Des chercheurs affirment qu’il faut rapidement réaliser plus d’études pour comparer l’efficacité de l’exercice physique et des médicaments afin de pouvoir aider les médecins et les patients à prendre les meilleures décisions de traitement [1]. Dans le même temps, ils déclarent que le sport “devrait être considéré comme une alternative viable ou complémentaire aux médicaments “.
L’activité physique apporte des bénéfices à la santé bien documentés, pourtant seuls 14% des adultes au Royaume-Uni font régulièrement de l’exercice, avec environ un tiers des adultes qui respectent les niveaux d’activité physique recommandés. A contrario, les prescriptions de médicaments continuent de s’envoler pour atteindre une moyenne de 17,7 prescriptions par personne en 2010, comparée à 11,2 en 2000.
Mais il existe à ce jour peu de preuves sur la façon dont l’exercice physique réduit le risque de décès par les maladies les plus fréquentes comparé aux médicaments. Cela se comprend étant donné l’énorme implication financière des médicaments, alors qu’inviter les patients à simplement faire du sport régulièrement ne rapporte rien aux laboratoires pharmaceutiques.
Ainsi, des chercheurs ont cherché à comparer l’efficacité de l’exercice physique contre les médicaments sur la mortalité à travers quatre conditions (la prévention secondaire des maladies de cœur coronariennes, la récupération suite à une attaque, le traitement de l’insuffisance cardiaque et la prévention du diabète).
La prévention secondaire fait référence au traitement des patients qui ont une maladie déjà existante avant qu’elle ne leur cause d’importants soucis de santé.
Ils ont analysé les résultats de 305 études contrôlées et randomisées qui impliquaient 339274 individus, et n’ont pas trouvé de différences statistiquement détectables entre l’exercice physique et les interventions à base de médicaments pour la prévention secondaire des maladies cardiovasculaires et la prévention du diabète.
Parmi les patients qui ont eu une attaque, le sport était plus efficace que les médicaments, tandis que pour les insuffisants cardiaques, les médicaments diurétiques étaient plus efficaces que l’exercice et que tous les autres types de médicaments.
Les auteurs font remarquer que la quantité de preuves scientifiques sur les bénéfices de l’exercice sur la mortalité est considérablement plus faible que sur les médicaments, et que ceci pourrait avoir eu un impact sur les résultats de leur recherche et comparaison.
Ils ajoutent que cette “tache aveugle” dans les preuves scientifiques disponibles empêche les prescripteurs et leurs patients de bien saisir les circonstances cliniques où les médicaments pourraient n’apporter qu’une modeste amélioration, alors que l’exercice pourrait apporter des gains pour la santé plus profonds et plus durables.
Malgré cette incertitude, ils déclarent qu’à partir des données disponibles, l’activité physique est potentiellement aussi efficace que de nombreux médicaments, et appellent à faire plus d’études pour traiter la disparité existante entre l’exercice physique et les preuves reposant sur les traitements à base de médicaments.
“Dans les cas où les médicaments n’apportent que de faibles bénéfices, les patients méritent de comprendre l’impact relatif que l’activité physique peut avoir sur leur condition” concluent-ils.
Références :
[1] Comparative effectiveness of exercise and drug interventions on mortality outcomes : metaepidemiological study. BMJ, 2013 ; 347. doi : http://dx.doi.org/10.1136/bmj.f5577.