La restriction calorique ne bénéficie qu’aux souris obèses, affirme le Journal of Nutrition [1]. Si vous êtes une souris potelée, alors manger moins pourrait vous aider vivre plus longtemps.

Pour une souris mince, et peut-être pour les êtres humains qui le sont aussi comme les auteurs de cette étude le prédisent, la stratégie connue comme étant la restriction calorique pourrait être un exercice inutile, frustrant et même dangereux.

“De nos jours, il y a beaucoup de gens en bonne santé qui ressemblent à des squelettes parce qu’ils s’y sont mis” dit Raj Sohal, professeur à l’Université de Californie.

Lui et Michael Forster, de l’Université du Texas au Département de la Science de la Santé, ont comparé la durée de vie et la consommation calorique de deux lignées de souris génétiquement modifiées.

La lignée “grasse” a doublé son poids dans sa vie adulte. Cette lignée tire profit d’une restriction calorique, dit Sohal.

La souris “mince”, n’est pas devenue obèse. La restriction calorique n’a pas augmenté la durée de vie de cette souris, confirmant les travaux précédents de Forster et Sohal.

“Notre étude remet en question le paradigme selon lequel la restriction calorique est universellement bénéfique” dit Sohal. “Contrairement à ce qui est largement répandu et cru, la restriction calorique n’augmente pas la durée de vie de tous les types de souris.”

En mesurant le taux métabolique de l’animal, Sohal et ses collègues en sont venus à une conclusion simple : la restriction calorique n’est utile que lorsqu’un animal mange plus qu’il ne peut éliminer, comme dans le cas d’une souris obèse.

“Votre dépense énergétique et votre consommation calorique devraient être équilibrés” dit Sohal. “C’est aussi simple que ça. Et comment vous le savez ? En prenant ou en perdant du poids.”

“Tout ceci est très simple à comprendre.”

Pour des êtres humains de poids normal, Sohal décommande fortement la restriction calorique. Dans une étude de 2003, lui et Forster ont découvert que la restriction calorique commencée chez des souris âgées raccourcissait en fait leur durée de vie.

Cependant, Sohal déclare que les individus obèses devraient plutôt réduire leurs apports caloriques qu’augmenter leur niveau d’exercice afin de perdre du poids. De l’exercice trop vigoureux peut provoquer des blessures et une usure à long-terme.

En d’autres termes, il vaut mieux éviter le double cheeseburger que faire du tapis roulant en sortant du fast-food.

L’étude de Sohal n’est pas la première à remettre en question les bénéfices prétendument universels de la restriction calorique. Une étude publiée par Ross et al. dans Nature en 1976 [2] avait trouvé que la restriction calorique fonctionnait mieux chez les souris qui prenaient rapidement du poids à l’âge adulte.

Les études sur la restriction calorique, sur les types moyens de souris, ont montré une augmentation minimale de la durée de vie, ajoute-t-il. Maintenant, les chercheurs veulent comprendre pourquoi les souris obèses ont un taux métabolique plus lent qui leur fait prendre du poids.

Références :

[1] Life Span Extension in Mice by Food Restriction Depends on an Energy Imbalance. J. Nutr. (janv. 13, 2009).

[2] Dietary practices and growth responses as predictors of longevity. Nature 262, 548 – 553

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