Les hormones naturelles ou bio-identiques sont des produits dérivés des plantes qui ressemblent fortement aux œstrogènes, à la progestérone et à la testostérone produits par le corps humain. Les hormones sont fabriquées (composées) en pharmacie pour fournir des doses individualisées visant à soulager les symptômes de la ménopause.

Les thérapies aux hormones bio-identiques sont proposées comme une alternative naturelle, sans danger et sans risques, qui inverseraient l’horloge biologique, augmenteraient le désir sexuel voire lutteraient contre le cancer. Mais non seulement le terme de ” bio-identique” est inapproprié dans ce contexte, mais ces produits posent un risque pour la santé [1].

L’industrie des hormones bio-identiques est de plus en plus populaire et son chiffre d’affaires ne cesse de croitre. Elle a été alimentée en partie par les résultats de l’étude American Women’s Health Initiative [2] de 2002. Les auteurs de l’étude ont rapporté que les thérapies conventionnelles de substitution hormonale contribuaient à augmenter les risques de maladie cardiovasculaire, les cancers du sein, les thromboses veineuses et les accidents vasculaires cérébraux.

Un certain nombre d’analyses qui ont suivi ont montré que les conclusions de l’étude ont été incorrectement rapportées. Mais ces résultats, qui ont reçu beaucoup de publicité, continuent à avoir un effet négatif sur la perception que les femmes ont de la sécurité des thérapies de substitution hormonale.

Les examens et études qui ont suivi ont trouvé que le fait de donner des thérapies de substitution hormonale aux femmes qui ont des symptômes au début de leur cinquantième année (et non à 60 ou 70 ans) améliorait leurs symptômes de la ménopause et augmentait la qualité de leur vie. Cela pouvait réduire le risque de décès prématuré, de maladie cardiaque, de fractures, de cancers colorectaux et de l’endomètre (avec une thérapie associée continue) et le diabète.

Il a aussi été trouvé que toute augmentation du risque de cancer du sein est généralement négligeable pour celles qui ont eu moins de cinq ans de thérapie. Alors que les risques de la thérapie de substitution hormonale sont connus, on ne peut pas dire la même chose des hormones bio-identiques, qui n’ont pas fait l’objet de tests rigoureux. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas autorisées en Australie, ni par la FDA américaine.

L’industrie des hormones bio-identiques a aussi fait un certain nombre de déclarations non fondées qui doivent être corrigées :

Les hormones bio-identiques sont plus naturelles

Le terme de “naturel” implique que le produit ne soit pas synthétique ni artificiel, ce qui est trompeur. Toutes les préparations dérivées des plantes passent par un processus d’extraction pour synthétiser le produit final.

Un autre mensonge est de dire que les hormones bio-identiques ressemblent plus aux hormones présentent dans notre corps. Les œstrogènes, la progestérone et la testostérone utilisés dans les produits bio-identiques sont les mêmes que ceux utilisés dans de nombreuses formes de thérapies de substitution hormonale classique.

Les hormones bio-identiques sont personnalisées pour correspondre aux besoins individuels de chaque femme

Les hormones bio-identiques, qui peuvent être commandées par internet, affirment enregistrer les niveaux d’hormones par un test de la salive comme moyen de personnaliser la thérapie. Il y a deux problèmes avec cette approche. Premièrement il n’y a aucune preuve d’une relation entre les symptômes et des hormones mesurées par la salive, ni entre le test salivaire et les niveaux de tissu hormonal.

Deuxièmement, le test des hormones n’est pas un indicateur fiable des niveaux d’hormones à cause des fluctuations irrégulières, et tout particulièrement à la période proche de la ménopause. Ainsi, le fait d’affirmer que les dosages sont personnalisés à un profile hormonal donné ne repose pas sur de la science. La seule méthode pour pouvoir jauger l’efficacité d’une thérapie hormonale pour soulager les symptômes est par les comptes-rendus des patients.

Les hormones bio-identiques sont sans danger

Les fabricants d’hormones bio-identiques affirment que leurs produits sont sûrs, plus efficaces et sont moins susceptibles de causer des cancers du sein ou de l’utérus. Il n’y a actuellement aucune preuve qui confirme ces déclarations. Mais il y a des preuves que l’inverse qui est vrai.

L’absence de contrôles sur la qualité et les différences de pureté, sur la puissance et l’absorption des hormones bio-identiques peut conduire à un sous-dosage ou à un surdosage. Le problème le plus important est celui du sous-dosage de la progestérone, qui protège l’utérus des cancers. Il a déjà été montré qu’il était la cause de plusieurs cas de cancers de l’endomètre [3].

Inversement, il a été trouvé que les femmes qui prennent des hormones bio-identiques avaient des niveaux très élevés d’œstrogènes.

Conclusion

Les femmes ménopausées ont fait l’objet d’une avalanche de fausses promesses relatives aux thérapies aux hormones bio-identiques, et elles pourraient ne pas être conscientes des risques potentiels.

Enfin, les thérapies conventionnelles de substitution hormonale approuvées par les instances sanitaires, dans les dosages les plus faibles, sont sûrs et sans risques à court terme pour soulager les symptômes des femmes qui ont 50 ans.

Références :

[1] J Clin Endocrinol Metab. 2010 Jul ;95(7 Suppl 1):s1-s66. doi : 10.1210/jc.2009-2509. 2010. Postmenopausal hormone therapy : an Endocrine Society scientific statement.

[2] http://www.nhlbi.nih.gov/whi/

[3] Three cases of endometrial cancer associated with “bioidentical” hormone replacement therapy. John A Eden, Neville F Hacker and Michael Fortune. Med J Aust 2007 ; 187 (4) : 244-245.

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