L’hormone de la ghréline ne stimule pas seulement le cerveau en le stimulant pour augmenter l’appétit, mais elle favorise aussi l’accumulation de lipides dans les tissus viscéraux, localisés dans la zone abdominale et considérés comme étant les plus nuisibles. C’est la conclusion d’une recherche du Metabolic Research Laboratory de l’Université de Navarre publiée dans le Journal International de l’Obésité [1].
La ghréline est une hormone produite dans l’estomac et dont la fonction est de dire au cerveau que le corps a besoin d’être nourri. Ainsi, le niveau de cette sécrétion augmente avant de manger et diminue après. On sait qu’elle est importante dans le développement de l’obésité, étant donné qu’en stimulant l’appétit, elle favorise une augmentation du poids du corps explique Amaia Rodriguez Murueta-Goyena, docteur en biologie et principal chercheur de l’étude.
Cependant, les chercheurs ont trouvé qu’à côté de la stimulation de l’hypothalamus pour favoriserl’appétit, la ghréline agit aussi sur le cortex tabula rasa. Ils ont observé comment cette hormone favorisait l’accumulation de lipides dans les tissus gras des viscères. Concrètement, elle cause une surexpression des gènes gras qui prennent part dans la rétention des lipides, explique Mme Rodriguez.
C’est précisément cette graisse accumulée dans la région de l’abdomen qui est considérée comme étant la plus nuisible, car elle s’accompagne de comorbidité, une obésité viscérale associée à une tension sanguine élevée ou un diabète de type 2. En outre, en étant localisée dans la zone abdominale et en contact direct avec le foie, ce type de tissus gras favorise la formation de gras dans le foie et augmente les risques de développer une résistance à l’insuline. Normalement, en étant associée à l’hypertension, à des niveaux élevés de triglycérides, à une résistance à l’insuline et une hypercholestérolémie, les chercheurs expliquent que la graisse abdominale favorise le syndrome métabolique.
Selon Rodriguez, la ghréline peut se trouver sous la forme acylée ou désacylée, la différence étant dans l’acide octanoïque présent dans la composition de la première. On pensait auparavant que seule la forme acylée était active dans le processus d’augmentation du poids, mais de nombreuses études ont montré que les deux hormones étaient biologiquement fonctionnelles.
Les médicaments futurs
La découverte de l’action jumelle de la ghréline sur l’organisme ouvre les portes à un futur traitement contre l’obésité, qui se limite pour l’instant à des études in vitro sur des cellules et des modèles animaux. Cette perspective globale du fonctionnement d’une hormone est nécessaire pour pouvoir produire des médicaments efficaces. Il y a de nombreuses hormones qui interviennent dans le contrôle de l’appétit dans l’hypothalamus et, en même temps, qui peuvent agir sur d’autres organes, comme le foie, les muscles ou la graisse par exemple. Ainsi, la médication développée devrait bloquer l’action de la ghréline à la fois sur l’hypothalamus et sur l’accumulation de la graisse abdominale.
En même temps, déclare Melle Rodriguez, il faut prendre en compte le fait que cette hormone agit aussi sur le foie et favorise la capture du glucose dans le muscle. Ils ont observé que la concentration de ghréline de forme acylée dans le sang augmente au sein de la population des personnes obèses, et tout particulièrement quand celles-ci souffrent de diabètes. Les personnes obèses avec du diabète ont une plus grande tendance à accumuler du gras viscéral que les personnes obèses normo glycémiques. C’est un domaine scientifique très peu étudié qui devrait être examiné dans le but de développer des médicaments qui annulent cette action de la ghréline.
Analyse sanguine et stimulation des adipocytes
La recherche du Metabolic Research Laboratory de l’Hôpital Universitaire de Navarra à impliqué l’analyse sanguine de 80 patients, à la fois obèses et maigres, et dans la stimulation des cellules graisseuses par la ghréline à partir d’opérations chirurgicales. Ils ont d’abord analysé les niveaux de ghréline dans le sang. Puis, à partir des biopsies de la graisse viscérale obtenue à partir de 24 patients ayant subi différentes opérations, les adipocytes ou les cellules graisseuses ont été séparés et stimulés avec l’hormone, ce qui a permis aux chercheurs d’évaluer les changements générés dans les gènes qui favorisent l’accumulation de lipides dans ces adipocytes isolés, expliquent-ils.
Références :
[1] Acylated and desacyl ghrelin stimulate lipid accumulation in human visceral adipocytes. International Journal of Obesity. (2009) 33, 541–552