Une recherche de l’Université de Géorgie (USA) a apporté de nouvelles informations sur les centenaires, en découvrant que la façon dont nous nous sentons et notre capacité à nous adapter à une accumulation d’expériences qui constituent un défi pour la vie, pourraient être plus importantes que les facteurs relatifs à la santé.
La recherche, publiée dans le journal Current Gerontology & Geriatrics Research [1], a eu recours aux données collectées de l’étude sur les centenaires de Géorgie (Georgia Centenarian Study), qui est l’une des deux études du pays à avoir mesuré les facteurs psychologiques et sociaux, en plus des éléments génétiques et de la santé, sur ces survivants. 244 personnes de 100 ans et plus ont été étudiées entre 2001 et 2009. La recherche a découvert que les événements critiques de la vie et personnels, à côté de la façon dont les gens s’adaptent aux situations stressantes et y font face, sont des éléments cruciaux qui expliquent cet âge avancé.
“Le fait de comprendre la santé dans ces termes a d’énormes implications pour la qualité de la vie” dit Leonard Poon, directeur de l’Institut de Gérontologie du College UGA et auteur de l’étude. “Ce qui vous arrive est important, mais plus important encore est votre perception de ce qui vous arrive, qui est réellement crucial pour votre santé personnelle.”
Une grande partie de la recherche existante sur les individus les plus âgés s’est concentrée sur les facteurs relatifs à la santé, mais les chercheurs ont trouvé que les sentiments des centenaires à propos de leur santé, de leur bien-être et des systèmes de soutien, plutôt que des mesures de la tension artérielle et du taux de sucre dans le sang, sont des indicateurs plus forts de l’espérance de vie.
La personnalité détermine aussi la façon dont les centenaires réagissent au stress de la vie et aux changements, ainsi que s’ils étaient aussi heureux à cet âge avancé que quand ils étaient jeunes. L’étude a trouvé que les personnalités névrosées tendaient à être en moins bonne santé.
Un individu qui est confronté à une situation stressante peut soit trouver une solution émotionnelle rapide, soit ruminer le problème. “L’un est très destructeur en termes de bien-être général, l’autre constitue une bonne adaptation” dit Poon.
Une autre recherche, tirée de l’étude des centenaires de Géorgie, a comparé la fonction physique des personnes âgées qui vivent en communauté avec celles qui vivent dans des maisons de retraites, et a découvert que l’activité physique diminuait d’environ un tiers lorsque les résidents en communauté déménageaient pour aller vivre dans des maisons de retraite. Cette diminution de l’activité physique accélérait le déclin de la santé.
“En comprenant ce déclin physique, les personnels de soins pourront aider à maintenir une qualité de vie élevée pour les centenaires par un soutien plus approprié” explique un chercheur de l’étude. “Nous avons développé une échelle pour évaluer la performance physique, ce qui n’avait jamais été fait avec des centenaires. Celle-ci pourra être utilisée lors de futures recherches pour prédire quand les gens auront besoin d’aide. Ils doivent savoir comment le planifier.”
Bien que rares, les centenaires constituent un segment croissant de la population. Leur nombre va exploser dans les années à venir, ce qui rend toute information sur leur bien-être de plus en plus importante. 15 000 centenaires en 2010 en France, contre peut-être 200 000 en 2060.
Poon ajoute qu’un des phénomènes présent dans le monde est que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Dans les pays industrialisés comme les États-Unis, la France et le Japon, 5 à 6 femmes atteignent les 100 ans pour un seul homme. Seule la Sardaigne a un ratio d’un pour un.
Références :
[1] Leonard W. Poon, Peter Martin, Alex Bishop, Jinmyoung Cho, Grace da Rosa, Neha Deshpande, Robert Hensley, Maurice MacDonald, Jennifer Margrett, G. Kevin Randall, John L. Woodard, L. Stephen Miller. Understanding Centenarians’ Psychosocial Dynamics and Their Contributions to Health and Quality of Life. Current Gerontology and Geriatrics Research, 2010 ; 2010 : 1.