Tous ceux qui ont déjà eu un plâtre et qui ont été immobilisés une fois dans leur vie savent que le fait de récupérer sa force musculaire, une fois le plâtre retiré, peut-être parfois quelque-chose de long et de compliqué. Mais des chercheurs de l’Institut Musculo-Squelettique et Neurologique de l’Ohio (OMNI), à l’Université de l’Ohio, ont découvert que l’esprit est quelque-chose de fondamental pour ce qui est de conserver sa force musculaire après une période d’immobilisation prolongée, et que l’imagerie mentale pourrait bien être l’élément clé permettant de réduire la perte musculaire qui lui est associée [1].
La force est contrôlée par un certain nombre de facteurs, dont le plus étudié, et de loin, est le muscle. Cependant, le système nerveux est aussi un élément déterminant et important de la force et de la faiblesse, bien que sa compréhension ne soit pas totale. Brian Clark et ses collègues ont voulu tester quel rôle joue le cortex cérébral dans le développement de la force. Ils ont élaboré une expérience pour mesurer les évolutions de la force du fléchisseur du poignet sur trois groupes d’adultes en bonne santé. Vingt-neuf sujets ont porté un plâtre qui allait du coude jusqu’à la main, et qui immobilisait la main et le poignet pendant quatre semaines. Quinze sujets ne portaient pas de plâtre et servaient de groupe de contrôle.
Parmi le groupe qui avait la main et le poignet immobilisés, la moitié (14) devait régulièrement réaliser un exercice d’imagerie mentale, en imaginant qu’ils contractaient de façon intensive les muscles leur avant-bras pendant cinq secondes, puis qu’ils se reposaient pendant cinq autres secondes. Les participants étaient verbalement dirigés pendant leur exercice d’imagerie mentale avec des instructions à suivre telles que : “imaginez que vous poussez le plus dur possible avec votre poignet gauche, poussez, poussez, poussez … et arrêtez (cinq secondes de repos). Commencez par imaginer que vous poussez de nouveau aussi dur que vous le pouvez, continuez à pousser, continuez à pousser, et stoppez, (cinq secondes de repos).” Cet exercice était répété quatre fois dans une série suivie par une minute de repos, pour faire un total de 13 séries par sessions, et cinq sessions par semaine. Le second groupe n’a pas fait d’exercice d’imagerie.
À la fin de l’expérience de quatre semaines, les deux groupes qui portaient les plâtres avaient perdu de la force dans leurs membres immobilisés comparés au groupe de contrôle. Mais le groupe qui avait réalisé les exercices d’imagerie mentale avait perdu 50% de force de moins que le groupe qui n’avait pas fait ces exercices mentaux (24 % contre 45 % respectivement). La capacité du système nerveux d’activer pleinement le muscle (ce qu’on appelle “l’activation volontaire”) est aussi réapparue plus rapidement dans le groupe qui a fait cette imagerie mentale par rapport à l’autre groupe.
“Ces résultats montrent que les mécanismes neurologiques, qui se situent plus probablement au niveau cortical, contribuent significativement à la faiblesse causée par une sous mobilisation d’un membre, et qu’une activation régulière de ces régions corticales via l’imagerie atténue cette faiblesse et l’activation volontaire en maintenant des niveaux normaux d’inhibition,” explique l’équipe de recherche. “Ainsi, nos résultats montrant que l’imagerie atténue la perte de force musculaire fournissent des preuves en faveur de ce concept en tant qu’intervention thérapeutique pour lutter contre la faiblesse musculaire et favoriser l’activation neurale volontaire.”
Références :
[1] B. C. Clark, N. K. Mahato, M. Nakazawa, T. D. Law, J. S. Thomas. The power of the mind : the cortex as a critical determinant of muscle strength/weakness. Journal of Neurophysiology, 2014 ; 112 (12) : 3219.