Le fait de rester actif vous permet de vieillir de la meilleure façon qui soit, selon une étude du King’s College de Londres et de l’Université de Birmingham [1]. En effet, une étude sur des cyclistes amateurs les plus âgés a trouvé que beaucoup d’entre eux ont des niveaux de fonctionnement physiologiques qui les placeraient au niveau de la plupart des plus jeunes par rapport à la population générale ; ce qui réfute l’hypothèse commune selon laquelle le vieillissement vous rend automatiquement plus fragile.
Cette étude a recruté 84 hommes et 41 femmes qui étaient des cyclistes très réguliers, âgés entre 55 et 79 ans, pour voir comment le processus du vieillissement affectait le corps humain, et si des marqueurs physiologiques précis pouvaient être utilisés pour déterminer leur âge.
Les cyclistes ont été recrutés pour exclure les effets d’un mode de vie sédentaire, ce qui peut aggraver les problèmes de santé et causer des modifications dans le fonctionnement du corps qui pourraient sembler être dus au processus du vieillissement. Les hommes et les femmes devaient être capables de pédaler respectivement 100 kilomètres en moins de 6 heures et demie, et 60 km en 5 heures et demie pour être inclus dans cette étude. Les fumeurs, ceux qui buvaient beaucoup d’alcool et ceux qui avaient une tension artérielle élevée ou qui souffraient d’autres problèmes de santé ont été exclus de l’étude.
Les participants ont subi deux jours de tests en laboratoire. Pour chacun d’entre eux, un profil physiologique a été établi qui comprenait des mesures du fonctionnement cardiovasculaire, neuromusculaire, métabolique, endocrine et cognitif, de la force/solidité de leurs os ainsi que sur la santé et le bien-être. Les réflexes des volontaires, la force musculaire, la consommation d’oxygène pendant l’exercice et la puissance explosive maximale pendant qu’ils pédalaient ont aussi été évalués.
Les résultats de l’étude ont montré que chez ces individus, les effets du vieillissement étaient bien loin d’être évidents. En effet, des personnes d’âge différent pouvaient avoir des niveaux de fonctionnement similaires comme la force musculaire, la capacité pulmonaire et la forme physique. La consommation maximale d’oxygène montre une association avec l’âge, mais même cet élément ne peut pas être identifié ou associé avec précision avec l’âge de quelque individu qui soit, ce qui serait pourtant indispensable pour tout biomarqueur utile du vieillissement.
Dans un test basique, mais cependant important, visant à tester l’état physique de personnes âgées : le temps qu’ils mettent pour se lever d’une chaise, pour marcher trois mètres, pour tourner, pour marcher en arrière et s’assoir, a aussi été mesuré. Le fait de mettre plus de 15 secondes pour compléter cette tâche indique en général un risque élevé de chutes. Or, même les participants les plus vieux de l’étude étaient bien en-dessous de ces niveaux, et se situaient dans la norme des jeunes adultes en bonne santé.
Globalement, l’étude a conclu que le vieillissement est probablement un phénomène qui est fortement individuel. Comme les gens sont très différents, l’équipe de scientifiques a conclu qu’il faudra plus d’études pour suivre dans le temps les mêmes individus en bonne santé qui font de l’exercice physique afin de mieux comprendre les effets du vieillissement sur le corps.
L’auteur de l’étude, le Dr Ross Pollock, déclare : “une part essentielle de nos travaux était de décider quels volontaires devaient être sélectionnés pour explorer les effets du vieillissement. Le principal problème, auquel doit faire face la recherche dans le domaine de la santé, est que dans les sociétés modernes, la majorité de la population est inactive. Un style de vie sédentaire cause des problèmes physiologiques à tout âge. D’où la confusion pour ce qui est de savoir dans quelle mesure le déclin du fonctionnement du corps est dû au processus naturel du vieillissement, et dans quelle mesure cela est dû aux effets combinés du vieillissement et de l’inactivité.”
“Dans de nombreux modèles sur le vieillissement, la longévité est la mesure principale, mais chez les êtres humains, cela est beaucoup moins important que les conséquences de la détérioration de la santé. L’espérance de vie en bonne santé ne tient pas le rythme de l’augmentation de l’espérance de vie, et les années que nous passons malades et handicapés en vieillissant augmentent.”
Le Professeur Stephen Harridge, du King’s College de Londres, ajoute : ” étant donné que la plupart de la population est largement sédentaire, la tendance est de supposer que l’inactivité est une condition inévitable pour les humains. Cependant, comme notre héritage génétique provient d’une période où la norme était à des niveaux d’activité physique très élevés, le fait d’être physiquement actif devrait être considéré comme jouant un rôle essentiel pour conserver la santé et son bien-être durant toute la vie.”
Inévitablement, nos corps vivront un certain déclin en vieillissant, mais le fait de rester physiquement actif peut permettre de gratter quelques années supplémentaires de bon fonctionnement par rapport aux personnes sédentaires. Le fait de faire du vélo, par exemple, non seulement vous permet d’être mentalement plus alerte, mais exige aussi une utilisation vigoureuse de la plupart des systèmes clés du corps humain tels que les muscles, le cœur et les poumons, qu’il faut garder en bonne santé pour réduire les risques associés à de nombreuses maladies.”
Références :
[1] An investigation into the relationship between age and physiological function in highly active older adults. Ross Pollock, Scott Carter, Cristiana Velloso, Niharika Duggal, Janet Lord, Norman Lazarus, Stephen Harridge. The Journal of Physiology.