Deux recherches, de l’Université de l’Indiana, ont examiné l’influence des vêtements de compression sur la performance athlétique et ont trouvé peu d’influence.

Les chaussettes de contention/compression

L’étude de Laymon [1] a découvert que les habits de contention n’impactaient pas la consommation d’oxygène des coureurs, ce qui signifie qu’il n’y avait aucun changement de l’économie ni de l’efficacité de la course. L’étude a également trouvé que les vêtements de compression pour les mollets n’avaient pas d’effet sur la mécanique de la course à pieds.

Laymon a examiné des chaussettes/mi-bas de contention fabriquées sous la marque Zensah, une chaussette haute de compression qui va de sous la cheville jusque sous le genou, et notamment l’impact qu’elles avaient sur la mécanique et l’économie de la course à pieds. Ces chaussettes de contention, appelées aussi “chaussettes de récupération”, ont gagné en popularité dans le monde professionnel de la course à distance, et ce malgré l’absence de recherche solide confirmant leur utilité.

“Les coureurs longue distance ont d’abord pu les essayer, parce qu’ils avaient vu d’autres coureurs les utiliser avec succès” explique Laymon. “Etant donné que certains coureurs sont un peu superstitieux, ils ont pu continuer à les mettre s’ils avaient fait une bonne course en l’attribuant à la compression.”

Seize coureurs masculins très entrainés étaient les sujets de cette étude. Chaque sujet avait à réaliser deux courses tests de 12 minutes, une avec les chaussettes de compression, et une sans. Durant chaque test, les sujets devaient courir à trois vitesses : une allure de 10,50 minutes par km (5,7 km/h), une de 9,6 mn par km (6,25 km/h) et une de 8,33 mn par km (7,20 km/h). Pendant les tests, les coureurs ont passé 4 minutes à chaque vitesse.

L’économie de la course est la quantité d’énergie dépensée par un coureur pendant un travail donné. La mécanique et l’économie sont liées, le mouvement le plus inutilement exercé tout en courant résultera habituellement en une dépense d’énergie plus grande, dans une économie plus mauvaise. Pour étudier l’économie d’un coureur, Laymon a mesuré la consommation d’oxygène du coureur à trois vitesses de course différentes.

Une consommation faible indiquait une meilleure économie. Les sujets ont couru à chaque vitesse avec et sans les chaussettes de contention. Cependant, l’étude a trouvé que l’économie des coureurs ne changeait pas quand ils portaient le vêtement.

La mécanique des coureurs n’étaient pas affectée. Laymon n’a trouvé aucune différence dans le temps de contact avec le sol, la longueur de l’enjambée ni sa fréquence.

“Les coureurs très entrainés ont un style de course immuable, le changer est donc difficile” dit Laymon. “Typiquement, ils ont déjà sélectionné le style de course qui leur convenait le mieux. Une intervention comme la compression pourrait ne pas les affecter, tout spécialement un niveau de compression vendu en boutique qui est légèrement plus fort qu’une chaussette ordinaire.”

Bien que l’étude en général ait trouvé que le sous-vêtement de compression n’avait pas d’effet sur la mécanique de la course ni l’économie, il y avait certaines variations. Quatre sujets avaient une moyenne plus grande de 1% dans leur consommation d’oxygène (leur économie a empiré), alors qu’ils portaient la chaussette de compression. Laymon a fait compléter un questionnaire par les sujets à propos de leur ressenti sur le vêtement de compression avant de faire le test physique. Il s’avère que les sujets qui avaient vécu une amélioration de leur économie étaient plus susceptibles d’avoir une attitude favorable face à l’habit de compression, et ils croyaient que le fait de le porter améliorerait leur performance de course.

“Avec ces chaussettes de contention et le niveau de compression qu’elles exercent, elles ne semblent pas faire grand-chose” dit-il. “Cependant, il peut y avoir un composant psychologique aux effets de la compression. Peut-être que si vous avez des sentiments positifs à leur sujet et que vous aimez cela, cela pourrait fonctionner pour vous. C’est une réponse très individuelle.”

Les bandes de compression de la cuisse

L’étude d’Eckert [2], quant à elle, a trouvé que les vêtements de compression, ceux qui compressent le haut de la cuisse, n’amélioraient pas les performances des sauts en hauteur. Nombreux sont les fabricants de ce genre de produit qui déclarent que cela augmentera la performance du consommateur.

Il ajoute que “penser qu’il suffit d’ajouter un vêtement pour croire que cela va tout simplement améliorer ses performances semblait être trop beau pour être vrai.”

Le saut en hauteur était l’épreuve utilisée dans cette étude car c’est une évaluation qui est en corrélation avec les autres mesures anaérobiques telles que le sprint. Si quelqu’un porte un short de compression tout en réalisant un saut en hauteur, et qu’il ne saute pas plus haut, alors cela suggère qu’il ne fera pas mieux dans d’autres événements anaérobiques, dit Eckert.

Il déclare qu’il espère qu’à partir de cette étude, les consommateurs seront plus prudents avant d’acheter un habit de compression en ne faisant plus aveuglément confiance dans les déclarations des fabricants.

“Les consommateurs doivent garder à l’esprit que c’est un business, et qu’ils essayent avant tout de vous vendre leur produit” dit-il.

Cependant, les consommateurs ne sont pas les seuls à croire ces allégations sur l’amélioration de la performance. Les responsables de la Fédération Internationale De Natation ont banni les combinaisons totales de compression des Jeux Olympiques de 2012.

L’étude d’Eckert a impliqué 25 hommes, âgés en moyenne de 23 ans et pesant entre 72 et 86 kilos. Les sujets ont réalisé des sauts en hauteur tout en portant le Speedo LZR RACER, un short de compression qui couvre l’individu depuis sa taille jusqu’au genou. Les participants devaient porter trois niveaux de compression différents : un qui allait parfaitement au sujet, un dont la taille était plus petite et un d’une taille supérieure.

L’étude a examiné s’il y avait une différence dans la hauteur des sauts des participants selon les niveaux de compression que portait chaque sportif. Les participants devaient porter chacun des trois niveaux de compression, et ils ont réalisé le saut en hauteur tout en portant chaque bermuda. Leurs sauts étaient alors mesurés pour voir si leur performance avait changé. “Nous avons regardé sous différents angles pour voir si la variabilité changeait, et rien de bien significatif ne s’est passé” dit Eckert. “Ceci établit simplement que les trois niveaux de compression n’apportent absolument rien.”

Références :

[1] Lower Leg Compression Sleeves : Influence on Running Mechanics and Economy in Highly Trained Distance Runners.

[2] Limb Compression Does Not Alter Jump Height Variability During The Vertical Jump.

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