Une équipe de chercheurs de Kaiser Permanente et de l’Université de San Diego en Californie a identifié une relation importante entre la mortalité et la longueur des télomères, qui sont ces bouts de l’ADN qui protègent la terminaison des chromosomes [1].

Tandis qu’une réduction de la longueur des télomères est considérée comme étant un marqueur biologique de la vieillesse, les scientifiques n’avaient pas encore déterminé s’ils jouaient un rôle causal direct dans les changements de la santé associés à l’âge et avec la mortalité, ou s’il s’agissait seulement d’un signe de vieillesse.

Dans leur étude sur 100 000 individus multi-ethniques dont la moyenne d’âge était de 63 ans, les chercheurs ont déterminé qu’il existait une association entre la longueur des télomères et la mortalité, même après que les données aient été ajustées sur des facteurs démographiques et comportementaux comme l’éducation, le tabagisme et la consommation d’alcool, explique le Dr Catherine Schaefer du Programme de Recherche sur les Gènes, l’Environnement et la Santé.

La recherche sur les télomères, qui fait partie d’un projet plus large, a analysé le génotype de plus de 675000 marqueurs provenant de 100000 patients, et les a associés à des données sur la santé venant de leurs dossiers médicaux. Pour obtenir la génothèque et les mesures des télomères de l’ADN, les chercheurs ont collecté des échantillons de salive des patients, qui ont aussi donné leur accord pour qu’ils puissent accéder à leurs données médicales.

Deux ans avant la collection de la salive, les chercheurs avaient dirigé une enquête détaillée sur les facteurs démographiques et comportementaux des patients.

“Grâce à ces données, nous avons examiné les relations démographiques avec la longueur des télomères, les influences du comportement et la relation entre la longueur des télomères et toutes les causes de la mortalité grâce aux échantillons de salive” dit le Dr Schaefer. “Bien que nous ayons trouvé que les télomères plus courts que la moyenne étaient associés à la mortalité, seules ceux avec les télomères les plus courts avaient un risque plus élevé de décès”.

Alors que cela pourrait indiquer un effet direct de la longueur des télomères sur la santé, il sera aussi important d’examiner la portée des maladies préexistantes chez ces individus pour comprendre leur rôle possible dans la connexion biologique entre la longueur des télomères et la longévité.

Les chercheurs s’attendaient à trouver, et ont trouvé, que la longueur des télomères était inversement corrélée à l’âge, et les femmes avaient des télomères plus longs que les hommes, excepté chez les jeunes adultes. Toutes les analyses ont été contrôlées pour l’âge et le sexe.

Comme dans d’autres études, celle-ci a détecté des télomères plus longs chez les Afro-Américains que dans les autres groupes, mais n’a pas révélé de différence significative entre les Américains d’origine Européenne, les Latinos et les Asiatiques.

Selon les conclusions de cette recherche, la longueur des télomères était positivement corrélée avec des facteurs comme le niveau d’éducation et l’indice de masse corporelle (IMC), et négativement corrélée avec le tabagisme et la consommation d’alcool. Cependant, la longueur des télomères n’était pas associée à la dépression ni aux troubles relatifs au stress, bien que d’autres études avaient rapporté une association entre la longueur des télomères et la dépression ou les événements stressants.

Des rapports entre des télomères plus courts et les risques de maladie cardiovasculaire, le diabète et certains cancers, la dépression, la fibrose pulmonaire, la leucoaraiose, l’arthrose et l’ostéoporose ont été détectés par le Dr. Blackburn. Les télomères sont des séquences spéciales de l’ADN attachées à la terminaison de chacun des 46 chromosomes des cellules humaines. Quand les télomères deviennent trop courts, les cellules ne peuvent plus se multiplier.

Références :

[1] The Kaiser Permanente/UCSF Genetic Epidemiology Research Study on Adult Health and Aging : Demographic and Behavioral Influences on Telomeres and Relationship with All-cause Mortality. Conférence de l’American Society of Human Genetics 2012, San Francisco.

A lire également