Une recherche sur le cerveau de l’Université du Michigan pourrait expliquer pourquoi certains médicaments bidon marchent mieux chez certaines personnes que chez d’autres, ce qui pourrait être utilisé en vue d’améliorer les tests pour de nouveaux traitements.

Etes-vous doué pour ce qui est de faire face aux difficultés de la vie ? Les autres vous considèrent-ils comme un individu droit et honnête ? Aidez-vous les autres sans en attendre quoi que ce soit en retour ?

Ces traits de personnalité pourraient faire plus que vous aider à gagner un concours de popularité. Selon une étude de chercheurs en neuroscience de l’Université du Michigan, ces qualités pourraient aussi vous rendre plus susceptibles d’être soulagé de la douleur par le recours au placébo, ou faux médicament.

Les chercheurs ont montré que ce n’est pas simplement le fait de vous dire et de croire que le faux traitement fonctionne ou non. Vos propres éléments chimiques analgésiques naturels pourraient en effet réagir différemment à la douleur selon votre propre personnalité. Si vous êtes plus du genre colérique et hostile, un placébo ne marchera pas beaucoup sur vous.

L’étude, publiée dans le journal Neuropsychopharmacology [1], a établi un lien précis entre des traits de personnalité et la susceptibilité à l’effet placébo d’un faux médicament contre la douleur. Les chercheurs ont montré qu’il existait un lien entre certains traits de personnalité et la façon dont des individus affirmaient se sentir quand ils ont reçu un placebo, tout comme les niveaux d’un élément chimique spécifique que leur cerveau libérait.

Les chercheurs ont réalisé leur étude avec 50 volontaires en bonne santé, femmes et hommes, âgés entre 19 et 38 ans. Ils leur ont fait faire une batterie de tests psychologiques qui les ont aidés à identifier les traits de personnalité les plus prégnants chez chaque individu, puis les ont allongés dans un scanner à tomographie par émission de positons (PET machine) pour faire une image de leur cerveau.

Ils ont dit aux volontaires qu’ils allaient avoir une douleur provenant d’eau salée injectée dans le muscle de leur mâchoire, et qu’un analgésique, en fait un placebo, serait injecté certaines fois. Ils ont demandé aux patients d’évaluer les soulagements qu’ils s’attendaient à recevoir avant que l’expérience commence. Puis, pendant la période de 20 minutes, quand les volontaires recevaient l’eau salée et/ou “l’analgésique”, ils leur ont demandé de dire si ce dernier était efficace.

Les scanners ont fait des images des cerveaux des volontaires, ce qui a permis aux chercheurs de voir quelle quantité d’analgésiques naturels, les opioïdes endogènes, était libérée dans certaines aires du cerveau pour chaque sujet testé dans des conditions douloureuses ou “analgésiques”. Ils ont aussi prélevé du sang des patients pendant l’expérience, et ont mesuré les niveaux de cortisol, un élément chimique provoqué par le stress.

Après les tests, les chercheurs ont réalisé des analyses statistiques sophistiquées pour déterminer quels traits de personnalité influençaient les évaluations de la douleur, les réactions chimiques dans le cerveau et les niveaux de cortisol. Bien que les niveaux de cortisol ne semblaient pas être influencés par les traits de personnalité ni l’effet placebo, l’activation des opioïdes endogènes provoquée par le placebo, tout comme les niveaux d’intensité de la douleur telle qu’évaluée par les patients, l’étaient quant à eux.

Ils ont montré qu’environ un quart de la réponse placébo s’expliquait par des caractéristiques comme la résilience, l’honnêteté, l’altruisme ou la colère/haine, tels que mesurés par des tests standardisés. D’autres traits de personnalité n’apparaissent pas être associés aux réponses placébo. Ces résultats ne proviennent cependant que de quelques douzaines de volontaires en bonne santé, et devront être confirmés par d’autres expériences plus larges et sur des groupes plus disparates.

S’ils se confirment, les résultats pourraient aider les chercheurs qui étudient les nouveaux médicaments et d’autres traitements, domaine où les réponses placebos peuvent réellement troubler les résultats et obscurcir les conclusions pour savoir si une thérapie fonctionne vraiment.

“Nous avons commencé cette étude non pas pour seulement analyser les mesures qui pourraient sembler les plus associées aux réponses placébo, comme peut l’être l’impulsivité ou la recherche d’une récompense, mais avons exploré des associations potentielles plus larges sans hypothèse de départ particulière” explique-t-il. “Nous en sommes arrivés à découvrir que l’influence la plus importante vient de facteurs associés à la résilience individuelle, à la capacité à résister et à dépasser les facteurs de tension et les situations difficiles. Les personnes avec ces facteurs avaient les meilleures aptitudes pour prendre l’information environnementale – le placebo – pour la convertir en changements biologiques”.

Ces résultats peuvent avoir des implications dans les relations médecin/patient. Par exemple les patients qui ont certains traits de personnalité et qui vivent certaines réponses placebos pourraient aussi être plus susceptibles de s’associer avec leurs docteurs sur leurs soins, et débattre ouvertement de tous les problèmes qu’ils rencontrent à propos de leurs réactions avec un traitement.

– L’effet placebo : Le pouvoir de guérir. Danielle Fecteau.

Références :

[1] Personality Trait Predictors of Placebo Analgesia and Neurobiological Correlates. Marta Peciña, Hamdan Azhar, Tiffany M Love, Tingting Lu, Barbara L Fredrickson, Christian S Stohler, Jon-Kar Zubieta. Neuropsychopharmacology,.

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