Pourquoi il faut construire du muscle pour rester en bonne santé quand on vieillit.
Un article de recherche publié par un chercheur de l’Université de Burmingham, Michael McLeod et ses collègues, dans le journal Biogerontology [1], a mis en évidence l’importance d’avoir une bonne masse musculaire et de la force pour vieillir en bonne santé et pour être en meilleure condition physique à l’âge de la retraite, et pas seulement pour des considérations purement esthétiques.
L’article de ce chercheur parle notamment de la sarcopénie, qui désigne la perte de muscle avec l’âge, à 80 ans la plupart des gens perd environ 30 % de masse musculaire. Cela peut avoir de graves conséquences non seulement sur la mobilité, mais aussi pour la santé métabolique et la santé en général.
L’article évoque plusieurs points intéressants, notamment les besoins en protéines. Il existe un débat sur la quantité de protéines qui est réellement nécessaire pour conserver une santé musculaire optimale, avec un consensus qui va en direction de “plus que les recommandations minimum actuelles, mais moins que ce que les adeptes des salles de musculation disent.”
Les éléments de preuve montrent cependant que les personnes âgées ont besoin de beaucoup plus de protéines que les individus plus jeunes pour stimuler le même niveau de synthèse protidique musculaire. Une analyse [2] a trouvé que le fait de prendre des doses de protéines après l’entrainement de 0,24 g/kg de poids de corps était suffisant pour stimuler une synthèse protidique maximum chez les jeunes hommes (de 22 ans environ), tandis que les hommes plus vieux (71 ans environ) n’atteignaient pas cet effet plateau avant d’avoir ingéré une dose de 0,40 g/kg de poids de corps.
Un autre débat pèse le pour et le contre des deux courants de conseils pour la santé. D’un côté, il y a un ensemble de preuves qui montre que la restriction calorique allonge la durée vie chez des organismes qui vont des mouches aux souris. Les médicaments qui imitent les effets de la restriction calorique ralentissent la synthèse protidique et semblent aussi allonger la durée de vie des organismes en laboratoire.
D’un autre côté, l’exercice accélère la synthèse des protéines (comme par exemple pour construire du muscle). Mais est-ce que cela signifie que le fait de faire beaucoup d’exercice physique et de rester en bonne condition physique va nous rapprocher plus rapidement de la tombe ? Comment réconcilier la restriction calorique des bénéfices évident de l’exercice physique ?
Cependant, l’article met en évidence un point clé des études sur les souris dont la durée de vie a été allongée, qui étaient en fait choyées dans un “environnement thermiquement neutre, sans pathogènes, dans des conditions de nourriture et d’eau abondantes” – i.e. une cage de laboratoire – ce qui est évidemment bien différent du monde réel. On peut être fragile et faible et s’accrocher à la vie.
Est-ce qu’il en est de même pour les êtres humains ? Peut-être, peut-être pas, la question la plus importante est de savoir ce qu’on recherche : veut-on augmenter l’espérance de vie aux dépends d’une espérance de vie en bonne santé ? Ou préfère-t-on avoir une vie active en bonne santé qui comprenne la conservation de la masse musculaire, de la force et des fonctions vitales ?
L’étude montre également des photos de coupes transversales d’IRM provenant de trois hommes. Les deux images de coupes les plus intéressantes sont celles des deux hommes de 66 ans, car la seule différence entre eux est que leurs niveaux d’exercice physique sont différents, l’homme du milieux marche 3 141 pas par jour, celui à droite marche 12 445 pas par jour :
Ces deux hommes font pratiquement le même poids, mais l’un a presque trois fois plus de muscles que l’autre. Ce qui est bien entendu une bonne motivation pour rester actif en vieillissant.
Références :
[1] Live strong and prosper : the importance of skeletal muscle strength for healthy ageing. Michael McLeod, Leigh Breen, D. Lee Hamilton, Andrew Philp. Biogerontology. pp 1-14.
[2] Protein Ingestion to Stimulate Myofibrillar Protein Synthesis Requires Greater Relative Protein Intakes in Healthy Older Versus Younger Men. J Gerontol A Biol Sci Med Sci, (2015) 70 (1) : 57-62.