Une étude sur des coureurs de cross-country, publiée dans le Journal of Exercise Science [1] a trouvé qu’une élévation importante de la testostérone en compétition, ce que certains appellent “l’effet gagnant”, n’est en fait pas associée à la victoire.

“Nombreux sont ceux qui, dans la littérature scientifique et dans la culture populaire, associent l’augmentation de la testostérone à la victoire,” dit l’auteur de l’étude. “Pourtant, dans cette étude, nous avons trouvé une importante augmentation de la testostérone pendant une course et ce quel que soit le temps des coureurs à l’arrivée. En fait, l’un des coureurs qui avait les élévations les plus importantes de testostérone a terminé avec l’un des plus mauvais temps.”

Cette étude qui a analysé des échantillons de salive des participants, a aussi montré que les niveaux de testostérone s’élevaient chez les athlètes pendant la période d’échauffement. “Il est surprenant de voir que non seulement la compétition en soi, quels que soient les résultats, augmente substantiellement la testostérone, mais aussi que la testostérone commence à augmenter avant que la compétition ait même commencé, bien avant que les statuts de gagnants ou de perdants soient déterminés,” dit Casto.

Les prélèvements d’hormones ont été faits depuis 1999 sur des équipes sportives d’Emory qui étaient volontaires pour participer. La recherche comprenait d’abord des athlètes féminines. Le laboratoire a développé un questionnaire pour mesurer les statuts des athlètes. Les membres de l’équipe de recherche ont évalué les qualités de leader des autres individus de l’équipe, afin de donner un score d’évaluation combiné pour chacun des athlètes participants.

Beaucoup des études précédentes en laboratoire impliquaient des sports comme le volleyball et le football qui exigeaient une coordination d’équipe, une fatigue physique intermittente et des résultats d’équipe globaux seulement de victoire ou de défaite. Les auteurs de la présente étude voulaient quant à eux savoir comment les hormones étaient associées aux résultats de la performance individuelle, notamment dans des courses de cross-country.

Les courses de cross-country se font à la fois en équipe et individuellement. Les équipes sont évaluées via un système de points, mais les coureurs sont aussi jugés sur leurs temps individuels, qui donnent le palmarès de leur réussite lors d’une compétition. “Le cross-country est un sport un peu unique dans son genre. Il associe la motivation de faire de la compétition et la persévérance contre la douleur sur une période de temps relativement longue,” dit le chercheur. “C’est une expérience intense.”

Les participants de l’étude étaient des hommes et des femmes composant des équipes de cross-country en 2010 et 2011. Chaque participant a donné trois échantillons de sa salive : un avant l’échauffement (pour servir de point de départ), un après l’échauffement et un troisième immédiatement après que le coureur ait atteint la ligne d’arrivée.

Les niveaux de testostérone se sont élevés au-delà du niveau de base à la fois pour les femmes et les hommes pendant leur échauffement, tandis que les niveaux de cortisol, une hormone associée au stress, ne se sont pas élevés. À la fin de la course, les femmes comme les hommes ont affiché des augmentations attendues de cortisol et de poussée de testostérone. En revanche, aucun niveau d’hormone n’était associé au temps à l’arrivée.

Cette recherche a été suivie par une autre étude en 2013 sur des athlètes féminines dans différents types de sports, publiée dans Hormones & Behavior. Ils ont découvert que quand les niveaux de cortisol étaient bas et les niveaux de testostérone étaient élevés, le statut de la co-équipière était plus élevé.

Le corps utilise le cortisol pour des fonctions vitales comme pour métaboliser le glucose. “Sur des périodes courtes, une augmentation du cortisol peut être une bonne chose, mais sur de longues périodes de stress chronique, ce n’est pas bon,” dit Casto. “Au sein des groupes d’athlètes féminines, le fait d’atteindre un certain statut peut nécessiter un équilibre délicat entre le stress et les actions et comportements réalisés en tant que meneur d’équipe.”

Des niveaux de base élevés en testostérone ont été associés à la force et à la puissance sur le long terme, comme dans le cadre de positions et statuts élevés dans des sociétés. “Bien que les poussées de testostérone à court terme en compétition aient été associées à la victoire, elles pourraient plutôt être des indicateurs d’une force psychologique ou mentale pour la compétition, l’élément moteur pour gagner en quelque sorte,” conclut le chercheur.

Références :

[1] Kathleen V. Casto, Christopher Elliott, David A. Edwards. Intercollegiate Cross Country Competition : Effects of Warm-up and Racing on Salivary Levels of Cortisol and Testosterone. International Journal of Exercise Science, Vol. 7 : Iss. 4, Art. 8.

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