Les hommes et les femmes utilisent différents muscles de la jambe et de la hanche pour frapper le ballon.
Selon une étude publiée dans le journal Bone and Joint Surgery [1], des différences significatives dans l’alignement du genou et dans l’activation musculaire existent entre les hommes et les femmes pendant qu’ils frappent dans un ballon de football. Les données révèlent que les hommes activent davantage certains muscles de la hanche et de la jambe que les femmes pendant le mouvement du coup-de-pied intérieur et de côté, les frappes les plus fréquentes dans le foot, ce qui pourrait expliquer pourquoi les joueuses féminines sont deux fois plus susceptibles d’endurer une blessure du ligament croisé antérieur (LCA).
Le football est un des sports les plus populaires, et les femmes jouent aussi en compétition. Des recherches antérieures avaient montré que les femmes étaient plus enclines à se blesser le ligament croisé antérieur sans contact que les hommes, et bien que plusieurs théories existent, la cause directe de cette différence entre les sexes demeurait inconnue.
“En analysant en détail le mouvement de la frappe d’un footballeur, notre objectif était de découvrir les différences entre les sexes et comment elles pouvaient expliquer les risques de blessures” explique le chirurgien orthopédique Robert Brophy, auteur de l’étude. “Cette étude apporte plus d’informations pour nous aider à mieux comprendre les différences entre les athlètes hommes et femmes, et notamment les footballeurs(euses).”
Le Dr. Brophy et ses collègues ont utilisé une vidéo en 3D pour analyser le mouvement, et l’électromyographie pour examiner les différences entre les 13 hommes et 12 femmes joueurs de football en pleine action lors d’une frappe du ballon.
Avec huit à dix caméras, 21 marqueurs rétro-réflecteurs et 16 électrodes en simultané, les chercheurs ont mesuré l’activation de sept muscles (l’iliaque, le grand fessier, le moyen fessier, le vaste latéral, le vaste médian, le jarret et le mollet) à la fois lors de la frappe et dans la jambe de support, tout comme deux muscles supplémentaires (les adducteurs de la hanche et le tibia antérieur) dans la jambe qui frappe seulement. Cinq frappes intérieur du pied et cinq frappes du côté du pied ont été enregistrées pour chaque joueur. L’activation musculaire a été enregistrée sous forme de pourcentage de la contraction isométrique maximum volontaire.
Ils ont découvert que les joueurs masculins activaient plus les fléchisseurs de la hanche (à l’intérieur de la hanche) lors de leur frappe, et les adducteurs de la hanche (extérieurs à la hanche) dans leur jambe de support que les femmes.
Dans la jambe qui frappe, les hommes génèrent presque quatre fois plus les fléchisseurs de la hanche que les femmes (123% chez les hommes et 34% chez les femmes).
Dans la jambe de soutien, les hommes génèrent plus de deux fois plus d’activation du muscle moyen fessier (124% pour les hommes comparés à 55% pour les femmes) et d’activation du veste interne (139% chez les hommes comparés à 69% chez les femmes).
“L’activation des abducteurs de la hanche pourrait permettre de protéger les joueurs contre les blessures du ligament croisé antérieur” dit le Dr Brophy. “Etant donné que les femmes ont moins d’activation des abducteurs de la hanche, leurs hanches tendent à s’effondrer dans l’adduction pendant la frappe du ballon, ce qui peut augmenter la charge et le stress sur les ligaments du genou de la jambe de support, et porter potentiellement un plus grand risque de blessure.”
Brophy déclare que bien que l’étude n’établit pas de relation directe de cause à effet entre l’activation des muscles, l’alignement du genou et les blessures au ligament, les données “nous poussent à mieux comprendre ce qui pourrait contribuer aux différences dans les risques de blessure entre les sexes, et quelle direction nous pourrions prendre pour réduire cette augmentation du risque chez les femmes.”
Cette étude sur la prévention des risques de blessure du ligament croisé antérieur est tout de même prometteuse. Par exemple, en 2008, le Centre de Contrôle de la Maladie et de la Prévention US a publié une étude qui avait découvert qu’un nouveau programme d’entrainement appelé le “programme de Prévention des Blessures et d’Augmentation de la Performance” (Prevent Injury and Enhance Performance (PEP)), était efficace pour ce qui était de réduire les blessures chez les joueuses de football. Le PEP est un programme d’échauffement différent qui se focalise sur les étirements, le renforcement et l’amélioration de l’équilibre et des mouvements, et qui peut être réalisé pendant la pratique normale du foot sans équipement spécial.
Enfin, d’autres recherches seront à mener afin d’étudier comment les différences dans l’activation des muscles et l’alignement de la hanche entre les sexes, pourraient être associées au risque de blessures chez les athlètes footballeurs, voire dans d’autres sports.
Références :
[1] Differences Between Sexes in Lower Extremity Alignment and Muscle Activation During Soccer Kick. J. Bone Joint Surg. Am., Sep 2010 ; 92 : 2050 – 2058.