Pour certaines affections médicales, les placébos qui sont affichés comme tels fonctionnent aussi bien que ceux qui avancent masqués. Comme des psychologues des universités de Bâle et de Harvard l’ont publié dans le journal Pain [1], le raisonnement qui accompagne la prescription de ces placebos joue un rôle important.

La réussite d’un traitement pour certaines affections physiques et psychologiques peut être expliquée dans une certaine mesure par l’effet placebo. La question cruciale dans ce domaine est de savoir comment cet effet peut être exploité sans pour autant mentir aux patients. Des études empiriques récentes ont montré que les placebos qui sont ouvertement administrés ont des effets cliniquement significatifs sur des affections physiques telles que les maux de dos, le syndrome du côlon irritable, les migraines épisodiques et les rhinites.

Une crème pour soulager la douleur

Des chercheurs des universités de Bâle et de Harvard ont comparé les effets d’une prescription de placébos ouvertement déclarés comme tels et d’autres qui étaient masqués. L’équipe de chercheurs a réalisé son étude sur 160 volontaires en bonne santé qui ont été exposé à une source de chaleur de plus en plus forte sur leur avant-bras. On a demandé aux participants de dire quand ils voulaient que la chaleur arrête d’augmenter dès lors qu’ils ne pouvaient plus la supporter. Après cela, on leur a donné une crème pour soulager leur douleur.

Certains des participants ont été dupés durant l’expérience : on leur a affirmé que la crème qu’on leur avait délivrée possédait un ingrédient actif pour soulager la douleur, de la lidocaïne, bien que cette crème était en fait un pur placebo. D’autres participants ont reçu une crème qui était clairement étiquetée comme étant un placébo, mais on leur expliquait pendant quinze minutes comment fonctionnait l’effet placebo, son apparition et ses mécanismes. Un troisième groupe a pris un placebo affiché comme tel mais sans aucune explication.

Les sujets des deux premiers groupes ont rapporté avoir ressenti une diminution importante de l’intensité de la douleur et des désagréments causés par la chaleur après l’expérience. Les scientifiques déclarent que l’hypothèse selon laquelle les placebos ne fonctionnent que quand ils sont administrés en dupant les gens doit être reconsidérée.

Plus de douleur sans explications

Lorsque des explications détaillées sur le fonctionnement de l’effet placebo et ses effets n’étaient pas données, comme avec le troisième groupe, les sujets ont rapporté avoir une douleur beaucoup plus intense et plus désagréable. Cela montre le rôle crucial du raisonnement qui l’accompagne et de la communication quand on délivre un placebo. L’aspect éthiquement problématique des placebos, la duperie, ne semble donc pas si différent d’une explication transparente et convaincante. Les auteurs de l’étude de conclure que le fait d’administrer ouvertement un placebo offre de nouvelles possibilités pour leur utilisation d’une façon qui soit éthiquement plus justifiable.

 Le mystère du placebo. Patrick Lemoine.

Références :

[1] Is the rationale more important than deception ? A randomized controlled trial of open-label placebo analgesia. PAIN (2017).

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