Selon une étude de l’Université de Californie, les patrons qui sont dépassés sont plus susceptibles de harceler leurs subordonnés. Cela vient de ce que les sentiments d’incompétence les poussent à réprimander tous ceux qui les entourent.

Dans une nouvelle interprétation de l’adage “le pouvoir corrompt”, les chercheurs de Berkeley et de l’USC ont trouvé un lien direct, parmi les superviseurs et le management supérieur, entre l’incompétence qui est auto-perçue et l’agression. Les résultats, tirés de quatre études séparées, ont été publiés dans le journal Psychological Science [1].

Avec tous ces travailleurs qui rapportent que leur patron les ont insultés, leur crient dessus ou les déprécient, cette étude remet en cause les hypothèses précédentes déclarant que les patrons abusifs sont seulement poussés par l’ambition et ce besoin de faire la preuve de leur pouvoir.

“En montrant quand et pourquoi le pouvoir mène à l’agression, ces résultats sont très pertinents car la supervision abusive est un problème persistant dans la société” dit Nathanael Fast, professeur assistant de management et d’organisation et auteur de l’étude.

Pendant les séances de jeux de rôle, les participants de l’étude qui sentaient leurs egos menacés, allaient aussi loin que saboter inutilement les chances du subordonné de gagner de l’argent. Dans un autre test, les participants qui se sentaient incompétents exigeaient qu’un subordonné ayant donné une mauvaise réponse à un test, soit avisé par un odieux klaxon très fort, même s’ils avaient le choix de rester silencieux ou de faire moins de bruit.

Les chercheurs n’ont pas évalué les participants par une mesure objective de compétence, mais par leur niveau de compétence auto déclaré. Ceci leur permettait d’étudier comment les sentiments de valeur propre, d’amour propre, sont liés dans le comportement au travail.

“L’incompétence seule ne conduit pas à l’agression” dit Serena Chen, professeure associée de psychologie à Berkeley et co-auteure de l’étude. “C’est l’association du rôle du pouvoir et de la peur de ne pouvoir assurer face à la tâche qui conduit les détenteurs du pouvoir à agresser verbalement. Et nos données suggèrent que c’est de façon ultime à cause de cet amour propre.”

A contrario, dit Chen, les participants qui ont vu gonfler leur ego en faisant de hauts scores dans l’aptitude de direction, ou qui ont rappelé un incident ou un principe qui les ont fait se mousser, n’ont pas réagit agressivement.

Ceci dit, la flatterie pourrait ne pas être le meilleur moyen de calmer un patron sauvage, fait remarquer l’étude : “Il est intéressant et ironique de noter qu’une telle flatterie, bien qu’elle affirme peut-être l’ego du boss, pourrait contribuer céder entièrement au détenteur de pouvoir incompétent, en lui faisant perdre tout rapport à la réalité” conclut l’étude.

Références :

[1] When the Boss Feels Inadequate : Power, Incompetence, and Aggression. Psychological Science.

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