Une recherche publiée dans le journal Applied and Environmental Microbiology [1] montre que les vêtements en polyester sentent plus mauvais que le coton après une séance d’exercices intensifs, car les bactéries qui causent les odeurs se développent beaucoup mieux avec le polyester.

Dans leur étude, les chercheurs ont collecté des t-shirts de 26 individus en bonne santé qui avaient réalisé une séance intensive de vélo d’une heure, et ont incubé les maillots pendant 28 heures avant de les faire inspecter par un panel de spécialistes des odeurs. Les chercheurs ont aussi étudié la taxonomie des bactéries sur les t-shirts, et sous les aisselles.

La transpiration fraichement secrétée a peu d’odeurs, parce que les acides gras à longue chaine que les aisselles secrètent sont trop gros pour être volatiles, explique l’auteur Chris Callewaert de l’Université Ghent en Belgique. Les bactéries décomposent ensuite ces derniers, tout comme les hormones et les composés soufrés, dans des tailles et molécules malodorantes.

Sur les vêtements, la bactérie qui est la principale responsable est le microcoque. On sait qu’elles ont le pouvoir enzymatique de transformer les acides gras, les hormones et les acides aminés en composés plus petits et plus volatiles, ce qui produit une mauvaise odeur caractéristique. Les staphylocoques, qui logent sur la peau et sur les textiles adjacents (ces derniers avec moins de diversité), créent une odeur corporelle normale sans odeur.

“Les microcoques sont capables de mieux se développer sur le polyester” dit Callewaert, qui étudie exactement pourquoi le polyester favorise ce développement, et pense que cela a à voir avec la nature de ses surfaces. Les corynébactéries sont les principales causes des mauvaises odeurs sous les aisselles, mais ces espèces anaérobies n’arrivent pas à se développer sur les textiles, dit-il.

L’impulsion de cette recherche souffrait bien entendu des mauvaises odeurs corporelles, explique le chercheur. “Les odeurs de transpiration sont quelque chose d’assez tabou, et leur fréquence est très sous-estimée” dit-il. “Il y a peu de choses que les gens peuvent faire eux-mêmes. Certains d’entre eux sont trop angoissés psychologiquement pour en parler aux autres, voire de sortir de chez eux de peur de ce que les autres vont penser de leurs odeurs.”

Le fait de porter des vêtements en coton réduira quelque peu le problème, dit Callewaert. Mais l’objectif ultime est de résoudre le problème de l’odeur corporelle, par exemple en transplantant des microbes depuis des parents non-odoriférants à ceux qui en sont affectés (les premiers résultats sont prometteurs dit-il.).

Plus globalement, le chercheur conseille aux gens qui ont des aisselles malodorantes d’éviter de trop utiliser d’anti-transpirants, dont il dit qu’ils peuvent favoriser l’enrichissement des corynébactéries malodorantes sous les aisselles. “C’est ce qu’on entend souvent de la part des personnes qui souffrent de mauvaises odeurs de transpiration, plus elles en utilisent et plus cela fait empirer les choses” dit-il. Mais les déodorants n’empirent pas le problème.

Références :

[1] Microbial odor profile of polyester and cotton clothes after a fitness session. Bacterial and odor profile of clothes. Chris Callewaert, Evelyn De Maeseneire, Frederiek-Maarten Kerckhof, Arne Verliefde, Tom Van de Wiele, Nico Boon. Appl. Environ. Microbiol.

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