Depuis le manchon sur le bras qui tirait d’Allen Iverson aux chaussettes hautes des marathoniens, il existe foison de vêtements de compression pour toutes sortes de sportifs de nos jours. Mais les habits de compression ont fait du chemin depuis la vague des lycras multicolores qui inondaient les salles de gym dans les années 1980.
La première vague de vêtements de compression pour le sport apportaient des aides en rafraîchissant, en gérant la transpiration, en réduisant la friction et un meilleur soutien. Ces vêtements modernes de compression, au contraire, sont conçus pour comprimer vos bras et jambes suffisamment fort pour modifier le flux de sang et stabiliser les vibrations dans vos muscles, ce qui aurait pour résultat des déclarations audacieuses de puissance augmentée, d’une meilleure endurance et d’une récupération plus rapide.
Ces nouveaux vêtements sont les descendants directs des vêtements de contention médicaux, les jambières, qui ont été utilisées pendant des années pour traiter les caillots de sang et les troubles de la circulation sanguine. L’essentiel est qu’ils déploient une compression “graduée” : ils compriment de plus en plus fermement en même temps qu’ils s’éloignent du coeur, ce qui réduit l’accumulation de sang dans les jambes et accélère le retour du sang vers le coeur [1].
L’un des bénéfices les plus manifestes qu’apporte la compression pour les athlètes est une récupération plus rapide des courbatures musculaires, les douleurs qui apparaissent après une séance intense d’exercice physique inhabituel. Le fait de porter un habit de compression autour des muscles affectés semble permettre de contrôler les gonflements et, bien que cela augmente la circulation, accélère le retrait des déchets cellulaires [2].
Ce qui est plus sujet à controverse est la recherche gravitant autour des mouvements explosifs tels que le sprint et le saut. Un article de 1996 de William Kraemer [3], chercheur à l’Université du Connecticut, a trouvé que les joueurs de volley-ball qui portaient des chaussettes de compression étaient capables de produire plus de puissance dans leurs sauts verticaux. L’une des théories était que le soutien physique apporté par les vêtements réduisait les oscillations non désirées et les chocs du muscle, c’est l’argument rationnel sous-jacent aux shorts de compression pour les joueurs de basketball, bien que des études plus récentes aient produit des résultats contradictoires.
Pour les coureurs et les cyclistes, le principal pour gagner en endurance potentielle est la “pompe du muscle du mollet” : à chaque pas ou coup de pédale, le serrage et le desserrage du mollet comprime le sang le renvoyant vers le coeur. Les chaussettes de compression qui couvrent le mollet apportent une pression supplémentaire qui augmente cette action de pompage, en accélérant le flux d’oxygène exigé pour des muscles au travail. Ce pompage augmenté est si puissant que certains chercheurs pensent qu’il n’y a aucun bénéfice au fait de porter des jambières sur toute la hauteur de la jambe plutôt que des chaussettes jusqu’au genou seulement.
Les tests sur cette prétendue amélioration de l’endurance n’ont cependant pas été concluants, en partie, selon les auteurs des études, parce qu’il est trop difficile d’appliquer exactement le même niveau de compression à des gens dont les mollets ont différentes tailles et différentes formes. “Personne n’a réellement réussi à déterminer définitivement quel niveau de compression améliorait la performance” disent-il. Certaines études sur des coureurs et des cyclistes [4] ont trouvé une performance améliorée dans les temps des essais, ou des modifications dans les mesures physiologiques, comme l’oxygénation des muscles, quand les sujets portaient des chaussettes de compression, d’autres n’ont pas réussi à reproduire ces résultats.
Le plus révélateur, sans doute, est une étude présentée par des chercheurs de l’Université de l’Indiana en 2010 [5]. Un groupe de 16 volontaires a couru à trois vitesses différentes avec ou sans chaussettes de compression, et les chercheurs n’ont trouvé aucune différence en moyenne dans l’économie de la course à pieds, ni dans les foulées des coureurs. Mais quand ils ont analysé plus minutieusement les résultats individuels, ils ont trouvé que quatre des participants avaient vécu une augmentation importante de l’économie de course, tandis que quatre autres ont vécu une baisse significative.
De façon intéressante, les sujets dont l’économie de course a été améliorée étaient ceux qui avaient déclaré dans un questionnaire précédant l’expérience, qu’ils s’attendaient à ce que les chaussettes les aident. Il peut donc y avoir une forte composante psychologique dans les effets de la compression. Peut-être que si vous avez un sentiment et un a priori positifs sur les vêtements de compression, que vous les appréciez, alors ils marcheront bien sur vous. C’est en fait une réponse très individuelle.
Références :
[1] A. Bringard et al. Compression élastique externe et fonction musculaire chez l’homme, Science & Sports, 2007, 22, 3-13.
[2] Duncan French et al. The effect of contrast bathing and compression therapy on muscular performance, Medicine & Science in Sports & Exercise, 2008, 40(7), 1298-1307.
[3] William Kraemer et al. Influence of compression garments on vertical jump performance in NCAA Division I volleyball players. Journal of Strength and Conditioning Research, 1996, 10(3), 180-183 .
[4] Aaron Scanlan et al. The effects of wearing lower-body compression garments during endurance cycling. International Journal of Sports Physiology and Performance, 2008, 3(4), 424-438.
[5] Wolfgang Kemmler et al. Effect of compression stockings on running performance in men runners. Journal of Strength and Conditioning Research, 2009, 23(1), 101-105.