Le débat sur la question de savoir si faire l’amour avant une compétition aide ou cause du tort à la performance athlétique tend plutôt à se noyer dans les clichés que de se voir traitée grâce aux études scientifiques. La “sagesse conventionnelle” s’articule autour du film Rocky dans lequel l’entraîneur, le têtu Mickey, déclarait à son poulain que “les femmes affaiblissent les jambes”, et donc qu’il devait s’abstenir de relations sexuelles avant un combat. Des entraîneurs ont depuis repris l’adage en le précisant quelque-peu, et affirment que ce n’est pas l’acte sexuel en soi qui ruine la performance des athlètes, mais plutôt le fait de ne pas dormir assez la nuit avant une épreuve sportive.
Si l’on regarde du côté du laboratoire où le conseil a été testé, les choix sont plus limités. Samantha McGlone et Ian Shrier de l’Université McGill n’ont trouvé que trois études pertinentes sur les prouesses du lendemain, dans une analyse de la littérature scientifique publiée dans le Clinical Journal of Sport Medicine [1] en 2000.
L’une d’elle a mesuré la force de poigne d’athlètes masculins mariés soit après qu’ils aient fait l’amour la veille, soit après au moins six nuits d’abstinence, et n’a trouvé aucune différence. Une étude similaire de l’Université du Colorado qui a étudié une large gamme d’indicateurs dont le temps de réaction, la montée d’escaliers et l’équilibre n’a pas non plus trouvé de différence notable. Finalement, un test avec des sujets sur un tapis de course, qui avaient été répartis au hasard soit dans un groupe qui pouvait avoir des relations sexuelles ou qui devait s’abstenir 12 heures avant le test, n’a trouvé aucun effet sur la puissance d’endurance ni sur deux autres variables mesurées.
Étant donné qu’un acte sexuel brûle l’équivalent en énergie d’une montée d’escaliers sur deux étages, l’absence d’effet n’est pas très surprenante. L’analyse a aussi montré certaines lacunes majeures de notre connaissance dans ce domaine. Par exemple, les études n’ont été réalisées que sur des hommes, la question de savoir si les femmes seront aussi affaiblies ne semble pas avoir été traitée dans la littérature scientifique. Et ces lacunes n’ont pas encore été comblées.
Cependant, les changements physiologiques ne constituent pas l’unique partie de l’équation. Le sexe modifie sans aucun doute l’humeur, et change des caractéristiques comme l’agressivité qui peuvent influencer la performance. Mais les psychologues du sport pensent que l’état mental optimal est quelque-chose de très personnel. Certains athlètes ont besoin d’être mentalement motivés, tandis que d’autres ont besoin de calme pour pouvoir être à leur avantage.
Cela signifie qu’il est peu probable qu’il y ait une réponse définitive qui puisse s’appliquer à tout le monde. Mais le meilleur conseil à donner aux sportifs qui s’apprêtent à réaliser une compétition de la plus haute importance est surtout de ne rien changer à leurs habitudes la veille de l’épreuve, de respecter leurs routines sportives et autres, et d’avoir une bonne nuit de sommeil.
Références :
[1] S. McGlone, I. Shrier, Does sex the night before the competition decrease performance ? Clinical Journal of Sport Medicine, 2001, 10(4), 233-234.