Le fait de mesurer ce qui est connu comme étant des “fonctions exécutives”, qui reflètent les aptitudes cognitives à traiter les problèmes qui se présentent soudainement, pourrait permettre de prédire la façon dont un joueur de foot se comportera dans le futur sur un terrain. Dans une étude de l’Institut Karolinska, des scientifiques pensent avoir trouvé le moyen scientifique de ce que d’aucuns décrivent comme étant “l’intelligence du jeu” dans la réussite des joueurs de foot.

On sait depuis longtemps que la dextérité physique et la maitrise de la balle ne sont pas suffisantes pour devenir un bon footballeur. Le troisième élément vital souvent mentionné est l’intelligence du jeu, qui est la capacité de “lire” le jeu, d’être toujours à la bonne place au bon moment, et de mettre des buts. Nombreux sont ceux qui considèrent l’intelligence du jeu comme étant une aptitude presque magique, quelque-chose qu’il est impossible de mesurer.

Les scientifiques de Karolinska déclarent cependant que l’intelligence du jeu est loin d’être mystique, et qu’elle peut être comprise d’un point de vue scientifique. Au lieu de cela, c’est un exemple de ce que les scientifiques cognitivistes appellent les fonctions exécutives, qui comprennent l’aptitude à être immédiatement créatif, à être capable de trouver de nouvelles solutions aux problèmes, de changer rapidement de tactique et de revoir les comportements passés qui ont montré qu’ils ne marchaient pas.

“Nos cerveaux possèdent des systèmes spécifiques qui traitent l’information juste de cette manière, et nous avons des méthodes validées dans la recherche cognitive pour mesurer la façon dont les fonctions exécutives fonctionnent chez un individu” dit le Dr Predrag Petrovic.

Petrovic et ses collègues ont rapporté dans une étude publiée dans le journal PLoS ONE [1], des tests sur certaines fonctions exécutives chez des joueurs de football de la Ligue 1 de Suède (Allsvenskan) et de Division 1 (juste en-dessous de l’Allsvenskan), totalisant 57 joueurs. Les scientifiques ont trouvé que les joueurs de football des deux groupes réussissaient mieux dans les tests des fonctions exécutives que la population en général. Et ils ont aussi découvert que les joueurs de l’Allsvenskan avaient de meilleurs résultats dans ces tests que les joueurs de Division 1.

L’étude a ensuite comparé les résultats des tests à la performance des joueurs sur le terrain. Les scientifiques ont suivi plusieurs joueurs de football pendant plusieurs années, et ont enregistré le nombre de buts et le nombre d’assistances apportées aux coéquipiers que chaque joueur à fait. De cette façon, chaque joueur était gratifié de points relatifs à sa performance sur le terrain. Il y avait une corrélation claire entre les résultats aux tests des fonctions exécutives et le nombre de points obtenus sur le terrain de football (corrigés de facteurs comme la position et l’âge du joueur).

Il a été montré que les meilleurs joueurs avaient aussi le mieux réussi dans les tests des fonctions exécutives. Ces résultats sont uniques en ce qu’ils reposent sur des tests scientifiquement standardisés. Précédemment, les chercheurs avaient utilisé soit des tests spécifiques dont les résultats étaient impossibles à généraliser, soit avaient étudié précisément comment le fait de faire des têtes avec le ballon pouvait détériorer les aptitudes cognitives.

“Nous pouvons imaginer une situation dans laquelle les tests cognitifs de ce genre deviendraient un outil pour trouver et former de nouveaux joueurs de foot qui réussissent. Nous avons besoin d’étudier s’il est possible d’améliorer les fonctions exécutives par l’entrainement, de façon à ce que cette amélioration s’exprime sur le terrain. Mais il y a probablement un élément héréditaire, et un élément qui puisse être développé par l’entrainement” conclut Torbjörn Vestberg, psychologue faisant partie du groupe de recherche.

Références :

[1] Torbjörn Vestberg, Roland Gustafson, Liselotte Maurex, Martin Ingvar, Predrag Petrovic. Executive Functions Predict the Success of Top-Soccer Players. PLoS ONE, 2012 ; 7 (4) : e34731 DOI : 10.1371/journal.pone.0034731.

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