Barcelone, le Bayern de Munich et l’équipe Espagnole de football peuvent dominer le jeu, mais une recherche a mis en pièce le mythe selon lequel ils ont épuisé l’équipe adverse en gardant le ballon.
Pendant des années, les entraineurs, les “experts” et les supporters croyaient que les équipes devaient “laisser le ballon faire tout le boulot” parce que l’autre équipe aura à courir plus pour en reprendre possession. On pensait que cela permettait aux joueurs de renommée mondiale de fatiguer leurs adversaires, et que cela leur permettaient d’économiser leur énergie.
Cependant, une recherche de l’Université de Sunderland, publiée dans le Journal of Sports Sciences [1] a montré qu’ils couvraient en fait les mêmes distances et ce que l’équipe détienne le ballon ou non.
Les scientifiques ont analysé 810 joueurs de la League Nationale Anglaise (1ère division) dans 54 matches avec une quantité égale de joueurs jouant à domicile ou à l’extérieur, avec des données prélevées à partir d’un système de suivi informatique. Chaque performance individuelle physique et technique des joueurs a été enregistrée, incluant la distance qu’ils ont courue, les différents niveaux d’intensité et le nombre de passes qu’ils ont faites.
Cette recherche a mis en morceaux le mythe selon lequel si vous passez plus souvent le ballon aux joueurs de votre propre équipe que l’équipe adverse, alors vous économiserez de l’énergie tout en les épuisant en procédant de la sorte.
Les chercheurs ont trouvé qu’aucune différence n’avait été observée en ce qui concerne la distance totale couverte entre les équipes de football qui avaient un faible pourcentage de possession du ballon et celles qui avaient le ballon plus souvent. Cette tendance se confirmait quand il s’agissait de l’intensité élevée de la course et du sprint.
Cette recherche est allée jusqu’à la fin de la saison quand les Glasgow Celtic ont battu les favoris de la Ligue des Champions qu’était l’équipe de Barcelone, bien qu’ils n’aient possédé le ballon qu’à hauteur de 16%.
La recherche a montré que le fait de courir avec le ballon à une intensité élevée était plus fréquent de 31% chez les équipes qui avaient un fort pourcentage de possession du ballon que chez celles qui avaient un faible pourcentage. Au contraire, ces équipes qui avaient un fort pourcentage de possession du ballon couraient 22% de moins à intensité élevée que celles qui avaient un pourcentage plus faible quand elles ne possédaient pas le ballon.
Le Dr Paul Bradley, de l’Université de Sunderland, déclare : “nous n’avons pas trouvé de différences statistiques en ce concerne leur fatigue physique pendant le jeu. Cependant, comme on s’y attendait, les indicateurs techniques ont affiché des différences supérieures entre ceux qui gardaient le ballon, et ceux qui ne le gardaient pas. Le mythe réfuté est celui affirmant que si vous couvrez une plus grande quantité de distance, alors vous tendrez à avoir un plus faible pourcentage de possession du ballon, car nos résultats ont montré que ce n’était pas le cas”.
“Nous pensons toujours qu’il y a un fond de vérité dans le vieil adage disant ’laissez le ballon faire tout le boulot’ et laissez l’autre équipe courir après, alors qu’il n’est clairement pas confirmé par les faits. Il y a moins d’un pourcent de différence entre les équipes de football qui gardent beaucoup le ballon et celles qui le possèdent le moins. Elles sont manifestement supérieures en terme de passes réalisées, mais pas en ce qui concerne la distance parcourue par les joueurs”. L’équipe de recherche a également analysé les différentes positions de chaque groupe pour les comparer entre elles.
Le compte-rendu de l’étude ajoute : “les autres applications de ces résultats dans le monde réel sont que les équipes qui jouent contre des adversaires qui cherchent à posséder le ballon ne doivent pas s’attendre à vivre un match plus exigeant physiquement étant donné les ressemblances entre les équipes qui conservent moins le ballon et celles qui courent à une intensité plus élevée. Mais les joueurs doivent apprendre à se préparer à toutes les éventualités, et tout particulièrement à devoir courir plus souvent intensément pour récupérer le ballon”.
Références :
[1] The effect of high and low percentage ball possession on physical and technical profiles in English FA Premier League soccer matches. Paul S. Bradley, Carlos Lago-Peñas, Ezequiel Rey & Antonio Gomez Diaz. Journal of Sports Sciences, Volume 31, Issue 12, 2013, pages 1261-1270.