La graisse brune est connue pour protéger le corps contre les températures froides, mais des chercheurs ont découvert que chez les êtres humains ce type de cellules affiche des rythmes circadiens dans leur consommation de glucose [1], qui est un carburant servant à produire de la chaleur. Ces rythmes, qui s’élèvent juste avant le réveil, pourraient avoir évolué en tant que mécanisme de défense thermique pour préparer nos ancêtres pour la chasse et la cueillette durant les froides matinées d’hiver.

“Des variations marquées au jour le jour ont été proposées comme étant un précurseur du diabète,” explique Paul Lee, auteur de l’étude. “Pour les êtres humains modernes qui ne comptent plus sur ce mécanisme pour se protéger du froid, le rythme de la graisse brune consommatrice d’énergie pourrait agir comme un ’effet tampon’ du glucose, en lissant les fluctuations du glucose et en diminuant le stress sur le pancréas.”

Dans la hiérarchie pour la survie, la conservation de la température centrale du corps l’emporte sur le besoin de nourriture et d’eau. En réaction aux températures froides, la graisse brune consomme une grande quantité de glucose et de lipides comme source de carburant pour produire de la chaleur et garder le corps au chaud. De la même façon, l’activation de la graisse brune induite par le froid brule des calories et réduit les niveaux de glucose, et ainsi protège les animaux contre l’obésité et le diabète. Mais on ne sait pas avec certitude si la graisse brune régule les niveaux de glucose en l’absence d’exposition au froid.

Tout en étudiant cette question, les scientifiques ont découvert que les cellules de graisse brune chez les humains affichaient des fluctuations circadiennes dans la consommation de glucose. Dans les échantillons de tissu de graisse brune provenant des patients, les gènes impliqués dans l’assimilation du glucose affichaient des fluctuations rythmiques de leurs niveaux d’activité, avec des pics durant la période située avant le réveil. Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur le rôle de la graisse brune dans sa régulation de l’activité métabolique, au-delà de son rôle principal de producteur de chaleur.

Les chercheurs ont aussi découvert, sur un échantillon de 15 individus, que ceux qui ont beaucoup de graisse brune affichaient une variabilité plus faible de leurs niveaux de glucose sur une période de 12 heures que chez les individus qui avaient relativement peu de graisse brune. L’une des caractéristiques principales du diabète est les grandes fluctuations des niveaux de glucose, qui augmentent le risque de complications telles que les troubles de la vue, les maladies cardiovasculaires, maladies rénales et les problèmes neurologiques.


Ce résumé visuel représente ce que Lee et al. ont trouvé : comment l’utilisation du glucose par la graisse brune chez les humains est couplée à la production de chaleur d’une manière circadienne. Une abondance de graisse brune est corrélée avec une variabilité plus faible de la glycémie, suggérant que la graisse brune pourrait aider à amortir les fluctuations du glucose et à maintenir l’homéostasie du glucose dans tout le corps. Crédit : Lee et al. Cell Metabolism, 2016.

Les chercheurs précisent que ces résultats, bien que très intéressants et prometteurs, ne disent pas que la graisse brune est la solution au diabète, du moins pas pour l’instant. Un régime alimentaire équilibré et de l’exercice régulier constituent les pierres angulaires d’un métabolisme sain qui ne doivent pas être oubliés.

Dans des études futures, les chercheurs prévoient d’examiner si ces rythmes de la graisse brune existent chez les gens souffrant de diabète ou de troubles métaboliques associés. Ils devront aussi étudier avec force détails comment les rythmes de la graisse brune communiquent avec le reste du corps pour contrôler le métabolisme. Le fait d’identifier ce qui active ce rythme de la graisse brune pourrait identifier de nouvelles cibles dans la conception de médicaments, précisent les chercheurs. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour maitriser ce rythme de la graisse brune en réaction au glucose dans un but potentiellement thérapeutique.

Références :

[1] Paul Lee, Ron Bova, Lynne Schofield, Wendy Bryant, William Dieckmann, Anthony Slattery, Matt A. Govendir, Louise Emmett, Jerry Greenfield. Brown Adipose Tissue Exhibits a Glucose-Responsive Thermogenic Biorhythm in Humans. Cell Metabolism, 2016.

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