L’augmentation du taux d’obèses et d’individus en surcharge pondérale signifie tout simplement que les Français, et les Occidentaux, avalent trop de calories. Mais les compter peut être très complexe.
Nous autres, êtres humains, sommes conçus pour aimer la nourriture. Il n’y a pas de doutes là-dessus. À travers l’histoire de l’humanité, le fait de désirer des calories était une bonne chose, plus était mieux.
Mais le monde a changé. L’obésité est désormais l’un des soucis sociaux majeurs de santé publique. L’Organisation Mondiale de la Santé a estimé que 1,6 milliard de personnes sont actuellement en surpoids. Sur ce nombre, environ 400 millions sont obèses.
Les causes du problème sont complexes et comprennent tout depuis les facteurs socioéconomiques et le marketing (parfois manipulatoire) des sociétés agroalimentaires et des fast-foods, jusqu’au fait d’avoir les mauvais gènes ! Mais une chose est certaine : il y en a trop qui avalent trop de calories. Étant donné cette triste réalité, y a-t-il de la place pour une campagne nationale d’éducation sur les calories ? Ceci afin d’être mieux armés sur nos besoins en calories, sur ce que l’on brûle et consomme en calories ? Certainement…
Dit simplement, l’obésité résulte de l’accumulation et du stockage des calories en excès sous forme de graisse dans le corps. Tandis que notre dépense calorique maximale, même pendant que nous faisons de l’exercice intense, n’est que de quelques calories par minute, il est beaucoup plus facile de boire ou de manger des centaines, voire des milliers, de calories en une minute. Ainsi, malgré une diminution de l’activité physique et l’augmentation de la sédentarité, l’obésité est largement un problème de “calories qui entrent” plutôt qu’un problème de “calories qui sortent”.
Malgré les incitations pour faire en sorte que les Français soient plus actifs, il est loin d’être évident que cette stratégie aura un impact sur les taux d’obésité. En effet, une recherche aux États-Unis n’a pas montré d’association entre le poids du corps des enfants et leur participation à différents sports.
Une partie du problème vient d’une profonde confusion sur les calories. En général, nous sommes plutôt perplexes à propos de ce que nous avons besoin de manger et sur le nombre de calories présentes dans les aliments que nous avalons. Des études ont montré que les gens sous-estiment le nombre de calories dans la nourriture de presque 100% ! Une étude Canadienne a trouvé que seul un canadien sur 10 estime correctement les calories présentes dans une salade typique d’un déjeuner (environ 1200). Deux personnes sur trois pensaient que cette salade contenait moins de 1000 calories. Et presque une sur deux pensait que c’était un bon choix “faiblement calorique”. Une sur trois croyait que le fait de manger un repas comme ça tous les jours ferait perdre du poids.
Étant donné les messages contradictoires dont nous sommes bombardés à propos des calories et de la perte de poids, il n’est pas surprenant qu’une telle confusion existe. De gros titres comme “la crème glacée et le bacon, de nouveaux super-aliments ?” ou bien “manger du chocolat peut vous faire maigrir” n’aident pas à y voir plus clair. Pas plus que les histoires qui répètent ces mythes à propos des aliments et des compléments alimentaires qui auraient le pouvoir de faire perdre du poids sans restriction calorique.
Tout ce bruit populaire et cette désinformation alimentent la croyance selon laquelle le régime alimentaire est un domaine incroyablement complexe de la vie.
Bien que les emballages alimentaires affichent une information détaillée des calories du produit, peu de monde est capable de calculer le nombre exact de calories dans une brique de soupe. Malgré cette absence de compétence de calcul des calories, la même recherche canadienne avait trouvé que 9 canadiens sur 10 pensent que les restaurants devraient délivrer plus d’information nutritionnelle, dont les calories, disponible et clairement visible sur le lieu de vente.
Mais saura-t-on seulement quoi faire de ces chiffres ? Cela va-t-il avoir pour conséquence des modes de consommation plus raisonnables ? Ou le fait de se focaliser sur les calories va-t-il créer davantage de problèmes de santé, comme de favoriser les troubles alimentaires ? Certaines personnes vont-elles utiliser cette information de façon paradoxale, en donnant une valeur fiduciaire aux calories ?
Le plus important est d’abord de simplifier le message.
Il faut favoriser une compréhension de la quantité de calories dont nous avons besoin. Pour une personne moyenne, c’est environ 2000 calories par jour. Bien entendu, ce besoin varie en fonction de tout un ensemble de facteurs, comme l’âge, le sexe, la masse musculaire, le niveau d’activité physique et la génétique. Mais en général, nous n’avons pas besoin de tous ce que les gens pensent ou du moins consomment. Les enfants n’ont pas besoin de boire de boissons sportives ou énergétique après 40 minutes de football. Et un jogging matinal ne brûle pas assez de calories pour pouvoir se permettre d’avaler ensuite un croissant et un café crème, le total ne sera pas neutre.
Nous avons besoin de mieux comprendre la quantité de calories dans la nourriture. Malheureusement, même si nous adoptons des règles qui facilitent ces objectifs d’éducation, il demeure le défi de la communication. Par exemple, alors que manger moins de calories que ce que nous avons besoin aura pour résultat, au début, de nous faire perdre du poids, notre corps s’ajustera rapidement à cette diminution des calories. Cela aura pour conséquence d’atteindre un “plateau” que chaque personne au régime connait et craint.
Néanmoins, étant donné les profonds défis sociaux et sanitaires apparus avec la surconsommation de nourriture, une campagne nationale d’éducation est indispensable, qui aille au-delà des messages basiques que plus personne ne voit en bas de chaque publicité pour un aliment ou une boisson. Tout le monde bénéficiera d’une meilleure compréhension de ce que sont les calories et de ce qu’elles ne sont pas, d’où elles viennent et où elles vont.
Après tout, les calories sont la “monnaie” de la gestion du poids. Une société mieux éduquée sur les calories favorisera à la fois la santé de l’individu, ainsi que des débats plus éclairés sur les politiques de la santé.