Le décès d’un joueur d’échecs au beau milieu d’une rencontre lors de la plus prestigieuse compétition d’échecs au monde peut avoir choqué ceux qui considèrent le jeu comme un passe-temps relaxant. Kurt Meier, 67 ans, s’est évanoui pendant la phase finale du tournois et est mort le même jour à l’hôpital. Mais les échecs, comme tout autre jeu ou sport, peut provoquer une importante quantité de stress, ce qui peut être aussi mauvais pour la santé physique d’un compétiteur.

Nous avons tendance à associer le fait de faire un sport ou de participer à un match à la santé et au bien-être. Et il y a un grand nombre d’études qui a effectivement montré que le fait de participer à des matches était associé au fait d’être plus heureux [1]. Alors que cet argument est vrai pour les joueurs amateurs ou de loisir, l’histoire peut être tout à fait différente quand il s’agit de sportifs de haut niveau, où la réussite et l’échec peuvent être acquis ou perdus sur le fil du rasoir, et pour lesquels le fait de gagner peut signifier des rentrées d’argent et entrevoir le futur plus sereinement, et perdre peut vouloir dire pauvreté et chômage. Dans ce cas, le fait de réussir dans un sport ou un match peut-il être réellement mauvais pour vous ?

L’anxiété de la compétition

La compétition de haut niveau peut être stressante parce que le résultat est très important pour les compétiteurs. Nous pouvons mesurer le stress en utilisant une large gamme d’indicateurs physiologiques tels que le rythme cardiaque et la température, et des réactions comme des modifications de l’intensité de nos émotions.

Les émotions sont une alerte à propos d’une menace. Ainsi, si vous sentez qu’atteindre un objectif donné va être difficile, alors il faut s’attendre à ressentir des émotions intenses. Le candidat essentiel qui signale que nous vivons un stress est l’anxiété, qui se caractérise par des pensées soucieuses, une appréhension concernant la performance, accompagné de réactions physiologiques telles qu’un rythme cardiaque qui s’accélère et des mains moites. Si ces symptômes sont quelque chose de fréquemment vécu ou sont chroniques, alors ce peut être vraiment mauvais à la santé.

Cette réponse au stress ne se limite probablement pas aux sportifs de haut niveau. Les émotions intenses sont associées à l’expérience de réaliser et d’atteindre des objectifs importants, et bien que ce ne soit pas la seule situation où cela se produit, c’est surtout très perceptible dans le sport.

Les causes du stress

Il est plus utile de se concentrer sur les causes du stress plutôt que le lieu où nous les vivons. Le principe est que plus l’objectif à atteindre est important, plus la propension qu’une situation intensifie des émotions est importante.

Les émotions s’intensifient aussi par le degré d’incertitude et de compétition, à quelque niveau sportif qui soit, surtout quant cette incertitude concerne le concurrent qui essayera de faire tout son possible pour remporter la compétition, en ayant aussi une forte motivation pour y arriver. L’élément clé est que presque tous les athlètes, à n’importe quel niveau, peuvent souffrir de poussées de stress, partiellement dues à des niveaux élevés de motivation.

Une réaction de stress est aussi associée à la façon dont la performance est jugée et rapportée. Les tâches potentiellement stressantes tendent à être celles où la performance est publique et dans lesquelles toute rétroaction est immédiate. Aux échecs, comme dans la plupart des sports de compétition, nous voyons qui est le vainqueur et nous pouvons commencer à fêter sa réussite ou à s’apitoyer sur son échec dès que le match est terminé.

Il existe de nombreuses tâches qui ont des caractéristiques similaires. Faire un discours en public, passer un examen ou le permis de conduire sont tous des exemples de tâches qui peuvent provoquer un stress. Le stress ne se limite pas à des tâches formelles, mais il peut aussi comprendre des tâches sociales. Le fait de demander un rendez-vous à un partenaire potentiel, demander quelqu’un en mariage et rencontrer ses beaux-parents pour la première fois peut être tout aussi stressant.

Le fait de remporter une compétition ou d’aller à un rendez-vous est associé à des objectifs de haut vol sur la façon dont nous nous percevons nous-mêmes. Si nous nous définissons comme “un bon joueur” ou comme étant “attractif ou aimable”, alors toute information contraire est susceptible d’être associée à des émotions désagréables. Vous vous sentirez dévasté si, par exemple, votre demande de rendez-vous est refusée, et si cette situation se répète, il se peut que cela réduise l’estime de soi et cause de la dépression.

Le message essentiel ici est de reconnaitre quels sont vos objectifs, et de réfléchir à leur importance réelle. Si vous voulez les atteindre avec passion, et si l’action de les réussir provoque des émotions intenses et parfois non désirées, alors cela vaut la peine de réfléchir et de faire quelque-chose pour mieux gérer ces émotions.

Références :

[1] Sport participation and subjective well-being : instrumental variable results from German survey data. Journal of Physical Activity & Health, 2014, 11(2):396-403.

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