Une technologie d’oculométrie (technique qui permet de suivre et d’enregistrer les mouvements des yeux pour voir ce qu’ils regardent) a confirmé ce que les femmes savaient depuis longtemps : les gens regardent plus leurs parties sexuelles et moins leurs visages quand ils évaluent leur apparence. L’étude, publiée dans le journal Sex Roles [1] a trouvé que les femmes qui avaient un corps en forme de “sablier”, soit une grosse poitrine, une taille fine et des hanches plus larges, provoquaient fréquemment de tels regards.

L’étude a utilisé cette technologie qui enregistrait le regard d’hommes qui jetaient un regard furtif à des femmes pour les évaluer rapidement. À cause de ces coups d’œil, les femmes peuvent développer une certaine anxiété physique sociale, et afficher une performance cognitive en baisse ou se terrer dans le silence. Cela vient de ce que ce type d’attention les réduit au statut d’instruments dans lesquels leurs corps sont considérés comme étant représentatifs de leur être tout entier.

Des recherches antérieures avaient principalement eu recours aux expériences de ce phénomène rapportées par les femmes elles-mêmes. Mais ici les chercheurs ont utilisé Eyelink II qui est un système d’oculométrie pour examiner comment 29 femmes et 36 hommes réagissaient face à des photographies informatiquement manipulées d’un même groupe de mannequins mais avec différentes formes de corps.

Les chercheurs ont découvert que les participants se focalisaient plus sur les poitrines et les tailles des femmes, et moins sur les visages quand on leur demandait “d’objectiver” (relatif à l’objectification sexuelle) les femmes en évaluant leur apparence plutôt que leur personnalité. Cet effet était plus prononcé pour les femmes qui avaient un corps en forme de “sablier”, idéalisé dans la culture Occidentale, et dans une moindre mesure par les femmes qui ont des poitrines plus petites et des hanches plus larges qui sortent des idéaux culturels de la beauté.

Contrairement à leurs homologues féminins, les participants masculins faisaient une distinction entre les femmes qui avaient des corps de différentes formes sans se soucier du fait qu’ils se focalisaient sur l’apparence ou la personnalité. Les femmes avec des corps proches de leur idéal (du type “sablier” ou 90-60-90) étaient en général regardées plus positivement que les femmes qui avaient des corps moyennement ou faiblement idéaux.

Les chercheurs pensent que quand l’apparence d’une femme, plutôt que sa personnalité, attire un homme, toutes les femmes feront l’expérience de ce regard objectifiant (réduisant au statut d’objet sexuel) quelque-soit la forme de leur corps. Cela est logique avec une proposition antérieure disant qu’un corps féminin mature du point de vue reproductif créée une expérience culturelle partagée dans laquelle les corps de toutes les femmes (quelque-soit leur sex-appeal) sont constamment observés, évalués et potentiellement objectivés.

Il est intéressant de noter que les femmes semblent aussi souvent voir les autres femmes comme des objets. Cela correspond à l’idée selon laquelle les femmes pourraient intérioriser le regard masculin et s’auto-objectiver, et en retour l’utiliser pour évaluer les autres femmes.

“Pour le dire généralement, les gens sont plus positifs face à une femme plus attirante que face à une qui est moins séduisante” dit Gervais, auteur de l’étude. “Cependant, l’attirance pourrait aussi avoir sa part de responsabilité, parce que tout en les évaluant positivement, ceux qui reluquent se focalisent moins sur les caractéristiques propres à l’individu et sa personnalité, comme les visages, et plus sur les parties du corps d’une femme séduisante”.

Références :

[1] Sarah Gervais, Arianne Holland, Michael Dodd. My Eyes Are Up Here : The Nature of the Objectifying Gaze Toward Women. Sex Roles, 2013 ; DOI : 10.1007/s11199-013-0316-x

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