Des études ont testé l’affirmation selon laquelle des températures fraiches stimulaient la dépense énergétique et la perte de poids.
Est-ce que le fait de rester assis dans une pièce froide vous aide à perdre du poids (ou évite d’en prendre) ? Il semble bien que ce soit le genre de déclarations “physiologiquement plausible mais inutile en pratique” qu’on pourrait lire dans quelques magazines oiseux, mais ces dernières années quelques éléments de preuve ont commencé à s’accumuler.
En 2011 déjà, une étude [1] avait été publiée qui avait associé l’augmentation graduelle du thermostat aux États-Unis et au Royaume-Uni avec l’augmentation de l’obésité (un exemple classique de corrélation sans preuve de causalité), et elle avait aussi présenté des données montrant que les individus tendaient à brûler plus d’énergie au repos tout en étant dans des pièces froides. Puis une autre étude [2] a vu le jour sur 1600 sujets qui ont été suivis pendant six ans, et ceux qui gardaient leur thermostat au-dessus de 20°C étaient deux fois plus susceptibles de devenir obèse pendant la période de l’étude.
Tout ceci a ouvert la voie à une paire de nouvelles études publiées dans le Journal of Clinical Investigation. L’objectif visé ici était la “graisse brune”, une forme inhabituelle de graisse qui brûle en fait de l’énergie pour vous aider à garder le corps chaud – une espèce de réaction frissonnante excepté que celle-ci se déroule sans qu’on en soit conscient.
Dans la première étude [3], des chercheurs aux Pays-Bas ont montré que des séances relativement légères d’exposition au froid pendant une période aussi courte que 10 jours provoquait une augmentation de l’activité de la graisse brune, processus qui vous rend plus résistant aux températures froides et consomme plus de calories. Le protocole de l’étude était de réaliser des périodes assises en short et en T-shirt dans une pièce à 15 -16°C pendant 2 heures le premier jour, pendant 4 heures le second jour et 6 heures les huit jours suivants.
Dans la seconde étude [4], un protocole d’exposition au froid similaire (2 heures à 17°C par jour pendant 6 semaines) a augmenté la dépense d’énergie au repos et a réellement conduit à une diminution de 5,2% de la masse de graisse du corps. Un groupe de contrôle exposé à des températures de 27°C n’a pas montré de perte de graisse.
Bien entendu, personne ne dit que la crise d’obésité est causée par l’augmentation du thermostat dans les chaumières. Le plus intéressant ici est la découverte de la première étude dans laquelle, après 10 jours, les sujets ont rapporté être plus à l’aise dans des températures fraiches [5].
Les éléments de vie moderne que sont le chauffage central et les ascenseurs rendent évidemment nos vies plus confortables, mais ces commodités semblent avoir un coût pour notre santé physique. Mais le fait de se passer de ces éléments de confort n’est pas aussi difficile que ce qu’on croit, parce que le corps a une extraordinaire capacité à s’adapter. Prendre les escaliers ou baisser le thermostat du chauffage de quelques degrés semble être au premier abord insurmontable, mais si on s’y tient, on ne le remarque même plus après quelque temps.
Références :
[1] Could increased time spent in a thermal comfort zone contribute to population increases in obesity ? Johnson F, Mavrogianni A, Ucci M, Vidal-Puig A, Wardle J. Obes Rev. 2011 Jul ;12(7):543-51. doi : 10.1111/j.1467-789X.2010.00851.x. 2011.
[2] Contributors to the obesity and hyperglycemia epidemics. A prospective study in a population-based cohort. S Bo, G Ciccone, M Durazzo, L Ghinamo, P Villois, S Canil, R Gambino, M Cassader, L Gentile, P Cavallo-Perin International Journal of Obesity 35, 1442-1449 (Nov. 2011). doi:10.1038/ijo.2011.5.
[3] Cold acclimation recruits human brown fat and increases nonshivering thermogenesis. J Clin Invest. doi:10.1172/JCI68993.
[4] Recruited brown adipose tissue as an antiobesity agent in humans. J Clin Invest. doi:10.1172/JCI67803.
[5] Cold acclimation recruits human brown fat and increases nonshivering thermogenesis. Anouk A.J.J. van der Lans, Joris Hoeks, Boudewijn Brans, Guy H.E.J. Vijgen, Mariëlle G.W. Visser, Maarten J. Vosselman, Jan Hansen, Johanna A. Jörgensen, Jun Wu, Felix M. Mottaghy, Patrick Schrauwen, Wouter D. van Marken Lichtenbelt. J Clin Invest. 2013 ; doi:10.1172/JCI68993.