Une analyse des études disponibles réalisée par Cochrane montre que les bénéfices des différentes interventions visant à réduire la position assise au travail sont très incertains.

Des millions de gens à travers le monde travaillent assis derrière un bureau toute la journée, et ces dernières années cela a conduit à augmenter le taux d’inactivité physique sur le lieu de travail. Les experts de la santé ont lancé des alertes en disant que de longues périodes en position assise augmentaient le risque de maladies cardiovasculaires et d’obésité. Il existe différentes approches possibles pour réduire le temps passé assis pendant les heures de bureau. L’une des options qui gagne en popularité est le bureau en position assise ou debout qui permet de travailler dans les deux positions et qui se règle selon la position désirée.

Une équipe de chercheurs de la Cochrane Library a analysé les effets des différentes stratégies visant à encourager les gens à réduire la quantité de temps qu’ils passent assis au travail. Il ont passé en revue vingt études sur le sujet pour un total de 2174 participants aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe. Ces éléments provenaient d’études randomisées ou non [1].

Bien que les bureaux assis-debout soient populaires, les bénéfices potentiels qu’ils apportent pour la santé sont très douteux. Les chercheurs ont trouvé des preuves de qualité très médiocre provenant de trois études non randomisées et des preuves dont la qualité est très faible de trois études randomisées, sur 128 participants, qui ont montré que les gens qui les utilisent s’assoient entre 30 minutes et deux heures de moins que quand ils utilisent des bureaux traditionnels pendant leur journée de travail. Les bureaux assis-debout réduisent aussi le temps total en position assise, à la fois au travail et en dehors du travail, et ils réduisent aussi les durées des périodes assises qui durent 30 minutes ou plus. Cependant, le fait rester plus souvent debout ne produit pas d’effets secondaires dans les études passées en revue, comme des douleurs musculo-squelettiques, des varices ni ne diminue la productivité.

D’autres interventions pour réduire l’inactivité, comme de marcher pendant les pauses au travail, ne changent pas la durée du temps en position assise. Les auteurs ont trouvé des preuves de qualité médiocre qu’une aide ou un conseil venant d’une tierce personne ne produisait qu’une modeste réduction du temps en position assise (environ 30 minutes en moyenne). Les chercheurs ont trouvé un certain nombre de limites dans les études inclues dans cette analyse qui ont fortement réduit leur confiance dans la validité et l’application de leurs résultats. La qualité des preuves était faible pour la plupart des interventions étudiées, notamment parce que les études étaient mal conçues et comprenaient un échantillon de participants trop petit.

Les chercheurs de commenter : “cette revue montre qu’à ce jour, il y a une grande incertitude concernant l’impact à court terme que les bureaux en position debout-assise ont sur la réduction du temps passé assis au travail. Il y a aussi des preuves de qualité assez médiocre sur des bénéfices modestes pour d’autres types d’interventions. Étant donné la popularité de ces bureaux, nous pensons que les gens qui envisagent d’investir de l’argent dans ce genre de mobilier, ainsi que pour les autres interventions couvertes dans cette analyse, devraient être conscients des limites des preuves présentées qui affichent des bénéfices pour la santé. Il faudra plus de recherches pour évaluer l’efficacité des différents types d’interventions visant à réduire le temps assis sur le lieu de travail à court et à long terme. Les preuves s’amélioreront avec des études plus grandes, des suivis plus longs et des recherches venant de pays qui ont un revenu plus faible.”

Ils ajoutent : “il est important que les travailleurs qui sont assis au bureau toute la journée soient motivés pour conserver et même améliorer leur bien-être à la fois au travail et à la maison. Cependant, actuellement il n’y a pas assez de preuves de bonne qualité disponibles pour déterminer si le fait de passer plus de temps debout devant un ordinateur ou un bureau peut réparer les “dégâts” d’un style de vie sédentaire. Le fait d’être debout au lieu d’être assis augmente très peu la dépense énergétique, ainsi nous ne devons pas nous attendre à ce que les bureaux en position debout-assise permettent de perdre du poids. Il est important que les travailleurs et les employeurs soient conscients de cela, pour qu’ils puissent prendre des décisions informées.”

Références :

[1] Shrestha N, Kukkonen-Harjula KT, Verbeek JH, Ijaz S, Hermans V, Bhaumik S. Workplace interventions for reducing sitting at work. Cochrane Database of Systematic Reviews, 2016, Issue 3. Art. No. : CD010912.

A lire également