie d’un biomarqueur pour définir les états d’obésité à haut risque. La bonne nouvelle c’est qu’en perdant du poids, vous pouvez réduire les niveaux de chémérine en même temps que le risque de syndrome”.
Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont recruté 45 patients atteints du syndrome métabolique. Un groupe contrôle de 30 sujets qui avaient moins de deux facteurs de risque du syndrome métabolique, avec un taux de glucose et des niveaux de triglycérides normaux. Les deux groupes ont été harmonisés pour ce qui est du sexe et de l’âge.
Une analyse complète de sang, les profils lipidiques et le sucre dans le sang, la tension et des niveaux de protéine C-réactive ont été mesurés chez tous les participants. Les niveaux de quatre protéines secrétées par le tissu adipeux, la chémérine, la résistine, la visfatine et l’omentine-1, ont aussi été mesurés dans le plasma et dans des échantillons de graisse sous-cutanée provenant du tissu fessier.
Les chercheurs ont découvert que les niveaux de chémérine étaient plus importants, et que ceux d’omentine-1 diminuaient dans le plasma et la graisse des fessiers des sujets avec le syndrome métabolique comparés à ceux du groupe contrôle. Les niveaux anormaux de ces deux protéines ne dépendaient pas de l’âge, ni de l’indice de masse corporelle et de la circonférence de la taille.
Références :
[1] I. Jialal, S. Devaraj, H. Kaur, B. Adams-Huet, A. A. Bremer. Increased Chemerin and Decreased Omentin-1 in Both Adipose Tissue and Plasma in Nascent Metabolic Syndrome. Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 2013 ; DOI : 10.1210/jc.2012-3673.