Chez un individu de poids normal, un ventre vide stimule le cerveau pour dire au corps qu’il faut de la nourriture. Quand le ventre est plein, il est content et il nous laisse tranquille pendant 4/5 heures ou plus.

Cependant, certaines personnes obèses se surprennent à remanger une heure seulement après le repas. Des scientifiques pensent savoir pourquoi.

Des images de cerveaux prises par IRM sur des sujets en bonne santé, dont certains étaient obèses, révèlent que quand les niveaux de glucose, ou sucre dans le sang, chutent, la région du cerveau qui régule les impulsions ne peut pas contrôler le désir de grignotages et de friandises hypercaloriques. Ce manque et cette envie pressante de nourriture riche en calories est particulièrement manifeste chez les personnes obèses.

L’étude, réalisée par des chercheurs de l’Université de Yale et publiée dans le Journal of Clinical Investigation [1], permet d’expliquer pourquoi certains individus obèses, avec des niveaux de sucre dans le sang qui fluctuent grandement tous les jours, ont des difficultés à contrôler leur appétit face aux aliments gras et sucrés et les desserts.

La hausse et la chute des envies

Les niveaux de sucre dans le sang fluctuent naturellement pendant la journée. Les niveaux sont au plus bas dans la matinée avant le petit déjeuner, ce qui provoque la faim. Les niveaux sont au plus haut une heure après un repas, puis reviennent ensuite à leur niveau normal pendant quelques heures ensuite, car l’estomac est rassasié.

Les chercheurs de Yale ont prudemment contrôlé les niveaux de glucose en intraveineuse de 14 sujets, et ont enregistré leurs réactions face à des images d’aliments pendant qu’ils passaient un IRM du cerveau. Pour les sujets qui n’étaient pas obèses, un état de sucre dans le sang, appelé l’hypoglycémie, stimule l’envie d’aliments hautement caloriques comme une glace. Cette envie disparaît quand le niveau de sucre dans le sang remonte à son niveau normal, appelé l’euglycémie.

Cependant, les sujets obèses avaient des envies beaucoup plus importantes que les non obèses pendant la période hypoglycémique. Plus surprenant, disent les chercheurs, les envies ne diminuaient pas quand les niveaux de glucose remontaient à leur niveau normal euglycémique. Les obèses ont apparemment perdu leur mécanisme modérateur associé au glucose, ce qui les conduit à être en manque de grignotage juste quelques heures après un repas, même quand les niveaux de sucre dans le sang sont normaux.

Ce qui est encore pire pour les obèses, disent les chercheurs, est la vision inéluctable des aliments richement caloriques, des publicités à la télévision et affiches jusqu’à la prolifération des fast-foods eux-mêmes. Cela rend la suralimentation presque inévitable, ajoutent les chercheurs.

Un cercle vicieux

Les résultats de l’étude impliquent qu’une stratégie pour gérer le poids des obèses serait de manger moins mais plus fréquemment. Cela pourrait permettre de conserver les niveaux de sucre dans le sang dans une fourchette étroite et de réduire les manques. En général, des aliments tels que les légumes riches en fibres et les céréales complètes sont plus lentement digérés que les aliments faibles en fibres et transformés qui élèvent doucement les niveaux de glucose.

Inversement, la nourriture de mauvaise qualité, qui est habituellement chargée en sucre, fortement transformée et faible en fibres, fait monter les niveaux de sucre dans le sang puis dramatiquement chuter. Ceci, en retour, augmente les envies d’avaler encore plus de mauvaise nourriture.

Références :

[1] Circulating glucose levels modulate neural control of desire for high-calorie foods in humans. Kathleen Page, Dongju Seo, Renata Belfort-DeAguiar, Cheryl Lacadie, James Dzuira, Sarita Naik, Suma Amarnath, Todd Constable, Robert Sherwin, Rajita Sinha. Journal of Clinical Investigation.

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