Les médecins savent que la vitamine D favorise la santé des os, mais une croyance assez répandue déclarant qu’elle pouvait aussi empêcher les cancers, les maladies cardiovasculaire et les autres causes de décès constitue un sujet controversé. En accord avec le conseil publié par l’Institut de Médecine, une étude a découvert que la vitamine D ne conférait aucun bénéfice contre la mortalité chez les femmes ménopausées après avoir contrôlé d’autres facteurs tels que l’obésité abdominale.

“Ce que nous avons ce sont des éléments de preuve provenant d’une étude clinique selon lesquelles la plupart de la vitamine D ne semble pas utile pour les conditions dont les gens pensent qu’elle l’est” explique l’auteur principal de l’étude, Charles Eaton, de l’Université Brown. “Le mieux que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a aucune association. Une fois que nous prenons en compte les autres facteurs, avaler la vitamine à hautes doses n’apporte pas de bénéfices, et de faibles doses ne vous mettent pas en danger.”

Dans cette étude publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition [1], Eaton a réalisé une analyse à partir de 2429 femmes ménopausées âgées entre 50 et 79 ans qui ont participé à la grande étude Women’s Health Initiative dont faisait partie Eaton. Ils ont suivi les niveaux de vitamine D dans le sang chez les femmes et leur mortalité sur une période de plus de 10 ans. Ils ne se sont pas seulement focalisés sur les décès toutes causes, mais aussi sur les cancers et les maladies cardiovasculaires.

En tout, 225 des femmes de l’étude sont décédées, dont 79 de maladie cardiovasculaire et 62 de cancer.

Eaton explique qu’il s’attendait à trouver un certain effet protecteur sur la mortalité grâce à la vitamine D, et au premier coup d’œil c’est ce que les données montraient (contrôlées uniquement avec l’âge, l’ethnie et si les femmes consommaient des suppléments de calcium et de vitamine D). Mais ce qui était apparent dans les données était que les femmes ayant les niveaux de vitamine D les plus faibles avaient aussi beaucoup d’autres indicateurs sur leur santé négatifs.

C’est pourquoi l’équipe a contrôlé plus de facteurs clés sur la santé, comme le tabagisme, le passé de maladies cardiovasculaires, de cancer, la consommation d’alcool et la circonférence de la taille. Les contrôles supplémentaires, surtout celui de la circonférence de la taille qui est une mesure de l’obésité abdominale, ont érodé la signification statistique de l’effet apparemment protecteur de la vitamine D pour le réduire à néant.

La seule exception était que les femmes avec le tour de taille le plus mince (moins de 90 cm) et avec les niveaux de vitamine D les plus bas semblaient avoir un plus grand risque de mortalité “toute cause” pendant la période d’analyse de 10 ans. Les résultats étaient cependant statistiquement limites.

“Si vous êtes mince, les données suggèrent que peut-être des niveaux peu élevés de vitamine D sont potentiellement nocifs, et que vous devriez en parler à votre médecin pour savoir qu’en faire” dit Eaton.

Le chercheur déclare que lui et ses co-auteurs ne peuvent que spéculer sur une explication qui éclaircirait pourquoi l’obésité abdominale était un facteur si important et puissant à contrôler dans leur analyse. Dans l’étude, ils ont noté que l’obésité abdominale était associée à plusieurs indicateurs négatifs pour la santé qui pourraient effacer tout modeste bénéfice que la vitamine D puisse avoir. Ils font aussi remarquer que les tissus adipeux peuvent stocker de la vitamine D, ce qui pourrait signifier que les femmes avec des tours de tailles plus larges stockent plus de vitamine que leurs niveaux de sérum sanguin seuls le révèlent.

Il faudra plus de recherches sur les relations entre la graisse abdominale et les effets de vitamine D sur la santé pour résoudre la question, dit Eaton. En attendant, il n’y a pas assez de preuve pour recommander quoi que ce soit à propos des niveaux de vitamine D en dehors de la santé des os.

Références :

[1] Prospective association of vitamin D concentrations with mortality in postmenopausal women : results from the Women’s Health Initiative (WHI). Charles Eaton, Alicia Young, Matthew Allison, Jennifer Robinson, Lisa Martin, Lewis Kuller, Karen Johnson, J David Curb, Linda Van Horn, Anne McTiernan, Simin Liu, JoAnn Manson , Am J Clin Nutr.

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