Les gens font quantité de choses peu prudentes à la nouvelle année. Ils boivent trop, embrassent des personnes que leur raison leur recommanderait d’éviter et sortent jusqu’à une heure tardive de la nuit. Mais ils prennent aussi de bonnes résolutions pour la nouvelle année.
Environ la moitié d’entre nous prenons de bonnes résolutions pour l’année à venir tous les ans [1]. Cela concerne habituellement des choses comme maigrir, faire du sport, arrêter de fumer, moins dépenser, travailler à l’obtention d’un diplôme ou résoudre des problèmes sources de troubles relationnels. La publicité maitrise bien cette tendance, car au bon moment, vers la fin et le début de chaque année, nous sommes bombardés de pubs conçues pour attirer l’attention de ceux qui veulent changer quelque-chose d’important dans leur vie.
Malheureusement, il est pratiquement certain que la plupart d’entre nous n’arriverons pas à nous en tenir à ces bonnes résolutions de début d’année, du moins si cet échec est évalué dans un sens absolu. D’après une étude, 78% des gens n’ont pas réussi à adhérer à leurs résolutions de la nouvelle année [2]. Alors pourquoi est-ce si difficile, et que pouvons-nous faire pour y remédier ?
L’un des problèmes avec les résolutions de la nouvelle année est qu’elles sont justement prises au Nouvel An. Les gens veulent avoir une raison externe – peut-être même une excuse – pour se réinventer eux-mêmes. Il est difficile de changer, ainsi est-il tentant d’avoir recours à un facteur extérieur – le début d’une nouvelle année – pour se concentrer sur notre désir de changer. Mais le fait est qu’utiliser la nouvelle année pour nous pousser à nous bouger pourrait indiquer que nous ne sommes pas réellement capables de “travailler” dur pour changer. En effet, tout le battage autour de la nouvelle année pourrait signifier que nous sommes trop ambitieux et peu réalistes.
Ainsi, peut-être que le premier conseil pourrait être : si vous voulez faire quelque-chose, n’attendez pas la fin de l’année et le Nouvel An, et ne soyez pas trop ambitieux ni irréaliste.
Richard Wiseman [3] (professeur de psychologie qui a étudié les résolutions de la nouvelle année, et donné des conseils sur la façon de s’y tenir), a découvert que les gens qui n’arrivaient pas à respecter leurs résolutions tendaient à vouloir trop se reposer sur leur volonté et à supprimer leurs envies, ils fantasmaient sur ce qui se passerait s’ils y arrivaient, et pensaient au mauvais côté d’un échec. Malheureusement, cela ne semblait pas marcher.
La volonté seule n’est pas très utile, et le fait de penser au mauvais côté d’un échec pourrait seulement décourager les gens (surtout s’ils ne sont pas parfaits tout le temps). D’un autre côté, Wiseman a découvert que les gens tendaient à réussir un peu mieux s’ils se fixaient des objectifs atteignables, en les décomposant en étapes réalisables, en disant à leurs amis ce qu’ils planifiaient de faire, et s’ils se récompensaient eux-mêmes pour leur réussite. Il est aussi très important d’être bien conscient que nous faisons de temps à autre des erreurs. Les individus qui réussissent à réaliser leurs bonnes résolutions tendent à accepter ce fait.
Ceci est logique. Imaginez la recette d’une résolution désastreuse de la nouvelle année. Vous essayez de perdre du poids depuis des années. Vous avez toujours échoué. Mais cette année vous allez attendre jusqu’au 31 décembre en espérant que des connotations culturelles vous aideront à y arriver cette fois-ci. Vous êtes déterminé(e) à y travailler très dur. Imaginez comme ce serait bien d’être plus mince et en bonne forme physique, en vous punissant vous-mêmes avec des images d’obésité. Vous pourriez même acheter un régime alimentaire spécial, un abonnement dans un club de sport, un tapis de course ou une planche à abdominaux, en vous fixant des objectifs ambitieux pour y arriver. Et bien, en pratiquant de la sorte, vous êtes pratiquement voué(e) à l’échec !
Il vaudrait mieux commencer par se soucier de son poids et de sa santé dès que l’on a l’idée de prendre une bonne résolution. Il n’y a aucune raison particulière pour attendre. Des objectifs réalisables – diminuer les gâteaux et réduire son poids d’une quantité réaliste – seront plus utiles.
Nous faisons souvent des promesses en public, parce que nous tendons à être légèrement plus susceptibles de nous tenir aux engagements publics. Ainsi, il faut dire à ses amis qu’on a décidé de réduire ou d’arrêter les gâteaux et d’aller à la salle de sport. Après une semaine de sport, il faut se récompenser soi-même, bien entendu pas forcément avec une énorme crème glacée, mais en s’achetant une nouvelle paire de chaussures par exemple.
Peut-être le plus important, il faut se rappeler que nous faisons parfois une entorse à nos résolutions. Si nous réagissons à ces écarts mineurs par un découragement inapproprié, alors nous serons poussés à abandonner. Si nous nous reposons seulement sur la volonté, nous allons au-devant de graves problèmes. Mais si vous vous rappelez que vous progressez par étapes, et qu’en moyenne cette progression est réelle, alors vous aurez plus de chances de réussir.
Ceci montre que les résolutions de la Nouvelle Année sont probablement exagérées. Des plans raisonnables pour résoudre des problèmes importants peuvent être faits toute l’année, et peuvent être plus couronnés de succès. Il y a des trucs qui permettent probablement de mieux y arriver, mais le meilleur conseil, pour éviter de ne pas tenir ses résolutions du Nouvel An, est justement de ne pas en faire au Nouvel An.
Références :
[1] J Clin Psychol. 2002 Apr ;58(4):397-405. Auld lang syne : success predictors, change processes, and self-reported outcomes of New Year’s resolvers and nonresolvers. Norcross JC, Mrykalo MS, Blagys MD.
[2] Psychologists seek key to successful new year resolutions. The Guardian.
[3] How To Keep Your New Years Resolution.