Selon une recherche, publiée dans le journal Psychological Science [1], le fait d’être soucieux et anxieux vis-à-vis de ses relations proches apparait fonctionner à la manière d’un facteur de stress chronique qui peut compromettre l’immunité.
Dans cette étude, des chercheurs ont demandé à des couples mariés de compléter des questionnaires à propos de leurs relations, et ils ont collecté des échantillons de salive et de sang pour tester les niveaux d’une hormone associée au stress ainsi qu’un certain nombre de cellules immunitaires des participants.
La recherche s’est surtout concentrée sur l’anxiété relative à la séparation. Ceux qui se situaient tout en haut du spectre de l’anxiété de la séparation sont excessivement préoccupés par la peur d’être rejetés, et ont une tendance à constamment rechercher d’être rassuré qu’ils sont aimés, et sont plus susceptibles d’interpréter des événements ambigus dans une relation comme étant négatifs.
Des partenaires mariés qui étaient plus impatients d’être aimés produisaient des niveaux plus importants de cortisol, une hormone stéroïdienne qui est libérée en réaction au stress, et ils avaient moins de lymphocytes T, composants importants du système de défense immunitaire qui luttent contre l’infection, par rapport aux participants qui étaient moins anxieux sur l’affection que leurs portent leurs proches.
“Tout le monde est plus ou moins préoccupé par l’affection que nous portent les autres dans ses relations, mais un niveau élevé d’anxiété vis-à-vis de l’attachement aux autres fait référence à des individus qui sont constamment inquiets de cela dans la plupart de leurs relations” explique Lisa Jaremka, auteure principale de l’étude.
Bien que certains scientifiques aient émis l’hypothèse que ce type d’anxiété puisse remonter à un manque d’attention pendant l’enfance, Jaremka note qu’il y a des éléments de preuve scientifiques montrant que les personnes qui ont peur de la séparation peuvent changer. “Ce n’est pas obligatoirement un état permanent de l’existence” dit-elle.
Jaremka et ses collègues ont testé les effets sur la santé de l’anxiété de la séparation sur 85 couples qui ont été mariés pendant une moyenne de plus de 12 ans. La plupart des participants étaient de type européen et âgés en moyenne de 39 ans.
Les participants ont complété un questionnaire sur leurs expériences en ce qui concerne leurs relations proches. Ils ont aussi rapporté leurs symptômes généraux d’anxiété et la qualité de leur sommeil. Les chercheurs ont collecté des échantillons de salive sur trois jours et des échantillons de sang sur deux jours.
Les participants qui étaient les plus anxieux concernant la séparation ont produit en moyenne 11% de cortisol de plus que ceux qui étaient les moins anxieux. Les participants les plus inquiets d’être abandonnés avaient entre 11% et 22% de lymphocytes T en moins que les partenaires les moins inquiets. Quatre marqueurs de lymphocytes T ont été analysés dans cette étude.
Les résultats combinés sont logiques et sont probablement associés, dit la chercheuse, parce que le cortisol peut avoir des effets immunosuppresseurs, ce qui signifie qu’il peut inhiber la production de ces mêmes lymphocytes T. Des recherches antérieures avaient suggéré que des niveaux affaiblis de lymphocytes T pouvaient altérer la réaction immunitaire aux vaccins, et que des faibles niveaux de ces cellules étaient une marque d’un système immunitaire vieillissant.
L’anxiété de la séparation est considérée comme un phénomène associé au développement de l’enfant, dit Jaremka. À un très jeune âge, les enfants apprennent si oui ou non leurs parents/responsables/tuteurs réagiront quand ils sont en détresse. Si les tuteurs sont responsables, les enfants apprendront qu’ils peuvent faire confiance aux autres. Si l’attention est inconsistante ou négligée, les enfants peuvent développer des sentiments d’insécurité qui pourraient se manifester dans de l’anxiété de la séparation plus tard.
Bien qu’elle ne connaisse pas de conseils, reposant sur des recherches, sur la façon d’écarter ces sentiments d’insécurité, elle ajoute que les gens peuvent changer. “La plupart de la recherche qui existe dans ce domaine confirme l’idée que le fait d’être très attentif, aimant, proche dans ses relations pourrait être un catalyseur pour changer en devenant moins anxieux” dit-elle.
Références :
[1] L. M. Jaremka, R. Glaser, T. J. Loving, W. B. Malarkey, J. R. Stowell, J. K. Kiecolt-Glaser. Attachment Anxiety Is Linked to Alterations in Cortisol Production and Cellular Immunity. Psychological Science, 2013 ; DOI : 10.1177/0956797612452571