Selon une recherche, l’appréciation par les femmes de leur corps n’est qu’indirectement connectée à leur indice de masse corporelle (IMC).

L’étude suggère que la plus puissante influence sur l’appréciation de leur corps par les femmes est l’importance qu’elles portent à la façon dont les autres les perçoivent. D’un autre côté, plus les femmes sont en mesure de se focaliser sur le fonctionnement interne de leur corps, ou la façon dont leur corps fonctionne et ce qu’elles ressentent plutôt que sur leur apparence, et plus elles apprécieront leur propre corps. Et plus une femme apprécie son corps, plus elle est susceptible de manger intuitivement, en répondant à sa faim et satiété plutôt qu’à des émotions ou à la simple présence de nourriture.

“Les femmes qui se focalisent plus sur la manière dont leur corps fonctionne, et moins sur leur apparence vis-à-vis des autres, auront une image plus saine, plus positive de leur corps, et une tendance à manger selon leurs besoins corporels plutôt que selon ce que la société leur impose” dit Tracy Tylka, professeur de psychologie à l’Université de l’Ohio et auteure de l’étude.

D’autres études ont suggéré qu’environ 50% des femmes appréciaient leur corps. Cette étude, publiée dans le Journal of Counseling Psychology [1], vise à examiner comment elles arrivent à cette satisfaction de leurs corps, et comment elles évitent tout piège qui pourrait interférer avec leur pensée positive.

Enfin de compte, cela se réduit au respect. Si les femmes traitent leur corps aussi bien, par l’alimentation, par des examens de santé et le sport par exemple, elles doivent d’abord aimer leur corps.

“Et il s’avère que nous regardons si les autres acceptent nos corps pour déterminer si nous nous apprécions nous-mêmes” dit Tylka. “Ce n’est pas notre poids, mais au lieu de cela si les autres de notre réseau social nous apprécient. Cela implique que les gens devraient moins juger et moins de focaliser sur le poids.”

Tylka a créé ce qu’elle nomme un “modèle d’acceptation” qui servait de référence aux autres chercheurs et cliniciens à propos des facteurs qui influencent la façon dont les femmes apprécient leur corps et mangent intuitivement. Elle a d’abord fabriqué le modèle avec des informations venant d’étudiantes, puis l’a élargi dans son étude après avoir étudié des femmes âgées de 18 à 65 ans.

Les femmes qu’elle a étudiées étaient séparées en trois groupes : celles de 18 à 25 ans, de 26 à 39 ans et de 40 à 65 ans. Un total de 801 femmes a participé à l’enquête.

Les chercheurs ont posé des questions aux femmes à propos de la perception des soutiens sociaux qu’elles recevaient de leurs différentes relations ; si elles croyaient que leurs corps étaient acceptés par leurs proches, tout comme par la société et les médias ; si elles étaient plus préoccupées par la façon dont leur corps fonctionnait et moins par leur apparence ; comment elles se sentaient à propos de leur corps et si elles mangeaient intuitivement.

Pour la plupart, les chemins vers l’appréciation du corps et l’alimentation intuitive sont les mêmes dans tous les groupes d’âges adultes. Les femmes qui perçoivent qu’elles ont un fort soutien social en retour croient que les autres acceptent leur corps. Cette perception leur permet d’être moins concernées par leur apparence physique, et plus par la façon dont fonctionne leur corps, ce qui encourage l’appréciation de leur propre corps et une approche plus saine de l’alimentation.

Mais certaines différences émergent dans cette étude, tout spécialement avec l’ajout de l’IMC comme facteur d’influence. L’IMC seul n’était pas directement associé à la façon dont les femmes ressentaient leur corps.

“L’association de l’IMC avec le corps est gérée par la manière dont nous percevons l’acceptation de nos corps par les autres” dit Tylka. “Ainsi, si les femmes sont grosses, elles peuvent avoir une bonne image de leur corps si elles ne perçoivent pas que ceux qui leur sont chers essayent de changer la forme de leur corps ou poids, et au lieu de cela les acceptent comme elles sont. Et vice-versa, si les femmes ont un IMC faible, elles pourraient avoir une image médiocre de leur corps si elles perçoivent que des gens influents n’acceptent pas leur apparence, mais pas à cause de leur poids.

“L’une des implications cliniques est d’éduquer les partenaires, la famille, les amis et les médias sur l’importance d’accepter les corps des autres, et d’arrêter de critiquer les gens sur leur physique et apparence.”

L’IMC affectait les modes d’alimentation dans les deux groupes de femmes les plus âgées. Pour les femmes entre 26 et 65 ans, celles qui avaient un IMC élevé étaient moins susceptibles de manger selon leur faim physiologique et les signaux de satiété. Pour les femmes plus jeunes, il n’y avait pas de relation entre l’IMC et l’alimentation intuitive.

“Cela pourrait vouloir dire que les gens qui sont les plus lourds ressentent la pression des autres pour perdre du poids, et c’est ce qui les pousse à se mettre au régime, ce qui fait qu’ils prêtent moins attention aux signaux internes” dit Tylka. “Peut-être qu’avec le temps, les femmes les plus grosses commencent à se méfier de leur corps, même quand elles sont réellement affamées et rassasiées.”

Les femmes appartenant aux groupes d’âges les plus vieux étaient plus susceptibles de penser que les autres n’acceptaient pas leurs corps si elles étaient grosses. Tylka déclare que ses résultats suggèrent que la prise de poids qui accompagne souvent l’âge chez les femmes fait que les femmes perçoivent que les autres n’acceptent pas leur corps tel qu’il est, que ce soit vrai ou non.

Les femmes âgées entre 26 et 39 ans étaient les plus susceptibles de faire une appréciation de leur corps en se focalisant davantage sur la façon dont leur corps fonctionne, plutôt que comment elles apparaissent physiquement.

“Nous pensons que les femmes jeunes adultes sont encore dans leurs années d’enfantement, et si elles suivent cette perspective de ’vois ce que mon corps peut faire’ en ce qui concerne la maternité, elles sont davantage susceptibles d’apprécier leur corps plus que pour leur apparence seulement. Mais quand elles ont dépassé l’âge de la maternité et sont adultes, cette appréciation est moins forte” dit-elle.

Les efforts des amis et de la famille pour encourager une personne à perdre du poids ratent souvent, note Tylka, parce qu’ils tendent à se concentrer sur l’alimentation selon un comptage arbitraire des calories et des tailles de portions – signaux externes -, plutôt que sur ce dont le corps a réellement besoin – la faim réelle et les signaux de satiété.

“Si vous êtes déconnecté des signaux de la faim et de la satiété, et que quelqu’un vous attriste à propos de vous, vous serez plus émotif(ve). Et si vous tendez à manger pour des raisons émotionnelles, vous allez manger et probablement prendre du poids” dit-elle.

Elle ajoute que nous sommes en définitive maitres de nos attitudes. Nous ne voulons pas envoyer de message disant que la seule chose qui compte est que les autres acceptent nos corps. Mais les opinions des autres ont un impact. Et nous avons besoin d’une société dans laquelle les autres cessent de juger leurs semblables sur la base de leur apparence et de leur poids.

Références :

[1] The acceptance model of intuitive eating : A comparison of women in emerging adulthood, early adulthood, and middle adulthood. Augustus-Horvath, Casey L. ; Tylka, Tracy L. Journal of Counseling Psychology, Vol 58(1), 2011, 110-125.

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