Les méthodes de récupération diverses et variées font florès dans le monde du sport, notamment chez les athlètes de haut niveau. Mais la question fondamentale qui demeure est : est-ce que ces méthodes de récupération marchent réellement ? Pour des techniques comme les massages, la glace, la chaleur, les antioxydants, la compression, etc., notre connaissance est relativement limitée sur ce qu’elles produisent sur l’organisme, ou ce qu’elles ne produisent pas.

Une étude de chercheurs Australiens, sur des méthodes de récupération, a été publiée dans le Journal of Strength and Conditioning Research [1]. Cette étude a demandé à huit nageurs de compétition de haut niveau (d’un niveau national à Olympique) de réaliser trois entrainements épuisants, suivis par trois protocoles de récupération :

 L’un qui consistait en une immersion dans de l’eau pour créer un choc thermique : alterner une minute dans de l’eau à 12°C, et une minute dans de l’eau à 38°C pendant 10 minutes, protocole répété 10 minutes plus tard.

 Une inspiration de gaz hyper-oxygéné : le gaz inspiré était constitué à 99,5% d’oxygène pendant 10 minutes, répété 10 minutes plus tard.

 Un groupe contrôle qui se tournait les pouces en se reposant pendant une demi-heure.

Il y a eu trois mesures de résultats de base : un compte-rendu des athlètes qui devaient dire comment ils se sentaient (mesure subjective et personnelle) ; un test physique pour voir comment ils performaient dans une course de 200 mètres le lendemain de l’entraînement (mesure objective de la performance) ; et comment leur réaction inflammatoire était affectée, déterminée par des mesures sanguines de l’interleukine-6 (mesure objective physiologique).

Les résultats étaient identiques à ceux d’autres études sur d’autres techniques de récupération en tous genres : les deux interventions de récupération ont fait que les athlètes se sentaient mieux, mais elles n’avaient aucun effet sur la performance du lendemain ni sur les tests sanguins.

Bien entendu, une étude sur huit athlètes seulement peut difficilement être considérée comme définitive étant donné le faible échantillon, car il est très difficile d’isoler les changements les plus subtils pouvant apporter un bénéfice pratique aux sportifs. Et il se pourrait tout simplement que l’interleukine-6 ne soit pas le marqueur le plus pertinent à analyser. Cependant, la conclusion que les chercheurs de cette étude ont tirée de leurs résultats vaut le coup d’œil :

“En résumé, il apparaît que le recours à l’immersion contrastée dans de l’eau à différentes températures, ou à de l’oxygène complémentaire, délivrés immédiatement après l’exercice physique, n’atténuent pas la réaction de la phase aigue de cytokine, et n’apporte pas plus de preuve pour suggérer qu’il y ait un bénéfice de la performance sportive le lendemain de l’entrainement.

Cependant, il est évident que chacune de ces stratégies de récupération augmente la perception de l’athlète d’une meilleure récupération, plus que quand il n’y a aucune intervention du tout. Quoi qu’il en soit, on peut considérer que toute action réalisée pour augmenter la perception de récupération de l’athlète après l’exercice physique pourrait être bénéfique tant qu’il n’y a pas de conséquences négatives sur la performance”.

En d’autres termes, si on se sent bien et qu’il n’y a aucune raison de penser que cela va faire de mal, alors pourquoi pas ? Nous avons affaire ici à un plébiscite de l’effet placebo. Évidemment le contre-argument à cette position est que ces méthodes de récupération prennent beaucoup de temps et peuvent coûter pas mal d’argent, tout cela pour une impression surtout subjective de récupération, et qui pourraient masquer les adaptations du corps à l’entraînement.

Alors qu’en conclure ? C’est plutôt confus pour de nombreux sportifs. Le mieux serait de s’en tenir à une position centrale, modérée. Car même si les éléments de preuve en leur faveur sont on ne peut plus maigres, il est tout à fait possible d’avoir recours à ce type de méthodes de récupération si l’on sent que cela permet de mieux se sentir subjectivement. Si la réponse placébo est à son comble alors pourquoi ne pas en profiter ? Mais surtout, éviter d’y avoir recours de manière excessive, surtout pendant des entraînements très lourds et si leurs coûts financiers sont prohibitifs.

Références :

[1] Recovery effects of hyperoxic gas inhalation or contrast water immersion on the postexercise cytokine response, perceptual recovery, and next day exercise performance. Peeling P, Fulton S, Sim M, White J. J Strength Cond Res. 2012 ; 26(4):968-75.

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