L’exercice physique peut inverser les dommages causés aux cœurs vieillissants et usés par un style de vie sédentaire, et permettre de prévenir les risques de crise cardiaque si l’exercice est suffisant et s’il est commencé à temps [1].

D’après les chercheurs, pour tirer le plus de bénéfices, le programme d’exercices doit commencer vers la fin de la cinquantaine (avant l’âge de 65 ans), quand le cœur a encore suffisamment de plasticité et de capacité à se remodeler lui-même. Ce régime d’exercices doit être réalisé quatre à cinq fois par semaine. Une étude précédente ayant montré qu’un rythme de deux ou trois fois par semaine n’était pas suffisant.

“À partir des études réalisées par notre équipe de recherche sur les 5 dernières années, cette dose d’exercice est devenue comme une prescription pour la vie,” explique le Dr. Benjamin Levine, l’auteur de l’étude. “Les gens doivent être capables de faire ça comme quelque-chose qui fait partie de leur hygiène personnelle, comme se laver les dents ou prendre une douche.”

Le programme comprenait quatre à cinq séances d’exercices par semaine, chacune de 30 minutes plus l’échauffement et le retour au calme :

 L’une des sessions hebdomadaires comprenait un entrainement de forte intensité de 30 minutes, comme des sessions d’endurance par intervalles dans lesquelles le rythme cardiaque pouvait atteindre 95 % de son maximum pendant 4 minutes, avec 3 minutes de récupération, ceci répété quatre fois.

 Chaque session d’entrainement par intervalles était suivie d’une session de récupération à un rythme d’une intensité assez faible.

 L’une des séances hebdomadaires durait une heure mais était d’intensité modérée (il pouvait s’agir d’une activité plaisante comme du tennis, de la danse, de la marche ou du vélo).

 Une ou deux sessions étaient réalisées chaque semaine à une intensité modérée, ce qui signifie que les participants transpiraient, étaient essoufflés mais toujours en mesure de tenir une conversation – le “test de la discussion”. Dans cette étude, les séances d’exercices étaient prescrites individuellement à partir des tests d’exercices faits au préalable et des enregistrements du rythme cardiaque.

 Une ou deux sessions d’entrainement de musculation hebdomadaires utilisaient des poids et des machines et étaient inclues séparément, ou après une séance d’endurance.

Les participants de l’étude sont arrivés à ces niveaux en commençant avec 3 sessions d’exercice modéré de 30 minutes pendant les 3 premiers mois, pour augmenter à 10 mois quand les deux sessions d’endurance par intervalles ont été ajoutées.

Les participants (53 personnes âgées de 45 à 64 ans.) avaient été divisés en deux groupes, l’un d’eux a suivi un programme d’exercices supervisé pendant deux ans et l’autre groupe, qui servait de point de comparaison, a suivi un entrainement de yoga et d’exercices d’équilibre.

Au terme des deux années d’étude, ceux qui avaient fait de l’exercice physique avaient amélioré leur consommation maximum d’oxygène de 18 % pendant l’exercice et amélioré l’élasticité de leur muscle ventriculaire gauche du cœur de plus de 25 %. Le Dr Levine compare ces changements dans le cœur à un élastique de caoutchouc extensible tout neuf contre un autre qui serait devenu raide et durci oublié dans un tiroir.

Le fait de vieillir en étant sédentaire peut conduire à un durcissement du muscle dans le ventricule gauche du cœur, la cavité qui pompe le sang riche en oxygène pour le renvoyer dans le corps.

“Quand le muscle durcit, la tension s’élève et la cavité cardiaque ne se remplit plus aussi bien de sang. Sous sa forme la plus grave, le sang peut aller jusque dans les poumons. C’est l’arrêt cardiaque,” dit Levine.

Des recherches précédentes de cardiologues de l’Université Southwestern ont montré que le durcissement du ventricule gauche apparaît souvent vers cinquante ans chez les gens qui ne font pas d’activité physique, qui ne sont pas en bonne condition physique, et qui ont des cavités cardiaques petites et dures qui ne peuvent pas aussi bien pomper le sang.

Cependant, les chercheurs ont aussi trouvé que les cavités cardiaques chez les athlètes sportifs de haut niveau restaient larges et élastiques, et que même quatre à cinq jours d’exercice physique régulier sur des années sont suffisants pour des sportifs amateurs pour en tirer la plupart de ses bénéfices.

Dans le cadre de la présente étude, les chercheurs voulaient savoir si le sport pouvait restaurer l’élasticité du cœur chez des personnes qui étaient sédentaires auparavant – notamment s’ils commençaient vers la cinquantaine. Les études précédentes du Dr Levine ont montré des améliorations substantielles dans la souplesse cardiaque chez les individus après un an d’entrainement, mais étonnamment peu de changements si le sport était repris après l’âge de 65 ans.

Références :

[1] Erin J. Howden, Satyam Sarma, Justin S. Lawley, Mildred Opondo, William Cornwell, Douglas Stoller, Marcus A. Urey, Beverley Adams-Huet, Benjamin D. Levine. Reversing the Cardiac Effects of Sedentary Aging in Middle Age—A Randomized Controlled Trial : Implications For Heart Failure Prevention. Circulation, 2018.

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