Une étude publiée dans le British Medical Journal [1] montre que le fait de réduire la quantité de boissons alcoolisées que l’on consomme, même pour les buveurs légers et modérés, peut améliorer la santé cardiovasculaire, diminue le risque de cardiopathies coronariennes, fait baisser l’indice de masse corporelle (IMC) et la tension. Cette étude remet en question les conclusions d’études précédentes qui affirmaient que le fait de consommer un peu d’alcool (entre 18 ml et 24 ml par jour) pouvait avoir un effet protecteur pour la santé cardiovasculaire.
Cette nouvelle recherche a passé en revue plus de 50 études qui avaient associé les habitudes de consommation d’alcool à la santé cardiovasculaire de plus de 260000 personnes. Les chercheurs ont trouvé que les individus qui portaient un gène spécifique qui conduisait à réduire sa consommation d’alcool avec le temps, avaient en moyenne une meilleure santé cardiovasculaire. Plus précisément, les résultats ont montré que les individus qui consommaient 17 % d’alcool de moins par semaine avaient en moyenne 10 % de risque de cardiopathie coronarienne en moins, avaient une tension moins élevée et un indice de masse corporelle plus bas.
“Ces résultats sont très importants pour notre compréhension de la façon dont l’alcool affecte les maladies de cœur. Contrairement à ce que les comptes-rendus précédents ont montré, il apparait que toute consommation d’alcool a un impact négatif sur la santé cardiovasculaire” explique Michael Holmes, l’auteur de l’étude. Dans le passé, des études d’observation ont suggéré que seule une grosse consommation d’alcool était nocive à la santé cardiovasculaire, et qu’une consommation légère pouvait être bénéfique.
Ces études ont ravi les viticulteurs, les œnologues et les vendeurs de vins, et elles ont poussé les gens à croire que boire modérément pouvait faire baisser leurs risques de maladies de cœur. Pourtant, ce qui a été trouvé dans cette étude, qui a eu recours à une approche d’investigation similaire à celle d’une étude randomisée, est qu’une consommation réduite d’alcool, même pour des buveurs légers ou modérés, pouvait avoir comme conséquence d’améliorer leur sante cardiovasculaire.”
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné la santé cardiovasculaire d’individus qui étaient porteurs d’un allèle génétique du gène de “l’alcool déshydrogénase 1B”, qui est connu pour décomposer plus rapidement l’alcool. Cette décomposition rapide provoque des symptômes désagréables comme des nausées et des rougissements du visage, et on a découvert que cela provoquait chez eux une baisse de la consommation d’alcool avec le temps. En utilisant ce marqueur génétique comme indicateur d’une consommation plus faible d’alcool, l’équipe de recherche a été en mesure d’identifier les liens entre ces individus et une meilleure santé cardiovasculaire.
Références :
[1] Association between alcohol and cardiovascular disease : Mendelian randomisation analysis based on individual participant data. BMJ, 2014 ; 349 (jul10 6) : g4164 DOI : 10.1136/bmj.g4164.