Une étude sur les parieurs sportifs pathologiques a trouvé que ces derniers ne faisaient pas mieux que les amateurs. Ceci pourrait réconforter tous les parieurs sportifs qui s’imaginent que pour gagner ses paris il faut s’investir dans la connaissance d’une équipe, d’un championnat ou d’un sport en particulier.
Dans un article publié dans le journal Psychopathology [1], des chercheurs ont demandé à 165 personnes de prédire les résultats, les gagnants et les scores exacts de 16 matches de la Champions League Européenne de football. Les volontaires étaient répartis en trois groupes différents :
Les parieurs sportifs professionnels et/ou pathologiques (53 personnes), tels que diagnostiqués par le DSM-IV ;
Les parieurs amateurs (34 individus) : ceux qui suivent les matches de foot mais qui ne parient pas dessus ;
Les profanes (78 personnes) : les individus qui ne suivent pas les championnats de football et qui ont échoué à un test basique sur la connaissance du football.
Ci-dessous les résultats des trois groupes sur leur taux de réussite des paris qu’ils ont fait sur les résultats, y compris les scores :
Et ci-dessous les résultats de leur sélection des gagnants :
Comme les graphiques le montrent, il n’y a strictement aucune différence dans les taux de réussite entre les différents groupes. En fait, les chercheurs concluent que les deux parieurs de l’étude qui ont les meilleurs taux de réussite viennent du groupe des “profanes” : ils ne connaissaient rien ni au football ni aux paris. Au contraire, les joueurs compulsifs passaient tout leur temps libre à collecter et à analyser des données dont ils pensaient qu’elles leur apporteraient un avantage sur leurs paris à venir :
“Les parieurs sportifs semblent croire qu’ils sont eux-mêmes des parieurs intelligents et malins” explique l’auteur de l’étude. “Ils pensent qu’avec leur expérience et leur savoir, telles que les statistiques des joueurs, les habitudes des entraineurs, les conditions météorologiques et la capacité du stade, ils seront en mesure de mieux prédire les résultats d’un jeu que la personne moyenne”.
Cela n’indique cependant pas qu’il y ait un quelconque avantage dans l’inexpérience, précisent les scientifiques, car de nombreux autres parieurs du troisième groupe (les profanes) ont été incapables de prédire correctement un seul résultat. Mais les résultats font exploser le mythe selon lequel le fait d’avoir une bonne connaissance d’un sport, de ses intervenants et de ses règles constitue un avantage pour le parieur.
Ces résultats montrent que les parieurs sportifs agissent dans une illusion de contrôle et de puissance qui n’a aucun rapport avec les résultats réels, dit le Professeur Dannon. Ce qui peut informer les psychologues dans leur approche des parieurs pathologiques qui ont besoin d’être traités par des méthodes différentes que celles de leurs homologues accros aux casinos.
Les parieurs au casino se caractérisent plus comme étant obsessifs, parce qu’ils croient moins en eux-mêmes que les parieurs sportifs, et ils savent qu’ils perdront tôt ou tard. Mais ils parient quand même car ils sentent qu’ils en ont besoin. A contrario, les parieurs sportifs croient qu’ils peuvent contrôler les résultats. Ces deux profils d’addiction sont différents et nécessitent dans certains cas des stratégies de traitement différentes.
Références :
[1] Football gambling three arm-controlled study : gamblers, amateurs and laypersons. Huberfeld R, Gersner R, Rosenberg O, Kotler M, Dannon PN. Psychopathology. 2013 ;46(1):28-33.