Des scientifiques de l’Institut Max Planck n’ont pas trouvé de corrélation entre les phases de la Lune et le sommeil humain.
Les croyances populaires à propos de l’influence de la lune sur les êtres humains sont très répandues. De nombreuses personnes rapportent avoir du mal à dormir les nuits de pleine lune. Contrairement à des études passées, les scientifiques du département psychiatrie de l’Institut Max Planck n’ont pas observé de corrélations entre le sommeil humain et les phases lunaires [1]. Les chercheurs ont analysé les données préexistantes sur une large cohorte de volontaires et leurs nuits de sommeil. Et l’identification poussée de la plupart des études non publiées aux résultats insignifiants suggère que les résultats contradictoires des études précédentes pourraient être dus à des biais de publications.
Pendant des siècles, les gens croyaient que le cycle de la lune influençait la santé, le comportement et la physiologie des êtres humains. Les folklores associaient principalement la pleine lune aux insomnies. Mais qu’en est-il des fondements scientifiques ?
Plusieurs études ont fait reposer leurs recherches sur des ré-analyses de bases de données préexistantes sur le sommeil pour y trouver un effet lunaire, bien que les résultats varient et que les effets sur le sommeil aient rarement été évalués par des moyens objectifs, comme avec un électroencéphalogramme par exemple. Dans certaines études, les femmes apparaissaient être plus affectées par les phases de la lune, dans d’autres c’étaient les hommes. Deux analyses de bases de données de 2013 et 2014, chacune comprenant entre 30 et 50 volontaires, tombaient d’accord sur une durée de sommeil plus courte de la durée de sommeil total les nuits de pleine lune.
Cependant, ces études arrivaient à des résultats contradictoires pour les autres variables. Par exemple, dans une analyse, le début de la phase de sommeil paradoxal, pendant laquelle nous rêvons le plus, était retardé à proximité de la nouvelle lune, alors que l’autre étude a observé le plus grand retard autour de la pleine lune.
Pour surmonter le problème des résultats qui sont surtout le fruit du hasard, notamment pour les petites études, les scientifiques ont analysé les données sur le sommeil de 1265 volontaires pendant 2097 nuits. “En étudiant cette large cohorte de gens et de nuits de sommeil, nous n’avons pas été en mesure de reproduire les résultats précédents” déclare Martin Dresler, neuroscientifique à l’Institut Max Planck de psychiatrie de Munich. “Nous n’avons pas pu observer de corrélation statistique pertinente entre le sommeil humain et les phases de la lune.”
En outre, son équipe a identifié plusieurs résultats négatifs non publiés qui comprenaient des analyses cumulées sur plus de 20000 nuits de sommeil, ce qui montre que les résultats contradictoires pourraient être un exemple de biais de publication dans lequel seules les études positives (i.e. qui affichent un effet) sont publiées, et les négatives sont rangées dans un tiroir. Le biais de publication est quelque-chose d’assez fréquent en médecine, en science et en pharmacie, et les études qui ne sont pas positives ne sont pas publiées [2].
Jusqu’à maintenant, l’influence du cycle lunaire sur le sommeil avait été étudiée par des ré-analyses d’études passées qui avaient à l’origine différents objectifs. “Pour surmonter les limites évidentes d’une analyse rétrospective, il faut des études correctement contrôlées et spécifiquement conçues pour tester les effets des cycles lunaires sur le sommeil sur de larges échantillons d’individus, afin d’avoir une réponse définitive” conclut Dresler.
Références :
[1] Cordi M, Ackermann S, Bes FW, Hartmann F, Konrad BN, Genzel L, Pawlowski M, Steiger A, Schulz H, Rasch B, Dresler M. Lunar cycle effects on sleep and the file drawer problem. Current Biology. Vol 24, Nr. 12.
[2] Dissemination and publication of reSong F, Parekh S, Hooper L, Loke YK, Ryder J, Sutton AJ, Hing C, Kwok CS, Pang C, Harvey I. Dissemination and publication of research findings : an updated review of related biases. Health Technol Assess. 2010 Feb ;14(8):iii, ix-xi, 1-193 (doi : 10.3310/hta14080)