Passer plus de deux heures par jour devant le petit écran augmente le risque de maladie cardiaque.

Selon une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology [1], le fait de rester passif trop longtemps devant la télévision, ou un écran d’ordinateur, augmente dramatiquement le risque de maladie cardiaque et de mort prématurée toutes causes, et peut-être même que la quantité d’exercice que l’on fait ne change rien à la donne.

Des données ont montré que comparés aux personnes qui passent moins de deux heures par jour devant un écran pour se divertir, comme regarder la télévision, utiliser un ordinateur ou jouer aux jeux vidéo, ceux qui consacrent plus de quatre heures à ces activités ont plus de deux fois plus de risques de vivre un événement cardiaque majeur impliquant une hospitalisation, un décès ou les deux.

Cette étude, qui a examiné l’association entre le temps passé devant un écran et les événements non fatals tout comme les accidents cardiovasculaires fatals, suggère aussi que des facteurs métaboliques et des inflammations pourraient expliquer en partie le lien entre une station assise prolongée, et les risques pour la santé cardiovasculaire.

“Les individus qui passent trop de temps devant un écran, principalement à regarder la télé, sont plus susceptibles de décéder de toute cause, et de souffrir de problèmes associés au cœur” dit le Dr Emmanuel Stamatakis de l’Université de Londres. “Notre analyse suggère que deux heures, ou plus, d’écran par jour pourrait mettre quelqu’un dans un risque plus grand de subir un accident cardiaque.”

En fait, comparés à ceux qui passent moins de deux heures par jour à jouer devant un écran, il y avait une augmentation du risque de 48% de la mortalité toute cause chez ceux passant quatre heures ou plus par jour, et une augmentation de 125% approximativement du risque d’événement cardiovasculaire chez ceux qui passaient deux heures ou plus par jour. Ces associations étaient indépendantes des facteurs de risques traditionnels comme le tabagisme, l’hypertension, l’IMC, la classe sociale tout comme l’exercice.

Les résultats ont poussé les auteurs à demander une modification des recommandations de santé publique en ce qui concerne la position assise de loisir (définie comme étant les heures sans travail), car beaucoup d’adultes actifs passent de longues périodes inactifs devant un écran ou la télévision.

“C’est une question d’habitude. Nombreux sont ceux qui ont appris à rentrer à la maison, à allumer la télévision et à rester assis de nombreuses heures, c’est commode et si facile. Mais faire cela est mauvais pour le cœur et notre santé en général” dit le Dr. Stamatakis. “Et selon ce que nous savons, ces risques sanitaires pourraient ne pas être réduits par l’exercice, une découverte qui souligne le besoin urgent, pour les recommandations de santé publique, d’inclure une limite à la position assise de loisir et les autres comportements sédentaires, en plus d’améliorer l’activité physique.”

Des médiateurs biologiques semblent aussi jouer un rôle. Les données indiquent qu’un quart de l’association entre le temps passé devant un écran et les épisodes cardiovasculaires était expliqué collectivement par la protéine C-réactive, l’indice de masse corporelle et le cholestérol HDL, suggérant que l’inflammation et la dérégulation des lipides pourraient être l’une des voies par lesquelles la position assise prolongée augmente le risque d’accident cardiovasculaire.

La protéine C-réactive, qui est un marqueur connu de l’inflammation inférieure, était approximativement deux fois plus élevée chez les personnes qui passaient plus de quatre heures assises devant un écran par jour, comparées à celles qui y passaient moins de deux heures par jour.

Le Dr. Stamatakis déclare que la prochaine étape sera d’essayer de découvrir ce que provoque la station assise prolongée dans le corps humain à court et à long terme, et si l’exercice pouvait atténuer ces conséquences et comment, ainsi que le moyen de modifier son style de vie pour réduire la position assise et augmenter le mouvement et l’exercice.

La présente étude comprenait 4512 adultes qui ont répondu à l’enquête Scottish Health de 2003, une grande enquête représentative des ménages. Un total de 325 décès toutes causes et 215 événements cardiovasculaires sont survenus durant une moyenne de 4,3 années de suivi.

La mesure du temps passé devant un écran comprenait l’action de regarder la télévision, de jouer à des jeux vidéo et le temps passé devant un ordinateur pour le plaisir. Les auteurs ont aussi inclus de multiples mesures pour neutraliser la possibilité que des personnes malades passent plus de temps devant un écran. Les auteurs ont exclu ceux qui avaient rapporté avoir déjà vécu des problèmes cardiovasculaires, et ceux qui sont décédés durant la première des deux années de l’étude, au cas où leur décès aurait été causé par une maladie sous-jacente déjà existante qui les aurait forcés à rester enfermés chez eux, et à regarder plus souvent la télévision. Le Dr. Stamatakis et son équipe ont aussi ajusté les analyses pour prendre en compte les indicateurs d’une santé médiocre (par ex. les diabètes, l’hypertension, etc.).

Références :

[1] Screen-Based Entertainment Time, All-Cause Mortality, and Cardiovascular Events : Population-Based Study With Ongoing Mortality and Hospital Events Follow-Up. J. Am. Coll. Cardiol., Jan 18, 2011 ; 57 : 292 – 299.

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