Quand on voit quelqu’un qui fronce les sourcils, qui a les lèvres pincées et les narines dilatées, il est très facile de comprendre qu’il est en colère. Une recherche [1] montre que les êtres humains ont évolué avec une expression de la colère sur le visage qui est universellement reconnaissable, non seulement pour prévenir les autres d’une agression désagréable, mais aussi pour permettre de résoudre les conflits plus rapidement.
Chacun des sept groupes de muscles du visage ont évolué et se contractent pour créer une expression de la colère d’une manière qui donne l’impression que la personne en colère semble physiquement plus forte que les autres individus, par rapport au même visage sans les contractions faciales.
Mais les scientifiques ne sont pas d’accord sur le fait de savoir si la psychologie humaine (telles que les réactions des gens face à un visage de colère) est une conséquence de l’évolution. Les théories dans le domaine de la psychologie évolutionniste sont difficiles à tester, et il y a un vif débat sur le rôle des gènes, de l’apprentissage, de la socialisation et de la culture dans le cadre de la psychologie évolutionniste.
Les chercheurs de cette étude rappellent que des études précédentes avaient montré que la colère avait évolué chez les êtres humains pour faciliter la négociation et le compromis entre les individus. “Même des enfants aveugles font la même expression du visage sans même voir ce que cette expression donne”, explique Aaron Sell, l’auteur principal de l’étude de l’Université Griffith en Australie.
D’autres animaux ont des façons similaires d’afficher un sentiment de colère et d’agression. Par exemple, les babouins montrent leurs crocs aux rivaux, tout comme les chiens. Plus les crocs sont longs, et plus les dommages potentiels qu’un babouin pourrait causer sont importants, et plus le concurrent est susceptible d’abandonner.
“Mais les êtres humains ne combattent pas avec leurs visages” dit Sell, raison pour laquelle les chercheurs voulaient savoir pourquoi ce type d’expression faciale avait évolué. Dans leur étude, les scientifiques ont regardé si l’expression faciale de la colère pouvait accentuer la force d’une personne et, en retour, si cela rendait la personne en colère plus intimidante et capable de causer du mal à autrui.
Les chercheurs ont donc utilisé une image de visage humain générée par ordinateur, et en ont déformé les caractéristiques. Pour le premier test, l’équipe a créé une photo du visage avec les sourcils froncés, qui est une des caractéristiques d’un visage en colère, et une autre photo avec les sourcils surélevés, et ils ont demandé à 141 participants de juger quel visage semblait être physiquement plus fort.
Ils ont découvert que cette modification au niveau des sourcils ne rendait pas un visage comme étant “en colère” pour les autres personnes, mais que les gens qui regardaient les photos rapportaient que l’image avec les sourcils froncés signalait que le visage avait l’air d’être celui d’un homme physiquement plus fort.
Les chercheurs ont répété les mêmes étapes pour chacune des caractéristiques d’une expression de colère, y compris les pommettes surélevées (comme lors d’un grognement), les lèvres pincées, la bouche surélevée, les narines dilatées et un menton qui va et qui vient. Ils ont trouvé que quand ils ajoutaient juste une de ces caractéristiques aux visages générés par informatique, les participants de l’étude rapportaient que les visages semblaient physiquement plus forts.
“La colère est provoquée par un refus d’accepter une situation, et le visage s’organise immédiatement lui-même pour avertir l’autre partie des coûts qui peuvent résulter d’un refus de rendre la situation plus acceptable”, explique un chercheur. L’étude montre “qu’aucune caractéristique d’un visage en colère ne semble être arbitraire, ils délivrent tous le même message”, dit-il. Enfin, il faudra d’autres études pour explorer pourquoi ces groupes de muscles précisément constituent une expression de colère.
Références :
[1] The human anger face evolved to enhance cues of strength. Aaron Sell, Leda Cosmides, John Tooby. Evolution and Human Behavior, Volume 35, Issue 5, Sept. 2014, pp 425-429.