Une étude publiée dans Lancet Diabetes & Endocrinology [1] montre que contrairement aux recommandations alimentaires habituelles, le fait de maigrir lentement et régulièrement ne permet pas de mieux contrôler son poids et de ne pas moins regrossir ensuite comparé à une perte de poids rapide.
Cette étude de chercheurs de l’Université de Melbourne a examiné si une perte de poids à un rythme plutôt lent, comme cela est souvent recommandé partout dans le monde, avait pour résultats une perte de poids plus importante sur le long terme, et une reprise de poids moins conséquente, que le fait de maigrir à un rythme initial plus rapide chez des individus obèses.
L’étude Australienne a inclus 200 adultes obèses (IMC à 30 – 45kg/m²) qui ont été répartis au hasard soit dans un programme d’amaigrissement rapide de 12 semaines consistant en une alimentation très faible en calories (450 – 800 kcal/jour), ou bien dans un programme d’amaigrissement graduel sur 36 semaines. Ce dernier programme a diminué l’énergie ingurgitée par les participants d’environ 500 kcal/jour en respectant en cela les recommandations habituelles en matière de régime. Les participants qui ont perdu plus de 12,5% de leur poids de corps devaient ensuite suivre un régime alimentaire de maintien de leur poids pendant 3 ans.
Ceux qui ont perdu du poids le plus rapidement étaient plus susceptibles de réussir à atteindre l’objectif : 81 % des participants du groupe ayant rapidement maigri ont perdu ≥12.5 % de leur poids de corps contre 50 % dans le groupe qui a maigri plus lentement. Les chercheurs ont découvert que le rythme de départ de la perte de poids ne modifiait pas la quantité ni le rythme de reprise des kilos chez ces patients après qu’ils soient entrés dans la phase de maintien de leur poids, car le même poids a été repris au bout de 3 ans chez ceux qui avaient maigri et qui avaient suivi l’un ou l’autre type de régime. Leur reprise de poids était à environ 71 % dans les deux groupes après 3 années.
Selon l’auteure de l’étude, Katrina Purcell, diététicienne de l’Université de Melbourne : “dans le monde entier, les recommandations sont de maigrir graduellement pour traiter l’obésité, ce qui reflète la croyance largement partagée selon laquelle le fait de maigrir rapidement fait aussi regrossir plus vite. Cependant, nos résultats montrent que l’objectif d’une perte de poids de 12,5 % est plus fréquemment atteint, et les abandons plus faibles, si la perte de poids est réalisée rapidement.”
Les auteurs proposent un certain nombre d’explications possibles pour leurs résultats. La consommation limitée de glucides des régimes très faibles en calories pourrait favoriser une satiété plus importante, ainsi qu’une consommation plus faible d’aliments causée par une cétose [2]. Le fait de perdre rapidement du poids pourrait aussi motiver les participants à persister dans leur régime et à obtenir de meilleurs résultats.
Cette étude indique que pour ce qui est de maigrir, l’approche qui consiste à maigrir lentement et régulièrement ne l’emporte pas toujours, et le mythe selon lequel un amaigrissement rapide est associé à une reprise de poids tout aussi rapide n’est pas plus vrai que la fable d’Ésope. Le personnel médical devrait garder à l’esprit que les différentes approches pour maigrir peuvent convenir à différentes personnes pour la gestion de leur poids, et que les efforts visant à modérer leur amaigrissement pourraient aussi freiner leur réussite ultime.